Cela valait-il vraiment la peine qu’un Dieu apparaisse sur terre, pour disparaître presque aussitôt dans la mêlées des hommes ?
Lumière de Dieu, mais sous le boisseau ;
Feu de Dieu mais couvant sous la cendre ;
Verbe de Dieu, mais quasiment aphone ;
Parole de Dieu, mais réduite au silence ;
Puissance de Dieu, désormais infiniment fragile ;
Fils de Dieu, mais en apparence petit d’homme.
Incarnation de Dieu, certes, mais comme rampante dirions-nous aujourd’hui, furtive, qui s’accomplit à l’abri des regards, à l’insu de presque tous, sauf de quelques rares initiés.
Telle est l’économie constante de Dieu au milieu de nous. Il n’y a pas à s’en étonner, ni à s’en scandaliser, encore moins à s’en impatienter comme si une injustice était faite à Dieu ou à notre zèle pour l’annoncer. C’est Dieu lui-même qui se cache, qui s’enfouit, tel un levain dans la pâte.
Dom André LOUF
– Comme un moine traversant le désert…-
cité dans « Effacement de Dieu » de G.RINGLET
Ed Albin Michel – p 19-20
Catégories: Lu ailleurs, Méditations | 28/12/2013
A moins de regarder une personne et de voir la beauté en elle, nous ne pouvons l’aider en rien.
On n’aide pas une personne en isolant ce qui ne va pas chez elle, ce qui est laid, ce qui est déformé.
Le Christ regardait toutes les personnes qu’il rencontrait, la prostituée, le voleur, et voyait la beauté cachée en eux. C’était peut-être une beauté déformée, abimée, elle était néanmoins beauté, et Il faisait en sorte que cette beauté rejaillisse.
C’est ce que nous devons apprendre à faire envers les autres. Mais, pour y parvenir, il nous faut avant tout avoir un coeur pur des intentions pures, l’esprit ouvert, ce qui n’est pas toujours le cas afin de pouvoir écouter, regarder et voir la beauté cachée.
Chacun de nous est à l’image de Dieu,
et chacun de nous est semblable à une icône endommagée.
Mais si l’on nous donnait
une icône endommagée par le temps, par les événements,
ou profanée par la haine des hommes,
nous la traiterions avec tendresse, avec révérence, le coeur brisé.
C’est à ce qui reste de sa beauté, et non à ce qui en est perdu,
que nous attacherions de l’importance.
Ainsi, nous devons apprendre à réagir envers chacun…
Anthony Bloommoine orthodoxe
extrait de la revue « Ombres et Lumière », n° 114, juin 1996
Catégories: Lu ailleurs | 28/12/2013
Le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois et lui donnera le sein et par moments la tentation est si forte qu’elle oublie qu’il est Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit « mon petit. » (…)
Elle (Marie) sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle, et qu’il est Dieu.
Elle regarde et elle pense: Ce Dieu est mon enfant. Cette chair divine est ma chair. Il est fait de moi, il a mes yeux et cette forme de sa bouche est la forme de la mienne. Il me ressemble. Il est Dieu et il me ressemble.
Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle toute seule, un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui rit.
Et c’est dans un de ces moments-là que je peindrais Marie si j’étais peintre.
JP Sartre – Bat Jonah, jeu de Noël écrit en captivité
Cité par R.Laurentin – Une Année de Grâce avec Marie
Ed Fayard p : 50
Catégories: Lu ailleurs | 26/12/2013
Un signe caché
Selon le livre de la Genèse, Joseph avait dit à ses frères avant de mourir : « Dieu vous visitera » (Gn 50,24). On ne peut traduire autrement, mais la formule hébraïque contient un redoublement du mot « visiter ». Il faudrait traduire littéralement : « Dieu visiter vous visitera ». C’est une construction propre à l’hébreu biblique, qui énonce le verbe à l’infinitif, puis à la forme personnelle, pour renforcer l’affirmation. Certaines traductions portent par exemple : « Dieu vous visitera certainement. »
Selon une tradition juive ancienne, quand on entendre deux fois le verbe « visiter », ce sera le signe de la rédemption. On ne peut pas entrer ici dans le détail de l’origine de la cette tradition qui nécessiterait un long détour par la langue hébraïque et les méthodes juives d’interprétation de l’Ecriture. Or on retrouve la même construction dans la parole de Dieu à moïse près du buisson ardent : « Je vous ai visités » (Ex 3,1). Ici encore, il faudrait traduire : « Visiter je vous ai visités ». Ce redoublement du mot « visiter » signifie que la prédiction de Joseph s’accomplit et que le temps de la rédemption est arrivé.
Ce n’est sans doute pas un hasard si Luc a placé deux fois le mot « visiter » dans le cantique que prononce Zacharie après la naissance de Jean-Baptiste : « Il visite et rachète son peuple » (1,68) ; « Soleil levant qui vient nous visiter » (1,78). Tout cela en clair, ne signifie rien d’autre que : « Le temps de la rédemption est venu. »
Du reste, tout le cantique de Zacharie baigne dans une atmosphère pascale. L’affirmation peut surprendre, puisque nous lisons ce texte dans la perspective de Noël. Mais les paroles de Zacharie sont une claire allusion à la sortie d’Egypte ; « Il se souvient de son alliance sainte, du serment qu’il a juré à Abraham notre père de nous accorder que, sans crainte, délivrés de la main de nos ennemis, nous le servions en sainteté et justice… » (Lc 1,73-47)
Dieu avait promis à Abraham que ses descendants reviendraient en Canaan après avoir été esclaves dans un pays étranger (Gn 15,13-6), et cette libération était l’objet de la mission de Moïse auprès de Pharaon : « Mon fils premier-né, c’est Israël… laisse aller mon fils pour qu’il me serve. » (Ex 4,22-23). La mission de Jean-Baptiste, qu’annonce Zacharie, sera de préparer les voies du Seigneur, qui vient pour mener son peuple à la liberté.
Michel REMAUD
Parole d’Evangile, paroles d’Israël – p :55-56
Ed Parole et Silence
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 15/12/2013
La louange, dans la Bible embrasse toute la création, les psaumes font chanter les oiseaux et les prairies, les sources des montagnes et les reptiles, la pluie et le soleil. C’est du reste , étrange que la prière traditionnelle de l’ Église soit constituée de ces psaumes qui sans cesse, font appel à l’innombrable variété de vivants que l’ordre de la création accueille et que, si facilement, la prière des croyants les oublie et devienne une intimité du seul à seul de l’âme avec Dieu.
C’est comme si tous ces êtres évoqués représentaient un surplus plus ou moins superflu, un décor extérieur non indispensable pour aller à Dieu. L’écologie nous rappelle que la vie est l’ensemble harmonieux de tous les vivants et que la mauvaise santé de certains de ces éléments influe sur la totalité et en compromet la vitalité et la survie.
Ce rappel salutaire doit pousser les chrétiens à mettre en valeur sa dimension cosmologique, ou, du moins, à ne plus faire comme si elle était accessoire. Elle ne l’est pas, puisque la création toute entière gémit en travail d’enfantement (Rom8,22) et en gémissements ineffables, qui, comme la houle de la mer, la tempête de neige, ou la brise légère, orchestrent le chant du souffle qui anime toute la biosphère.
La théologie nomme ce souffle Esprit Saint et rappelle qu’Il remplit tout l’univers et que Sa Sagesse donne voix à la louange (Introït du Dimanche de Pentecôte) toute l’énergie vivifiante pour la restituer en multiples formes d’expiration qu’expriment son aspiration à rejoindre la Source Créatrice. La parole humaine , dans la musique et dans le chant, a le savoir de cette respiration et des sons qui évoquent cette universelle montée.
Et bien ! Ce que dit le chant que tout les hommes le fassent, en veillant sur la sauvegarde de tout ce qui vit et respire.
Fr Ephrem YON
Communauté de la sainte Trinité
Catégories: Foi et vision cosmologique | 14/12/2013
L’extase de vos volontés
Quand ceux que nous aimons
nous demandent quelque chose,
nous les remercions de nous le demander.
S’il vous plaisait, Seigneur, de nous demander une seule chose dans toute notre vie, nous en resterions émerveillés, et d’avoir fait cette seule fois votre volonté serait l’événement de notre destinée.
Mais, parce que chaque jour, chaque heure, chaque minute, vous mettez dans nos mains un tel honneur, nous trouvons cela si naturel que nous en sommes blasés, que nous en sommes lassés.
Et pourtant, si nous comprenions à quel point est impensable votre mystère, nous resterions stupéfaits de pouvoir savoir ces étincelles de votre vouloir que sont nos minuscules devoirs.
Nous serions éblouis de connaître, dans cette immense ténèbre qui nous revêt, les innombrables, les précises, les personnelles lumières de vos volontés.
Le jour où nous comprendrions cela, nous irions dans la vie comme des sortes de prophètes, comme des voyants de vos petites providences, comme des agents de vos interventions.
Rien ne serait médiocre, car tout serait voulu par vous.
Rien ne serait trop lourd, car tout aurait racine en vous.
Rien ne serait triste, car tout serait voulu de vous.
Rien ne serait ennuyeux, car tout serait amour de vous.
Nous sommes tous des prédestinés à l’extase, tous appelés à sortir de nos pauvres combinaisons, pour surgir, heure après heure, dans votre plan.
Nous ne sommes jamais de lamentables laissés pour compte, mais de bienheureux appelés, appelés à savoir ce qu’il vous plaît de faire, appelés à savoir ce que vous attendez à chaque instant de nous : des gens qui vous sont un peu nécessaires, des gens dont les gestes manqueraient si nous refusions de les faire.
La pelote de coton à repriser,
la lettre à écrire,
l’enfant à lever,
le mari à dérider,
la porte à ouvrir,
le récepteur à décrocher,
la migraine à supporter :
autant de tremplins pour l’extase, autant de ponts pour passer de notre pauvre, de notre mauvaise volonté, au rivage serein de votre bon plaisir.
Madeleine DELBREL (1904-1964)
extraits de Alcide, coll. Livre de vie, Le Seuil, pp.89-91.
Catégories: Lu ailleurs | 10/12/2013
Notre mission n’est pas de construire des sytèmes, d’élaborer des méthodes et des techniques. Notre mission, c’est de donner Jésus-Christ.
Notre mission, c’est de communiquer sa Présence, c’est donc une invitation à se dépouiller, à se désapproprier de soi, à faire ce vide en soi, à faire de tout soi-même un immense espace où le monde entier puisse être accueilli.
Et c’est par là que l’Immaculée Conception nous touche au plus profond de l’être. Il y a là un mystère d’une brûlante actualité puisque nous ne pouvons rien pour ce monde, qui attend tout, si nous n’entrons pas dans ce dépouillement total, si nous ne laissons pas transparaître, à travers nous, le visage du Seigneur, si nous ne laissons pas le vide en nous pour que la vie divine puisse s’y répandre sans rencontrer de limites ni d’obstacles.
M.Zundel
Au Miroir de l’Evangile
Ed A.Sigier p:252-253
Catégories: Lu ailleurs | 7/12/2013
Dieu tu as choisi de te faire attendre
tout le temps d’un Avent.
Moi je n’aime pas attendre
dans les files d’attente.
Je n’aime pas attendre mon tour.
Je n’aime pas attendre le train.
Je n’aime pas attendre pour juger.
Je n’aime pas attendre le moment.
Je n’aime pas attendre un autre jour.
Je n’aime pas attendre
parce que je n’ai pas le temps
et que je ne vis que dans l’instant.
Tu le sais bien d’ailleurs,
tout est fait pour m’éviter l’attente :
les cartes bleues et les libre services,
les ventes à crédit
et les distributeurs automatiques,
les coups de téléphone
et les photos à développement instantané,
les télex et les terminaux d’ordinateur,
la télévision et les flashes à la radio…
Je n’ai pas besoin d’attendre les nouvelles :
elles me précèdent.
Mais Toi Dieu
tu as choisi de te faire attendre
le temps de tout un Avent.
Parce que tu as fait de l’attente
l’espace de la conversion,
le face à face avec ce qui est caché,
l’usure qui ne s’use pas.
L’attente, seulement l’attente,
l’attente de l’attente,
l’intimité avec l’attente qui est en nous
parce que seule l’attente
réveille l’attention
et que seule l’attention
est capable d’aimer.
Tout est déjà donné dans l’attente,
et pour Toi, Dieu,
attendre
se conjugue Prier.
Jean Debruynne
Extrait de « Ecoute Seigneur ma prière »,
Catégories: Lu ailleurs | 7/12/2013
L’Eglise n’existe pas pour autre chose, elle n’existe qu’en étant Jésus, elle n’existe qu’en poursuivant l’incarnation, en lui donnant un visage à travers notre visage.
Il s’agit donc, pour nous, de voir dans le mystère de l’Eglise une mission qui nous est confiée, une mission qui nous engage à fond, qui nous engage toujours et partout, mais au prix de nous-mêmes, sans aucune espèce de prosélytisme, une mission de silence où l’on apporte aux autres rien de moins qu’une Présence infinie qui les accueille sans leur demander leur nom et leur origine, qui les accueille simplement au nom de leur humanité.
L’Eglise n’a pas d’autre témoignage à porter, mais celui-ci est essentiel puisque lui seul peut accréditer la Présence réelle du Seigneur parmi nous et au-dedans de nous et continuer ce grand rassemblement que le Christ, en tant que second Adam, veut opérer en faisant de tous les hommes une seule vie et une seule personne…
C’est difficile, plus qu’on ne peut le dire, de surmonter ses frontières et ses fanatismes, c’est difficile de renoncer à des réussites temporelles qui gonfleraient nos statistiques.
Mais dés qu’on a identifié Dieu avec cette Présence cachée au plus intime de soi, on sait très bien que l’homme aussi est ineffable, que l’homme est un mystère de grandeur infinie et que, pour l’atteindre, il n’y a pas d’autre chemin que le chemin de la croix, il n’y a pas d’autre chemin que le chemin de l’amour, de la démission et de la désappropriation…
M.Zundel
Au miroir de l’EvangiLe
Ed A.Sigier p:99-101
Catégories: Lu ailleurs | 6/12/2013
Le Christ vient en nous
pour nous transformer intimement.
Il est la Vérité.
Le Christ vient en nous
pour nous transformer entièrement.
Il est l’Amour.
Le Christ vient en nous
pour nous transformer entièrement.
Il est « celui qui doit arriver »
P.Charles (sj)
Catégories: Lu ailleurs | 4/12/2013