Va travailler dans la vigne
Â
Enfant, va aujourd’hui travailler dans la vigne. »
-
« Enfant » : Il y a dans ce mot la tendresse de Dieu pour nous, il y a notre dignité aussi : nous sommes chez nous dans ce monde, nous sommes princes de sang, responsables. Et en même temps nous sommes un enfant, nous avons encore à apprendre, à grandir, à progresser.
-
« va »  : ce second mot montre que Dieu ne s’adresse pas à nous globalement en leur disant « allez ». Le Père s’adresse individuellement à chacun, et sa volonté, fondamentalement, c’est de nous voir capable d’évoluer.
-
« va aujourd’hui » : ce aujourd’hui montre l’urgence de l’appel de Dieu, il ne dit pas un jour où tu auras deux minutes, ce ne serait pas inutile que tu te bouges un petit peu. Non, c’est maintenant qu’il faut y aller, maintenant ou jamais.
-
« Enfant, va aujourd’hui travailler dans la vigne. » Ce n’est même pas « la vigne de Dieu », c’est « la vigne » tout court, notre vigne à nous, les humains et à lui, notre Dieu. La vigne, dans la Bible c’est à la fois l’humanité et c’est chacun de nous individuellement (Ésaïe 5, Job 15:33…). Dieu nous invite donc à participer à la construction de l’humain. C’est une question de joie ou de souffrance, de vie ou de mort pour nous et notre entourage. Ce n’est pas un examen : Dieu veut, naturellement, la joie, la paix, la vie pour chacun. Mais une vigne mal entretenue s’étouffe sans donner grand chose. Et puis il y a du bon raisin à récolter plutôt que de le laisser pourrir…
L’essentiel, c’est la bonne volonté devant Dieu, c’est d’avoir l’envie de devenir un petit peu source de bénédiction en ce monde, d’une certaine façon. L’essentiel, c’est cette espérance en Dieu. Pour le reste, chacun de nous fait ce qu’il peut, à son rythme…
Bien sûr, c’est choquant que notre vie ne soit pas à la hauteur de l’Évangile qui nous enthousiasme. Oui, notre idéal est comme un sommet inatteignable, c’est l’amour parfait de Dieu, c’est donc normal que nous n’y arrivions pas. Cet écart n’est donc pas culpabilisant : il ouvre une perspective, un chemin.
Cette lecture de la parabole nous propose de détourner un instant notre regard de ce que nous n’arrivons pas à faire ni à être, pour voir dans quel état d’esprit nous sommes vis-à -vis de Dieu. Le second fils nous invite de lui dire « Me voici, tel que je suis, Seigneur », en confiance. Dieu nous aide à cheminer, il nous montrera ensuite ce que nous pourrions faire dans la vigne….
Pasteur Marc Pernot