Lu ailleurs
Pour Evagre le Pontique (IV siècle), le critère véritable de la maturité est la douceur. Voilà ce qui caractérise maturité humaine et spirituelle.
Le terme allemand « Sanftmut » (douceur) signifie, à proprement parler le « courage de se recueillir ».
Je recueille tout ce qui relève de moi, y compris mes aspects ténébreux. J’ai le courage de tout laisser parvenir à moi et de placer tout cela dans ma relation à Dieu. Cela me rend doux à l’égard de moi-même et à l’égard des autres êtres humains.
Evagre voit dans la douceur l’attitude de Jésus lorsqu’il nous exhorte ainsi : “Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur” (Matthieu, II ,29). La douceur implique un cœur ouvert. Dans un cœur largement ouvert, Dieu peut demeurer, comme le disent les moines. Un cœur ouvert ne juge ni ne tranche. Il est accessible aux humains qui peuvent le pénétrer. Ce qui relève aussi de la maturité, c’est la joie du cœur (hilaritas), l’équanimité et le calme intérieur, la paix, la vivacité et la liberté. Car nous ne sommes pas mûrs une fois pour toutes, mais nous cheminons sans cesse vers une plus grande maturité humaine et spirituelle.
Anselm Grün
Dans la revue Prier, Mars 2011
Mémé Rose avec sa robe noire et ses cheveux qui n’avaient pas blanchi, montés en chignon. C’était une maitresse – femme avec tout plein de discernement et de dons. Elle ne savait ni lire ni écrire, mais elle soignait avec ses mains et ses prières, toutes récitées en catalan.
Des jeunes et des moins jeunes venaient pour qu’elle remette droit des membres foulés : je la revois fabriquer un emplâtre avec du coton, un blanc d’œuf monté en neige et quelques pincées d’encens.. je l’ai même vu s’occuper de brûlures et quand je lui demandais ce qu’elle faisait, elle répondait en affirmant que c’est Dieu qui guérit.
Elle avait reçu ce don de son père, là-haut dans les hauteurs de Mantêt, un village haut perché et qui, à cette époque, ne possédait aucune route pour se rendre de Py jusque dans les maisons de ce village.. et donc, aucun médecin ne s’y rendait… mais, les gens d’alors s’organisaient au mieux et mémé Rose se souvenait de ce qu’elle avait appris là-haut dans les Pyrénées, avec les siens.
On pourrait penser qu’elle faisait office de « rebouteuse » pour ceux qui venaient la trouver.. et, lorsque j’étais adolescente, c’était quelque chose que je n’appréciais guère.. mais, elle, notre Mémé Rose, nous l’aimions beaucoup..
Pourtant, ce qu’elle faisait, c’était des massages et surtout des prières.. remettre droites des chevilles foulées, ou des épaules démontées et les jeunes joueurs de rugby venaient la trouver et ils lui obéissaient.
Je me souviens qu’elle leur demandait leur prénom et elle les invitait à prier avec elle le Notre Père et les assurait de sa prière.. ce que je savais, c’est qu’ensuite tous étaient remis de leurs foulures..
Plus tard, j’appris d’elle en quoi consistait ce don.. un don de Dieu, transmis par son père et qui ne demandait pour elle aucun bénéfice, aucun cadeau… elle se contentait de prier en catalan pour la personne qui s’adressait à elle :
« Deus d’Abraham, d’Isaac e de Jacob
Que tut el mal que sige aqui s’embadge de quel lloc
E que la Santissima Trinita face mas que jo »
Une très belle prière : « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Que tout le mal qui se trouve ici parte de ce lieu Et que la Sainte Trinité fasse plus que je ne peux faire moi-même. »
Sr Andrée Gaspard – sfb
On vous a souvent parlé de la Sainte‐Vierge et l’on s’est plu à vous retracer les vertus qu’elle a pratiquées ; tantôt, on vous parle de sa pureté, tantôt de son humilité, de son obéissance…
Quelles beautés n’éclatent pas dans toute sa vie ? Mais après avoir considéré les fleurs qui embellissent un jardin, après avoir considéré les eaux qui serpentent autour de ces plantes et qui répandent autour d’elles la vie et la fraîcheur, on aime à remonter vers la source bienfaisante qui nourrit et fortifie ces fleurs….
Après avoir donc considéré les vertus de la Sainte Vierge, remontons aujourd’hui vers la source qui les alimenta : entrons dans l’intérieur de Marie, dans cette fontaine mystérieuse que la main du Seigneur a creusée.
Quelle est cette source si abondante ? C’est l’amour de Marie : c’est là, dit l’Esprit Saint, qu’est la fontaine des jardins dont vous avez admiré les fleurs et les fruits. L’amour de Marie, semblable à une fontaine qui fournit des eaux en abondance, croît sans cesse : il se divise et il se multiplie. Nous le verrons d’abord se diriger vers Dieu, son Père.
Bientôt l’amour filial ne suffit pas, il faut que son coeur ouvre une autre voie pour donner cours aux nouveaux sentiments qui l’oppressent ; devenue amante, épouse du Saint Esprit, elle se remplit de l’amour conjugal.
Mais elle suffit à tout cela ; que dis‐je, elle surabonde encore d’amour, et pour remplir ses voeux, il faut qu’elle devienne mère.
• Amour paternel – amour de Dieu le Père pour Marie sa fille – Immaculée Conception comblée de grâces et de faveurs.
• Amour filial de Marie : amour respectueux – amour assidu – amour généreux
• Amour conjugal : désirs – amour – Annonciation
• Amour maternel : durant sa grossesse – pendant la vie de son Fils – à la mort de son Fils
Et nous, qu’en vivons‐nous de cet amour ?
Enfin elle meurt parce que son amour ne peut être contenu dans un corps mortel… Son âme comme un torrent de feu brise les liens qui la retiennent et va se perdre dans le sein de l’Éternité.
Prière à celui qui marche
Boire à la source qui murmure en nous
La source de l’Ecriture est ce qui parle dans l’esprit de l’homme. Dans l’esprit de l’auteur comme dans l’esprit du lecteur. Ecrire ou vivre en vérité, c’est boire à la source qui murmure en nous : la parole. La source est empoisonnée dès lors que la manière d’écrire ou de lire n’introduit plus l’homme à l’écoute de la vérité qui parle et prétend faire parler la lettre morte (…)
L’eau jaillissante de la parole est à redécouvrir, jour après jour, dans l’interprétation du discours à la lumière du discernement, entre vérité et mensonge. A la douceur de la vérité, le discours doucereux du menteur substitue la violence. Il trouble l’eau de la source où l’homme s’abreuve. Il met en doute le fait de l’esprit : que la vérité parle, quand il se tourne vers ce qui lui donne la vie.
Denis Vasse (sj)
Dieu se repose en l’homme
La création du monde est totalement terminée quand l’homme est là, qui porte en lui le pouvoir sur tous les êtres vivants, qui récapitule dans son corps l’univers et reflète la beauté de toute la création.
Trouvons alors le repos comme Dieu se reposa, après tout l’ouvrage qu’il avait fait (Gn. 2,2). Il reposa à l’intérieur de l’homme, dans son esprit et dans sa volonté, car il avait crée l’homme doté de la raison et fait selon son image, un être qui cherche ce qui est bon, tendu vers les dons gratuits de l’amour de Dieu.
Je remercie le Seigneur, notre Dieu, qui a crée un tel être dans lequel il pouvait se reposer. Le ciel, il l’a créé, mais je ne lis pas qu’il s’y reposait.
La terre, il l’a créée, mais je ne lis pas qu’il s’y reposait.
Le soleil et la lune et les étoiles, il les a créés, là non plus, je ne lis pas qu’il s’y reposait.
Mais je lis qu’il a créé l’homme et qu’il s’y reposait, puisqu’il avait en lui une créature à laquelle il pouvait pardonner les péchés.
Saint Ambroise de Milan