« Si tu étudies toute ta vie les livres sacrés,
tu n’en seras jamais rassasié, au contraire:
l’exigence d’un approfondissement grandira en toi;
parce que la mesure de la parole de Dieu
est la mesure même de Dieu, c’est à dire l’infini…
Cette parole te porte:
à mesure qu’elle se réalise en toi,
elle te soulève et te dilate de plus en plus;
et finalement, elle occupe toute la place en toi, à sa mesure:
il n’y a plus qu’elle vit en toi.«
Divo Barsotti
Ruth: la parole et l’esprit – ed Téqu
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 6/10/2017
Un récit tout en contrastes
« La parabole de Lazare et du mauvais riche est un discours bâti tout en contraste. Les discours en contraste sont sans doute une manière très juive, très rabbinique, de prêcher (du moins, la Bible nous en donne de maints exemples 3). Clairs, simples, ils ont l’avantage de frapper l’imaginaire, de faire assimiler aisément la leçon. Parce que l’auditeur qui entend le discours en contraste, doit obligatoirement dans sa tête se ranger d’un côté ou de l’autre. Par contre, ces discours possèdent le défaut de leur qualité : ils ne font pas dans la nuance. Rarement, la situation d’un homme est toute blanche ou toute noire, les discours en contraste éclipsent, au profit de l’efficacité, les nuances de gris dont la vie est souvent teintée.
… contrastes ici-bas
Quels sont les contrastes de notre récit? Luc, dans son génie inégalé de raconteur, ne saurait dépeindre situations plus opposées que celles de ces deux hommes. D’un côté, un homme riche, couvert de vêtements de luxe et repus, chaque jour, de festins somptueux; de l’autre, un pauvre, Lazare, couvert de ses plaies, qui, non seulement voudrait bien manger ce qui tombe de la table du riche, mais qui, en quelque sorte, « est mangé » par les chiens qui lui lèchent les plaies! Quand on connaît la répugnance que la Bible a pour cet animal, c’est dire que Lazare est au plus bas de la misère humaine. Remarquez aussi que le pauvre porte un nom, et un nom significatif 4, lui conférant une dignité qui fait défaut au riche qui, lui, reste anonyme. Détail éloquent qui trahit, chez le Jésus de Luc, son option préférentielle pour les pauvres et annonce le retournement des situations dans le Royaume de Dieu. Les deux hommes ne sont égaux que devant la mort qui advient. Pourtant leurs manières de passer « de l’autre côté » contrastent encore.
…contrastes dans l’au-delà
« Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. »
Lazare, ne possédant rien sur terre, est « élevé »; le riche, si attaché durant sa vie aux biens matériels, est « descendu », restant symboliquement lié à la terre. Leur sort, au séjour des morts, se trouve inversé : le fortuné terrestre est en proie à la souffrance, l’infortuné terrestre jouit du bonheur des justes auprès d’Abraham 5.
L’urgence de la conversion
« Alors il cria : ‘Abraham, mon père, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. »
Contrairement à ce que laissait présager le début de la parabole, au séjour des morts, le riche connaît Lazare, le voit enfin et l’appelle par son nom, alors qu’il n’en avait cure lorsque ce dernier gisait, affamé et malade, devant son portail. Luc, en fin raconteur, pousse l’odieux jusqu’à l’extrême, car si Lazare se met soudain à exister pour le riche, ce n’est que pour tenter de le mettre à son service, soulignant encore plus l’égoïsme coupable du riche tourmenté. Mais un abîme infranchissable les sépare définitivement. Notez que ce « fossé » entre Lazare et le riche existait déjà : sur terre, il aurait été franchissable, si le riche avait voulu faire des pas vers son frère. Au séjour des morts, ce fossé, creusé par le riche lui-même, est devenu définitif et irrévocable. On rejoint, par cette image, une idée chère à l’Évangile de Luc, à savoir celle de l’urgence de la conversion, pendant qu’il en est encore temps.
« Abraham répondit : ‘S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. »
La pointe de la parabole réside dans sa finale. À la demande du riche d’envoyer Lazare « ressuscité » dans la maison de ses frères pour les « convertir », Abraham enjoint, non sans ironie, de prendre au sérieux la Parole de Dieu – dans laquelle, bien avant l’Évangile, on entend résonner les appels au partage avec les plus pauvres – au lieu d’attendre des signes extraordinaires. Il est vrai que le signe extraordinaire ne convainc pas nécessairement les cœurs : le signe spectaculaire d’une résurrection d’un certain « Lazare » dans l’évangile de Jean, loin de convertir tout le monde, accélérera plutôt la mort de Jésus (lire Jn 11,45-53). Et la résurrection, encore plus glorieuse, de Jésus n’a pas encore, à ce jour, converti l’ensemble de l’humanité – ou nous-mêmes, chrétiens – à pratiquer la fraternité universelle et le partage des richesses! À bon entendeur d’Abraham, salut! »
Patrice Bergeron, prêtre Bibliste Montréal.
Interbible – 26 septembre 2010
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 25/09/2016
» La fréquentation habituelle de la parole de Dieu
transforme totalement notre sensibilité, notre intuition,
nos choix, notre sagesse,
car cette Parole nous montre amplement
ce qu’elle nous commande de faire. »
Don Guiseppe Dosseti
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 21/08/2016
La lectio divina selon Guerric d’Igny
Annie NOBLESSE-ROCHER
Pasteur de l’Église luthérienne de France
« Les sermons de Guerric lui furent attribués dès la fin du XIIe siècle et furent largement diffusés, car ils furent collationnés dans la plupart des manuscrits avec les œuvres de saint Bernard. Guerric y déploie son expérience spirituelle exprimée en une audacieuse invitation à « la formation du Christ en nous », à travers les fêtes de l’année liturgique et l’écoute de l’Écriture sainte. L’abbé d’Igny y invite ses frères à concevoir en leur cœur le Verbe divin comme une mère conçoit son enfant, le porte et l’enfante : Guerric dispense cet enseignement, en le dispersant à travers l’ensemble de sa collection, comme pour entraîner à sa suite « les amis de l’Époux » sur cette voie d’excellence et les rendre chaque jour plus avides du « lait pur de la Parole ». Par sa fonction, contraint de prêcher, il transmet à ses frères par ce biais son expérience : sa rencontre avec le Verbe divin incarné en Jésus, dans l’un des exercices spirituels prescrits par la Règle bénédictine, la lectio divina. « Lire et relire, mâcher et murmurer, ruminer et réciter, fixer dans l’intelligence et conserver dans le cœur la Parole, pour parvenir non à la discussion (scolastique), non aux sensations (devotio moderna), mais à la prière (oratio) voilà le cœur de la vie du moine, fruit d’une longue tradition patristique… »
Lire l’article: lectio selon Guerric.pdf
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 22/09/2011
« L’écriture entière est comme une lyre ; une corde ne produit pas de son harmonieux par elle-même, mais en union avec les autres ; ainsi chaque passage de l’écriture est en relation nécessaire avec un autre, ou plutôt à un passage s’en réfèrent milles autres. » (saint Bonaventure)
« La lectio divina ou « lecture spirituelle » des Saintes Écritures, consiste à s’attarder longuement sur un texte biblique, le lisant et le relisant en le « ruminant » presque, comme disent les Pères, et à en extraire, pour ainsi dire tout le « suc », afin qu’il nourrisse la méditation et la contemplation et parvienne à irriguer, comme la sève, la vie concrète » (Benoît XVI)
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 2/09/2011
La lectio divina au coeur du monde:
devenir disciple de la parle
par le Père François Martz
« Dieu se donne à lire au travers du grand livre de l’univers. Beaucoup d’hommes et de femmes, chercheurs de Dieu et parfois chrétiens affirmés, sont sensibles aux signes de Dieu dans la Création. C’est parce que Dieu leur fait signe dans l’univers, qu’ils deviennent sensibles à ce que Dieu révèle dans l’histoire des hommes à travers la Torah de Moïse, les prophètes, les sages et finalement dans la personne du Christ.
D’après la tradition chrétienne, Dieu laisse connaître une part de son Mystère : c’est la « Révélation ». Dieu parle au travers des livres de la Tradition chrétienne. Ils sont dits « inspirés » : l’Eglise des premiers siècles a reconnu en eux une Parole de Dieu ou plus exactement des paroles d’hommes inspirés par Dieu. »
Lire l’article LECTIO_DIVINA-F.MARTZ.pdf
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 31/08/2011
LE SACREMENT DE LA LECTIO DIVINA par Bernard Ducruet, osb.
Extrait de Sources vives & 57 – Comment lire la Bible.
La constitution Dei Verbum du Concile Vatican II a remis en honneur la place de l’Écriture Sainte dans la Tradition du Peuple de Dieu avec l’interprétation du magistère de l’Église. Dans son chapitre 6, elle remet les Saintes Écritures au coeur de la vie de l’Église comme constitutive du Peuple de Dieu, en recommandant surtout aux clercs d’en faire la lecture spirituelle assidue et l’étude approfondie.
Le pain de la Parole
La Lecture Sainte a une longue histoire : c’était déjà un procédé de la Synagogue. Dans le livre de Néhémie au chapitre 8, on nous rapporte, au retour de l’exil, la découverte de la Tora qu’Esdras lit au peuple durant sept jours…
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Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 9/08/2011
LA PRIÈRE DU CŒUR
« Née de l’expérience séculaire des moines d’Orient, la prière du cœur est la rumination aimante et savoureuse d’une parole de l’Écriture. Prière de simplicité, elle se veut l’accueil du don de Dieu. La répétition et le rythme qui cadencent cette prière expriment l’humilité et la persévérance de celui qui sait devoir tout attendre de l’Esprit-Saint pour apprendre à prier.
Quand la prière du cœur est véritablement donnée par l’Esprit-Saint, il arrive que la Parole de Dieu se « grave » dans le lieu du cœur. Elle y devient mémoire vivante, souvenir de Dieu et présence habituelle à la présence de Dieu. Ce fond d’union d’amour à Dieu émerge alors parfois en des prières intérieures et spontanées, même pendant le sommeil, où la Parole durablement accueillie parle d’elle-même : c’est le cœur qui prie, sans déclenchement voulu.
La prière du cœur est une manière de ressaisir et de goûter ce que l’on peut appeler plus largement la prière de simplicité, toute une gamme de prières comprenant les litanies et le Rosaire. Trois convictions y sont mises en œuvre :
• la prière est donnée par l’Esprit,
• la prière est une reprise personnelle de la Parole de Dieu,
• la prière est l’ouverture du cœur.
Dans la ligne des Béatitudes, la Vierge Marie est le modèle du cœur humble qui écoute ».
Jean-Claude Sagne ( o.p)
Traité de Théologie spirituelle -Ed Mame/Chalet
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 1/08/2011
Enzo Bianchi: Les difficultés de la lectio divina
Plusieurs décennies sont passée depuis la clôture du Concile Vatican II et depuis la fin de l’exil de l’Écriture hors de la vie quotidienne des croyants catholiques. Depuis lors, la pratique de la lectio divina (=LD) a été apprise et mise en usage par des personnes et des groupes qui y ont reconnu une forme ecclésiale de lecture de la Bible, capable de nourrir et de faire croître la foi. Le temps écoulé a émoussé l’enthousiasme des commencements et a fait émerger la fatigue et les difficultés de ce chemin quotidien d’écoute de la Parole de Dieu à travers la lecture des Écritures. Au terme de ces années, on peut donc tenter une évaluation de certaines des difficultés et des problèmes qui tourmentent plus particulièrement la pratique de la LD.
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 1/02/2010
Comme son nom l’indique, la lectio divina est une lecture dans laquelle Dieu a quelque chose à voir, ou plus exactement à faire, mais non pas sans nous. En effet Dieu est à l’origine, au coeur et au terme de notre lectio... Lire la suite
Catégories: Lectio Divina, Lu ailleurs | 27/10/2009