Voici que Dieu a ressuscité Jésus
le troisième jour…
(Ac 10,40)
Voici… un petit mot employé de multiples façons dans la Bible.
Un mot hébreu « HeN », traduit en grec par « Idou », par les latins « Ecce » et en français par « Voici »…
Ce mot « veut sans doute exprimer un mouvement simple, direct, fort et puissant. Il veut dire le jaillissement imprévu, l’irruption soudaine, l’éclosion de la Vie, comme le Matin ou le Printemps…
« Il faut laisser le mot peser de tout son poids, de tout son « KaVoD » (Gloire), de tout son Mystère, et de toute sa Vie sur notre cœur (au sens biblique).
Il n’est plus question de traduire…
Il est question de silence, d’adoration, de contemplation, d’ouverture et d’accueil, de rencontre mystérieuse et d’union avec l’Eternel-se-donnant : « Voici »
Yves Fauquet – «Voici » dans la Bible
Recherche du MYSTERE DE LA PAROLE sous l’angle d’un MOT inédit. cité dans Bible chrétienne I – commentaires p : 42-43
Catégories: Lu ailleurs | 31/03/2013
« Vous serez pour moi un royaume de prêtres » (Ex 19,6)
Un royaume de prêtres !
Tel est le mot-clé de la thora.
Les hommes s’étaient trompés jusqu’ici
sur le sens du monde :
ils avaient vécu dans l’illusion
d’être les propriétaires de leurs domaines.
Or, les domaines sont à Dieu…
Dieu seul est l’autorité, lui seul est Roi !…
Ce que la thora demande toutefois,
ce n’est pas que le monde s’anéantisse devant Dieu,
mais qu’il se transforme pour l’accueillir,
non pas qu’il renonce à sa vocation physique
mais qu’il l’ouvre au métaphysique.
Le chemin tracé par la thora
ne va pas d’une Cité des hommes
à une Cité de Dieu,
mais dans les seules limites de la vie,
il va de l’isolement de Dieu et des hommes
à leur participation au sein d’une Cité commune.
André Neher – Moïse et la vocation juive
Catégories: Agenda, Lu ailleurs, Non classé | 20/03/2013
« Car Je est un autre »
Arthur Rimbaud – La lettre du voyant
Zundel commenta cette parole lors d’une conférence en octobre 1974:
« Le poète dans la pensée de Rimbaud, si je ne me trompe, le poète doit s’ouvrir à tout l’univers et être l’écho de tout cet univers et ne pas reposer seulement sur son moi individuel. C’est dans la mesure où il symbolise tout l’univers qu’il est un poète .
Donc ici, l’autre, pour Rimbaud, c’est tout l’univers. Il ne le personnalise pas en Dieu, n’est-ce pas ? Enfin c’est déjà une immense ouverture. Et puis, le mot lui-même a une telle puissance dans ce raccourci : « Je est un autre. » C’est évidemment faire exploser les limites du moi individuel en le plongeant dans un moi universel qu’il restera à préciser.
Est-ce qu’on pourrait dire alors aussi bien : « Je est les autres » ?
Non pas « je est les autres », parce que « je est les autres », on peut le dire à condition que dans les autres il y ait l’Autre majuscule, parce que les autres, au niveau de la biologie, sont de la même infirmité que moi-même, et ils n’ont pas plus en eux le fondement de leur dignité que moi.
Je puis … dans un homme déchu, je puis lire la dignité humaine comme une promesse, comme un espoir mais dans sa déchéance, ce n’est pas sa déchéance, c’est sa dignité, mais c’est ce qui peut compenser cette déchéance, la transfigurer par l’avènement d’une présence qui est la même en tous et en chacun, qui fait que tous et chacun ont la même racine et sont un, comme le dit St Paul : « Il n’y a plus ni homme, ni femme, ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre : vous êtes tous un dans le Christ », comme une seule personne : les autres entrent en nous par l’Autre divin qui les habite comme nous-mêmes et qui nous fait « un » véritablement.
C’est parce que nous sommes tous les porteurs du même infini et que la même valeur nous est confiée à tous que nous sommes universels. L’universel, c’est justement l’humain qui porte le bien commun de tous en lui-même parce qu’il porte cet infini, il le vit et il en porte la contagion du fait qu’il le vit.
« Avec Maurice Zundel, Mes heures étoilées »
de Bernard de Boissière –
Ed Salvator p :179-180
Catégories: Lu ailleurs | 14/03/2013
« C’est en contemplant le retour du Prodigue peint par Rembrandt
que j’entends le mieux la parabole,
que j’entre plus avant dans les chemins de la miséricorde,
que je me laisse réconcilier avec Dieu.
L’angoisse qui dénude
féconde aussi l’absence
et fait mon ter son cri
aux accomplis d’un chant.
Je regarde le Père.
Un visage d’aveugle ;
il s’est usé les yeux
à son métier de Père.
Scruter la route obstinément déserte,
guetter du même regard
l’improbable retour.
sans compter toutes les larmes furtives :
il arrive qu’on soit seul.
Oui, c’est bien lui, le Père,
qui a pleuré le plus.
Si c’était lui le vrai « prodigue » !
Je regarde le Fils.
Une nuque de bagnard
et cette voile informe dont s’enclôt son épave.
Des plis froissés où s’arc-boute
et vibre encore le grand vent des tempêtes.
Des talons rabotés comme une coque de galion sur l’arête des récifs,
cicatrices à vau-l’eau de toutes les errances.
Le naufragé s’attend au juge :
« Traite-moi, dit-il comme le dernier de ceux de ta maison… »
Il ne sait pas qu’aux yeux d’un Père comme Celui-là,
le dernier des derniers est le premier de tous…
Paul Baudiquez – Pleins signes – p :115-116
Ed Cerf
Catégories: Lu ailleurs | 10/03/2013
Voici ce que j’ai entendu raconter
d’un prédicateur fort religieux qui,
pour aller prêcher,
n’avait en tout et pour tout
qu’un âne.
Un jour qu’il était entré dans une église
pour prier,
il laissa son âne à la porte
et comme il récitait l’oraison dominicale,
à savoir le Notre Père,
il se mit à penser à sa bête.
Elle pouvait s’enfuir
puisqu’elle était sans surveillance ;
et où pourrait-il loger la nuit venue
et trouver le fourrage pour la nourrir ?
Reprenant ses esprits,
il sortit immédiatement de l’église,
et dit à l’âne :
« C’est toi aujourd’hui qui as eu, plus que Dieu,
la grosse part de mon Pater Noster ! »
Il appela un lépreux et lui donna son âne
et par la suite pour prêcher
il se déplaça à pied
et pourvu seulement d’un bâton.
Jacques de Vitry (+en 1240)
Catégories: Lu ailleurs | 7/03/2013
Ne me maudis pas comme le figuier (cf Mt 21, 19),
Bien que je sois pareil à l’arbre stérile,
De peur que le feuillage de la foi
Ne soit desséché avec le fruit de mes œuvres.
Mais fixe-moi dans le bien,
Comme le sarment sur la sainte Vigne,
Dont prend soin ton Père céleste (Jn 15, 2)
Et que fait fructifier l’Esprit par la croissance.
Et l’arbre que je suis, stérile en fruits savoureux,
Mais fécond en fruits amers,
Ne l’arrache pas de ton vignoble,
Mais change-le, en creusant dans le fumier.
Nersès Snorhali,
Jésus, Fils unique du Père,
Source Chrétienne n. 203, p. 171.
Catégories: Lu ailleurs | 3/03/2013