“Si j’étais plante, je ne voudrais ps être de ces plantes qui ont trop affaire à l’homme.
Ni avoine, ni blé, ni orge parqués sans pouvoir en sortir dans un cham en règle – et on ne laisse même pas aux blés leurs bleuts pour se distraire – ni sourtout ces légumes soumis et rangés, ces carottes alignées, ces haricots qu’on dirige à la baguette, ces salades qu’on force à pâlir en leur serrant le coeur quand il fait beau alentour et qu’elles voudraienr bien être grandes ouvertes.
J’accepterais encore d’être herbe à tisane, serpolet ou mauve, ou sauge, pourvu que ce fut dans un des ces hauts battus des vents où ne vont les cueillir que les bergers.
Mais j’aierais mieux ^tre bruyère, entiane bleur, ajonc, chardon au besoin, sur une lande abandonnée, ou mêmeun champignon pas vénéneux, amis pas non plus trop comestible, qui naît dans la mousse, un matin, au creux le plus noir du bois, qui devient rose sans qu’on le voie et meurt tout seul le lendemain sans que personne s’en mêle.”
Marie Noël
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