Au puits de Jacob
Une femme et sa jarre vide.
Une femme vide.
Ou plutôt, une femme vidée par la vie, par des relations qu semblaient la remplir momentanément pour la laisser ensuite plus assoiffée que jais, le coeur sec, le regard éteint, l’espérance usée jusqu’à la corde.
Cette jarre sous le soleil de midi, est toute sa vie: à la recherché constante de l’eau, elle est habituée à se la procurer à travers de multiples moyens: un seau, une corde et la force de tirer. L’accès à l’eau se paye. Le puits a son prix. On n’a rien sans rien. Voilà ce que dit la jarre vide.
Une voix.
Ce n’est pas celle de la jarre.
Elle est différente.
Elle me demande à boire.
A une jarre vide, cette voix demande à boire.
Elle met en doute mon aridité.
Elle regarde cette jarre comme une source.
On ne m’avait jamais regardée ainsi.
Cette voix est l’eau.
Cette voix m’inonde, devient grande en moi…
Il est Juif… Il est Seigneur. .. II est prophète … Il est le Messie?
Il est l’Eau!
II se répand en moi et je renais.
II me remplit.
Entre moi et la jarre vide, il n’y a plus rien en commun.
Je la laisse.
Lui me suffit.
II est devenu grand en moi, la jarre est remplie de Lui.
« Venez voir! »
Et la vie déborde.
Sr Simona Brambilla (mc)
UISG N°153 2013 p :4