Le temps de l’Avent,
fenêtre sur le mystère de l’Incarnation
1er dimanche : Très peu à voir mais beaucoup à entendre
L’Incarnation du Christ à Noël, au fond, c’est très peu à voir. Un couple déplacé par l’administration, une femme qui donne naissance dans la précarité. Rien de plus tragiquement commun en notre monde où tant de familles sont ballottées! Noël, c’est très peu à voir mais beaucoup à entendre, quand, loin des rues illuminées et de la frénésie consommatrice, notre esprit fait silence et adore le Dieu qui a fait ça.
Quoi de plus extraordinaire à entendre que Dieu ait accepté de s’inscrire incognito dans la file d’un recensement voulu par l’empereur Auguste qui se présentait lui-même comme « dieu » et sauveur » Dieu l’a fait.
Quoi de plus extraordinaire à entendre que Dieu, Lui le Créateur et le Seigneur de l’Histoire, ait voulu s’approcher de l’humanité jusqu’à vouloir se glisser dans la peau toute ordinaire d’un petit d’homme ! Dieu l’a fait…
Quoi de plus extraordinaire à entendre que Dieu se soit livré « nu » entre les mains d’une mère qui l’a porté et nourri… comme pour nous dire que Dieu est « un Père aux entrailles de Mère » ! Que Dieu l’a livré « fragile » pour être emmailloté et bercé dans ses bras de femme, comme pour nous dire que nos mains et nos bras à nous sont faits pour mettre Dieu au monde aujourd’hui Eh bien, Dieu l’a fait…
Quoi de plus extraordinaire que les premiers informés de la naissance aient été des bergers, les exclus de la société d’alors car la priorité de son Amour allait d’abord aux pauvres et aux petits ! Dieu l’a fait…
Faisons silence et regardons… Noël, c’est une vie ordinaire appelée à l’extra-ordinaire. C’est la terre qui se laisse toucher par le ciel. Depuis des millénaires qu’Il en rêvait, c’est Dieu lui-même qui embrasse l’homme et toute l’humanité. Il fallait être Dieu pour oser faire cela ! Comment ne pas vibrer à cette joie profonde qui naît du cœur de Dieu et de l’humanité !
Michel Retailleau fc
filsdelacharite.org
Catégories: Lu ailleurs | 29/11/2021
La venue du Fils de l’Homme dit l’Evangile sera précédée d’une série de catastrophes : ruine du temple, guerres, révolutions, épidémies, famines, tremblements de terre…
Le chrétien sait, ou croit savoir, quels sont les dangers qui le menacent. D’abord la tentation, qui est banale et quotidienne et qui exige une vigilance constante ; et la persécution, qui n’est plus exceptionnelle aujourd’hui qu’elle ne l’était aux origines de l’Eglise, même si elle a pris d’autres formes que celle des lions du cirque : opposition à l’exercice de la liberté religieuse, menaces, chantage, ironie et, de plus en plus fréquemment dans certains pays, contrainte violente.
Jésus nous alerte aujourd’hui sur une autre menace, qui se manifeste surtout dans les périodes troublées : le risque de ne plus savoir discerner. Beaucoup viendront sous mon nom en disant « c’est moi », ou encore « Le moment est tout proche ».Ne marchez pas derrière eux. Le danger qui guette le croyant dans les époques de confusion : ne plus savoir distinguer entre le bien et le mal.
Face à cette tentation, le croyant, dans la communion de l’Eglise, doit tenir dans la prière, pour obtenir de l’Esprit saint le don de la lucidité et la fréquentation assidue de la Parole de Dieu, qui est la lumière pour ses pas.
Michel Remaud
Du neuf et de l’ancien p 70-72
Ed Parole et Silence
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 28/11/2021
Nous donnons sans compter. Nous donnons sans compter, dans toutes les acceptions du mot. – D’abord parce que nous donnons sans cesse : nous donnons comme nous respirons, à chaque instant, en toutes circonstances, du matin au soir, et aucun jour ne se passe sans que, d’une manière ou d’une autre, nous n’ayons donné quelque chose à quelqu’un, voire que nous n’ayons parfois « tout donné ».
Nous donnons aussi sans tenir de livre de compte, sans mesure, parce que du moins de donner à perdre, ou du moins de ne pas son temps compter ni sa pensée, ni ses efforts, en sorte qu’on ne tienne tout simplement pas le compte de ses dons.
Nous donnons enfin sans compter, parce que nous donnons le plus souvent sans en avoir une claire conscience, faute de temps et d’attention, tant nous donnons presque machinalement, automatiquement et sans le savoir.
Ainsi l’attitude du don, la posture de donner semble-t-elle au premier abord comme aller de soi, tant son exercice se déploie inconsciemment, sans y penser, ni s’en préoccuper ; l’évidence même du don en rendrait la conscience presque superflue. Du don, il n’y aurait donc plus à discuter, ni à en interroger l’essence, mais simplement à l’accomplir ; il ne donnerait pas de matière à réflexion, matière dont il ne fallait pas prendre conscience, mais fixerait directement une exigence éthique et une obligation sociale. Et s’il présentait pourtant une difficulté, elle consistait non dans sa définition, mais dans son exercice ; car, du don, il n’y aurait rien à dire, mais, comme l’amour, il ne s’agirait que de le faire…
Jean-Luc Marion
La raison du don
Catégories: Lu ailleurs | 7/11/2021
« Ceux que, le Saint béni soit-il, a frappé dans ce monde, il les guérira. Les aveugles seront guéris, comme il est dit : Alors se dessilleront les yeux de l’aveugle (Is 35.5) ; les boiteux seront guéris comme il est dit : alors le boiteux bondira comme un cerf (Is35, 6) ; les muets seront guéris, comme il est dit : la langue du muet poussera des cris de joie (ibd.)
La suite du commentaire n’est pas seulement inattendu, mais semble contredire ce qui précède. Le midrash poursuit en effet : « L’homme part aveugle et revient aveugle, il part sourd et revient sourd, il part muet et revient muet. De même qu’il est parti vêtu, il revient vêtu. »
Le midrash invoque à l’appui de cette dernière précision l’exemple de Samuel, que sa mère avait habillé d’un manteau quand il était encore enfant (I S2.19) et qui était apparu vêtu d’un manteau quand la nécromancienne l ‘avait fait revenir après sa mort à la demande de Saül (1 S 2.19).
Peu importe évidemment qu’ll ne s’agisse pas du même manteau. A travers le rappel de ce détail vestimentaire, le commentaire veut souligner que Samuel continue de porter le même attribut que pendant sa vie.
Pourquoi demande le midrash, les hommes reviendront-ils à la vie dans l’état où ils sont morts ? Pour qu’on ne dis pas que ceux qui reviendront à la vie ne seront pas les mêmes que ceux qui sont décédés. Ces infirmités ne seront pas encore attribuées des signes distinctifs.
C’est pourquoi Dieu les ressuscitera d’abord et ne les guérira qu’ensuite, pour qu’il n’y ait aucun doute sur leur identité et donc sur la réalité de leur résurrection.
Le lecteur familier du Nouveau Testament ne pourra manquer de faire le rapprochement entre ces commentaires et le récit de l’apparition de Jésus après sa résurrection qu’on peut lire dans l’Evangile de Saint Luc : Effrayés et saisis de peur, ils croyaient voir un esprit. Et il leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi des raisonnements montent-ils en votre cœur ? voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi ! (Luc 24,30)
Michel Remaud
Du neuf et de l’ancien p 70-72
Ed Parole et Silence
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 2/11/2021