Loué sois-tu, mon Dieu,
pour les consonnes et les voyelles,
pour leur délire fantasque
et leurs unions tranquilles.
Loué sois-tu
pour l’enchantement des syllabes,
la musique des noms,
et le tranchant des verbes.
Loué sois-tu
pour la secrète respiration des phrases
et l’infinie richesse de leurs agencements.
Loué sois-tu
pour l’intonation de la voix,
pour l’accent du terroir
et la couleur des mots qu’enfantent nos lèvres.
Loué sois-tu
pour la parole humaine,
celle qui hésite au bord du mystère,
celle qui se presse à exprimer la joie,
celle qui trébuche quand s’y mêlent les pleurs,
celle qui murmure l’amour au matin,
celle qui gronde d’espoir contenu,
celle qui chante sans pouvoir s’arrêter,
celle qui donne le goût de vivre,
le courage de lutter
et l’espérance d’un jour nouveau.
Oui, il est bon de te louer,
de parler dans l’estime du langage d’homme
et de poursuivre chaque jour
notre tâche d’ouvrier de la parole.
Jean-Yves Quellec – Dieu nous prend en chemin
Cité par Gabriel Ringlet dans Effacement de Dieu – la voie des mines poètes
Ed Albin Michel p138-139
Catégories: Lu ailleurs | 15/06/2013
Teilhard de Chardin pose la question: “Qu’y a-t-il de changer en l’homme qui a ouvert sa vie intérieure aux préoccupations, à la conscience du Cosmos?”
Il en résulte répond-il, que nos vies perdent de leur importance centrale et qu’il nous faut accepter “un suprême renoncement”. Il se produit une perte d'”égocentrisme”, nous devenons “radieux de désintéressement”. Nous ressentons à l’intérieur de nous les fardeaux des autres et ce faisant nous développons “un coeur toujours plus large…”
Si nous sommes capables de remettre notre monde au Christ, tout change. Nous nous sentons libérés d’un lourd fardeau, le fardeau d’être Dieu, d’animer tout qui nous entoure, hommes et choses… On est capable de dire à Dieu qu’on l’aime, non seulement de tout son corps, de tout son coeur, de toute son âme mais de tout l’univers en voie d’Unification…”
Pour Teilhard, c’est l’univers, notre univers qui prie à l’intérieur de nous. Nous sommes le lieu de la prière de l’univers…”
Louez-le soleil et lune, louez-le, tous les astres de lumière, louez-le cieux des cieux, et les eaux de dessus les cieux! (Ps 48,3-4)
T.M King (sj) –
La Messe de Teilhard – Ed Médiaspaul p: 124,127,128
« Face à l’avenir qui se découvre,
le Père Teilhard de Chardin peut nous aider
à voir, à croire, à aimer, à servir l’unité du monde
en nous recentrant sur le mystère du Christ
d’une façon nouvelle. »
Mgr Patenôtre
Catégories: Foi et vision cosmologique, Lu ailleurs | 12/06/2013
Où vont toutes les générations
qui se succèdent
Que signifient-elles?
Que signifie ce grouillement d’individus
dans des villes foisonnantes?
Que signifie ces foules en délire
qui font le même geste,
qui poussent le même cri,
qui sont enveloppées par la même passion?
Que signifie tout cela?
Rien si la vie ne devient pas justement
un visage de clarté,
un visage d’amour,
un visage de liberté.
Mais justement la vie contient,
tous ces possibles…
Pour choisir la vie, pour ne pas la subir,
pour la connaître vraiment,
pour ne pas être victime de sa puissance,
il faut l’accomplir.
Et qu’est-ce que c’est que l’accomplir ?
C’est recueillir en soi toutes les générations,
c’est rassembler dans son coeur
tous les peuples et tous les individus,
puis cesser d’être seulement
un homme, un individu
pour devenir l’Homme, l’homme,
en qui se récapitule toute l’Histoire,
l’homme en qui tous les siècles se recueillent,
l’homme qui est un accueil
pour tous les peuples et tous les individus.
Alors à ce moment-là,
la vie a pris toutes ses dimensions,
toute sa grandeur, toute sa beauté,
et l’on peut choisir
de la transmettre ou non, selon la vocation que l’on a
parce que l’on est devenu la Vie.
On l’est devenue, on la diffuse ;
de toute façon, on la communique, ;
de toute manière, on devient un ferment
qui la transfigure et qui la révèle.
M.Zundel –
Etre origine et créateur
Ton visage, ma lumière Ed MAME p :64
Catégories: Lu ailleurs | 10/06/2013
Le publicain:
Le bonhomme se tenait au fond de l’Eglise.
Au fond de soi. Au dernier rang de soi.
Car c’est au même endroit,
au même fond de soi, du même fond de soi – de profundis –
que l’on est publicain et que l’on est fils. (Lc 18,9-14)
Le Bon Samaritain:
“Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho…” (Lc 10,30).
C’est dans cet homme-là
qu’il faut descendre.
Descendre dans l’homme qui descend,
c’est à dire épouser la trajectoire de celui
qui “s’est anéanti lui-même
en prenant la forme de serviteur…” (Ph 2,7)
La Samaritaine:
“Jésus était au bord du puits, et la femme.
Jésus était au bord de la femme,
et la femme au bord de Jésus.
Et la femme se désaltérait à Jésus,
et Jésus se désaltérait à la femme,
toute aussi étonnante que lui.
Et le puits était entre eux.
Et le puits était en eux. (Jn 4)”
Marie-Madeleine:
“Noli me tangere.
Elle voulait faire le tour de l’Arbre avec ses bras,
et l’Arbre lui disait:
“ne me retarde pas: je suis aussi l’oiseau.” (Jn 20,17)
La femme adultère
“Au lieu de lui jeter la première pierre,
Jésus la pose comme la première pierre;
au lieu de la démolir, il fait d’elle une cathédrale;
il l’ouvre, il l’offre aux hommes comme un chantier au milieu de la ville:
elle aussi sera Notre-Dame (Jn 8,1-11)
François Cassingena-Trevedy
cité dans “Effacement de Dieu – La voie des moines poètes de G.Ringlet
Ed Albin Michel p:91-93
Catégories: Lu ailleurs | 7/06/2013
Le 1er septembre est devenu depuis quelques années le rendez-vous de la prière des chrétiens pour la Création et son devenir dans les défis environnementaux actuels. A cette occasion, le patriarche Bartholomée a publié un intéressant texte de réflexion et d’encouragement. Voici l’intégralité de son message pour le 1er septembre 2012 (trad. DL)
La repentance pour agir pour la planète
Catégories: Foi et vision cosmologique, Lu ailleurs | 5/06/2013
La communion
– qui se prolonge tout au long de la journée –
me met en contact intime et profond
avec toutes les créatures humaines.
Je me ris des barrières de langue,
de race, de religion, d’idéologie…
La communion
me rend solidaire de la création tout entière.
Je suis citoyen de Mars ou de saturne,
relié à toutes les étoiles,
à toutes les eaux, à toutes les pierres,
à toutes les plantes, à tous les animaux.
Aux espaces et aux vides,
à la lumière et à l’ombre,
au bruit et au silence,
à la vertu et au péché!
Sans limite! sans restriction!
Je vais où tu vas,
dans la hâte de vaincre le multiple
pour l’incorpore à celui qui est Un.
La consécration
– qui se prolonge tout au long de la journée –
me rappelle combien est vivant et saint
ce qui sort de tes mains.
Dom Helder Camara
(Cité dans Rencontres – Ed Droguet-Ardant p: 218-219)
Catégories: Foi et vision cosmologique, Lu ailleurs | 3/06/2013
« Dans leurs mains, ces pains deviennent
comme des sources d’eau vive. »
St Jean Chrysostôme
L’Eucharistie… signifie très précisément que nous ne pouvons atteindre Jésus que dans la communauté, par la communauté et pour la communauté. C’est précisément en nous identifiant avec l’humanité que nous pouvons l’atteindre. Il n’y a pas d’autre chemin pour venir à lui que d’assumer, avec lui toute l’humanité, que d’entrer dans sa pauvreté et dans universalité, ce qui est d’ailleurs identique…
L’Eucharistie veut nous rassembler, nous unir, nos solidariser, faire de nous le cœur mystique de Jésus. Il est donc impossible d’enter dans l’eucharistie, de vivre la liturgie, si on ne la vit pas comme une rencontre avec toute l’humanité…Nous sommes là pour tous, avec tous, au nom de tous. Et sans cette communion universelle, il n’y a pas d’eucharistie…
Communier, c’est donc d’abord communier à l’humanité, à l’univers, c’est opérer cet immense rassemblement de l’histoire, depuis ses origines jusqu’à sa consommation…
Nous n’allons pas à la messe pour nous, nous y allons pour les autres et avec eux.
Nous ne communions pas pour nous, mais pour les autres et avec eux.
Nous sommes la voix et l’appel de chacun.
Nous sommes l’espoir des mourants.
Nous sommes le soulagement des malades.
Nous sommes la Présence de toutes les solitudes.
Nous sommes l’action de grâces de toutes les joies.
Nous sommes le secours de toutes les tentations.
Nous sommes le sacrement de l’amour pour tous ceux qui ont faim et soif d’amour.
M.Zundel – Au miroir de l’Evangile – Ed A.Sigier p :142-144
Catégories: Eucharistie et Adoration, Lu ailleurs | 2/06/2013
Un arbre est sain et vigoureux quand il a des racines qui creusent dans les profondeurs obscures de la terre; quand son tronc se projette vers les hauteurs, en recevant la sève que ses racines lui donnent, et en faisant naître et mûrir sur ses branches de nombreux fruits.
Sans la racine de la foi qui renvoie à un passé historique concret et réel, sans le tronc de l’espérance qui nous projette vers l’avenir, et sans les fruits de l’amour, toujours présent, nous serons un arbre sec, qu’il vaudrait mieux couper et utiliser comme bois ou laisser simplement pourrir.
Demandons à l’Esprit du Seigneur, avec l’aide maternelle de Marie, qu’il vivifie nos Instituts afin que chacun d’eux puisse être une forêt qui offre de l’ombre fraîche, qui purifie l’air pollué que notre monde respire, et qui produise en abondance des fruits de salut pour tous nos frères et soeurs à qui le Seigneur nous envoie!
Pascual Chávez Villanueva, SDB
La fidélité, source de vie pleine.
Catégories: Vie consacrée | 1/06/2013
La course aux armements va dans le sens contraire de l’intelligence. Et pas seulement l’intelligence humaine sinon l’intelligence même de la nature, dont la finalité échappe à la clairvoyance de la poésie.
Depuis l’apparition de la vie visible, quelque 380 millions d’années se sont écoulées avant qu’un papillon n’apprenne à voler et puis encore 380 millions d’année pour que la nature fabrique une rose sans autre but que d’être belle ; puis encore quatre ères géologiques pour que les êtres humains – la différence du bisaïeul pithécanthrope – soient en mesure de chanter mieux que les oiseaux et capables même de mourir d’amour.
Il n’est nullement glorieux pour le talent de l’homme, à l’âge d’or de la science, d’avoir fait en sorte q’un processus plurimillénaire aussi colossal puisse soudain retourner au néant originel par le simple fait de presser un bouton.
Gabriel GARCIA-MARQUEZ
Sénace d’ouverture de la Conférence pour la paix et le désarmement – Ixtapa Août 1986
Catégories: Lu ailleurs | 29/05/2013
TU ES LE MAÎTRE
Prière d’Un chrétien huron du 17ème siècle sur le point d’être martyrisé.
Seigneur, Dieu, enfin donc, je te connais, à la bonne heure maintenant je te connais. C’est toi qui as fait cette terre que voilà, et ce ciel que voilà. Tu nous as faits, nous autres, qui sommes appelés hommes. Tout ainsi que nous autres sommes maîtres du canot que nous avons fait canot,et de la cabane que nous avons faite cabane, de même, tu es maître toi qui nous as créés. C’est peu toutefois que nous soyons maîtres de tout ce que nous avons. Peu de temps seulement, nous sommes maîtres du canot que nous avons fait canot, et de la cabane que nous avons faite cabane ; peu de temps seulement en sommes-nous maîtres.
Quant à toi, pour toujours tu seras le maître de nous qui sommes appelés hommes. Et pendant qu’on en est encore en vie, pourrait-on douter que tu n’en sois le maître ? Et pour lors, principalement, tu es le maître quand nous avons à mourir. Toi seul, tout à fait, tu es le maître parfaitement ; il n’y en a aucun autre que toi.
Tu es principalement celui que nous devrions craindre. Tu es principalement celui que nous devrions aimer. Parce que c’est toi qui es très puissant, et véritablement c’est toi aussi que nous aimons extrêmement. C’est pourquoi maintenant, d’une façon particulière, je te rends grâce de ce que tu as voulu que je te connaisse. Extrêmement tu nous aimes : enfin, maintenant, je me consacre à toi, moi que voici ;
Enfin, maintenant, je te fais mon maître ; Tu es principalement le maître de moi que voici. Ordonne seulement de moi que voici. N’importe que je souffre ; je penserai seulement : Il y avisera, le maître absolu de moi que voici.
Voilà donc que grandement je te remercie ! Voilà que je te connais pour ce qui regarde tes desseins. Je ne veux pas songer si en notre famille il arrivera quelque chose. Je penserai seulement : il y avisera, Dieu qui nous aime. Je ne veux pas maintenant examiner ce qu’il en est véritablement du paradis. Je présumerais par trop de moi, si je pensais que je recherche ce qu’il en est.
Aussi bien, je ne suis rien, cela seul me devrait suffire, de savoir ce qu’il en est de tes commandements. Enfin voilà que maintenant je crois, et tout de bon. Il n’y a rien du tout dont je doute aucunement. Car tu n’es point menteur, Tu dis toujours la vérité, quoi que tu dises. Cela me suffit que tu aies dit : je ne vous refuserai rien dans le ciel.
Catégories: Lu ailleurs | 27/05/2013