La colère
La colère, dit S. Basile, est une folie momentanée. Que de ruines .elle a causées ! Que de blessures, et aussi que de regrets elle a amenés!
« Souvent, dit S. Jean Chrysostome, toute une vie ne suffit pas pour réparer un mot qui a été prononcé dans la colère; un mot prononcé dans un moment d’emportement suffit pour briser une carrière. »
« Dans les chocs où ils heurtent autrui, les violents se brisent eux-mêmes plus souvent qu’ils ne brisent leurs adversaires. »
La colère, loin d’être une preuve de force, vient habituellement de la faiblesse. « La colère des esprits faibles, dit Plutarque, est en raison de leur faiblesse… Si l’on a dit que cette passion était le nerf de l’âme, elle mérite plus habituellement le nom de convulsion. »
Nous rions des colères des enfants, presque toujours produites par des causes mesquines, et qui se traduisent en des agitations terribles : la plupart des colères des hommes sont aussi ridicules. Cette folie enlève à l’homme toute dignité. La vue d’un accès de colère en autrui nous attriste.
« Que ce qui vous déplaît dans les autres vous déplaise en vous-même. » « Plus d’une fois, dit Sénèquc, on s’est bien trouvé dans la colère de se regarder dans un miroir. »
Cette colère sourde, que l’on appelle la rancune, si elle agite moins, cause des tourments aussi cruels. « Combien souffre, dit S. Jean Chrysostome, cet homme qui médite sans cesse sur les moyens de se venger do son ennemi ! Vous pensez au mal que vous voulez causer, et vous commencez par vous nuire à vous-même.. »