Marie et Elisabeth… des femmes d’une terre, d’un peuple, d’une histoire ! Mais derrière elles, se profilent YoKeBed… et toutes les matriarches d’Israël :
Sara était stérile mais YHWH promet une descendance à Abraham, Isaac dont le nom signifie : « Il jouera. Il rira »
Rebbeca, également stérile, mais elle aura Jacob « il reviendra »;
Rachel, stérile elle aussi et qui aura Joseph « il ajoutera » qui sauvera tout le monde de la famine.
Yokebed, la mère de Moïse (HACHEM – Le Nom)
Elisabeth qui aura Jean « YaH a accordé la miséricorde »
Et Marie, la mère de Jésus, « Dieu qui sauve ».
La vieillesse, la stérilité ne sont pas un obstacle à la vie. Ce qui est essentiel pour donner la Vie, c’est la foi !
« La dynamique de la fécondité et de la créativité qui surgit soudain au sein d’une communauté stérile, vieille, statique ou souffrante, tire ses forces de son espérance et de sa foi en celui qu’elle nomme son Seigneur »
“Dès qu’Elisabeth eut entendu la salutation de Marie l’enfant tressaillit dans son sein …
Elisabeth est alors remplie d’Esprit Saint. La vie entre par l’oreille dit la Tradition d’Israël… La vie entre par l’écoute dirions-nous ! La venue de Marie fait tressaillir la vie qui est en Elisabeth. Le nouveau fait tressaillir l’ancien. Et Elisabeth qui a beaucoup attendu, beaucoup espéré, reconnaît la vie nouvelle dont Marie est porteuse et cette vie nouvelle éveille celle qu’elle porte en son sein.
Ils leur dirent : Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui en seséparant de vous s’est élevé dans le ciel, en reviendra de la même manière que vous l’avez vu monter. (Ac 1,11)
« Dans tous les mystères de Jésus nous trouvons les Anges, à l’Annonciation, à sa Naissance, à sa Résurrection, et de même à son Ascension ; et dans son second avènement les Anges marcheront devant lui.
Les Anges viennent consoler les disciples de Jésus : Ce Jésus qui vous a été enlevé. Il les avait aimés, il les avait choisis, il leur appartenait ; il ne pouvait pas toujours être séparé d eux ;il ne pouvait pas abandonner ceux qu’il avait appelés à lui. Aussi les Anges leur disent qu’il reviendra. » Comme vous l’avez vu allant au ciel, il en reviendra. (St Chrysologue)
Et les Anges se réjouissaient : ils se réjouissaient de voir celui qui s’était abaissé, qui était descendu au-dessous d’eux, exalté au-dessus de tout. En se réjouissant ainsi, ils accomplissaient une œuvre de justice. Jésus avait mérité toutes ses gloires. Pourquoi est-il ainsi monté, écrit St Paul, sinon parce qu’il était descendu dans les humiliations les plus profondes ? (Ph 2,9)
Celui qui est ainsi descendu est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir toutes choses de sa gloire. En se réjouissant des gloires du Sauveur qui l’élèvent au-dessus d’eux, en se réjouissant de ces gloires comme méritées, les Anges s’élèvent au-dessus d’eux-mêmes. En aimant la justice, en aimant Jésus plus qu’eux-mêmes, les Anges participent aux gloires du Roi du ciel.
Les Apôtres eurent les mêmes sentiments que les Anges. Après l’avoir adoré, dit St Luc. Ils retournèrent à Jérusalem tout remplis de joie. (Lc 24,52)
Une simple répétition du Seigneur? « Vous diriez, dit Bossuet, qu’à coups redoublés, il veuille faire pénétrer la paix au fond du cœur. »
« Cette répétition, dit St Augustin, cette distinction qu’il y fait entrer, la paix, ma paix, ont peut-être aussi une signification. Ne serait-ce point cette paix dont parle le Prophète, une paix venant s’ajouter à une autre paix?
Oui, il y a une paix qu’il nous laisse en s’en allant, et il nous apportera sa paix quand il reviendra à la fin. Il nous a laissé sa paix dans laquelle nous sommes vainqueurs de l’ennemi, et il nous donnera sa paix dans laquelle nous régnerons sans plus jamais avoir d’ennemis. Il nous laisse la paix dans laquelle nous nous aimons mutuellement ; et il nous donnera sa paix dans laquelle nous ne connaîtrons plus de dissentiments. Il nous laisse la paix pour ne point nous juger témérairement ; et il nous donnera sa paix quand toutes les pensées des cœurs étant manifestées seront louées de Dieu. »
Oui, il y a une paix qu’il nous laisse en s’en allant, et il nous apportera sa paix quand il reviendra à la fin. Il nous a laissé sa paix dans laquelle nous sommes vainqueurs de l’ennemi, et il nous donnera sa paix dans laquelle nous régnerons sans plus jamais avoir d’ennemis. Il nous laisse la paix dans laquelle nous nous aimons mutuellement ; et il nous donnera sa paix dans laquelle nous ne connaîtrons plus de dissentiments. Il nous laisse la paix pour ne point nous juger témérairement ; et il nous donnera sa paix quand toutes les pensées des cœurs étant manifestées seront louées de Dieu. »
«Il y a entre nous une certaine paix, parce que nous croyons à notre affection mutuelle ; et cependant cette paix n’est pas entière, parce que nous ne voyons pas mutuellement les pensées de nos cœurs, et que nous jugeons en bien ou en mal les choses qui nous touchent »
« Aussi cette paix, bien qu’elle nous ait été laissée par Jésus-Christ est notre paix. Sa paix, à lui, est bien supérieure à la nôtre. Mais si nous conservons jusqu’au bout la paix qu’il nous a laissée, nous arriverons à posséder une paix semblable à la sienne : car il n’y aura plus de combats à soutenir, plus rien de caché dans les cœurs. »
C’est à cette paix qu’il faut aspirer dès maintenant!
Voici que, de nouveau, la mort vient fouiller notre foi. Surtout, s’il s’en va au bout d’une longue course, le vieillard qui meurt nous interroge par son départ: Où est-il, que fait-il? Et, à votre endroit, ma sœur Trinité, ce matin, les pourquoi surgissent nombreux: pourquoi avez-vous fait profession religieuse, pourquoi êtes-vous venue chez nous, à la Solitude, pourquoi êtes-vous partie vers d’autres cieux, pourquoi avez-vous choisi de vivre en contemplative après avoir connu la vie apostolique ou, tout simplement, pourquoi êtes-vous chrétienne, catholique?…
Nous voici réunis autour de notre sœur Trinidad âgée de 88 ans. Le Seigneur l’a appelée à la vie religieuse il y a plus de 66 ans et il vient aujourd’hui de la rappeler auprès de Lui, pour vivre dans la lumière de la paix, du bonheur sans fin. Son départ sans avis préalable vers la cité céleste nous a surpris.
Oui, le temps est venu pour notre soeur, de vivre l’éternité de la joie parfaite, cette joie indicible, inexprimable et pourtant si réelle dont notre existence présente se rapproche sans cesse, sans jamais pouvoir l’atteindre vraiment. La vraie joie celle promise par Jésus-Christ est celle de la paix que l’on ne trouve qu’en Dieu Seul et que l’on n’obtient en cultivant, tout au long des jours, la foi l’espérance et la charité.
Sr Trinidad tu as témoigné combien ton cœur, ton âme, ta vie n’ont jamais été rassasiés du bonheur futile et éphémère que la terre peut seulement donner. Aujourd’hui, le Seigneur te dit: entre dans la joie de ton maître et reçois la couronne de vie !
A la lecture de tous les messages reçus, messages pleins d’affection, de reconnaissance, nous rendons grâce à Dieu pour ta vie qui a toujours été une ouverture sur le monde, sur l’humanité souffrante. La fécondité de ta vie cachée avec le Christ en Dieu, dans le silence et la solitude, la prière et le travail réside en ce que tu as uni ta vie pauvre, chaste, obéissante à la vie même du Christ.
Merci chère sœur Trinidad pour ta vie, vrai témoignage profond de la joie de l’Evangile qui nous rappelle que « la vie n’a de valeur qui si elle est un feu d’amour sans cesse renaissant. » Tu as donné ta vie dans un amour infini et fidèle pour Dieu et son Eglise.
Par ta prière simple et humble, forte et puissante, tu as frappé, tu as insisté auprès du Seigneur, de la Vierge Marie, du Bon Père Noailles… pour tous ceux et celles qui habitaient ton cœur : pour ta famille, pour la Sainte-Famille, pour les communautés ecclésiales et humaines dont tu as croisé la route en Espagne, en France, au Lesotho, en Argentine.
Tu as suivi le Christ avec fidélité et disponibilité jusqu’au bout. Nous en sommes témoins ! Tu as aimé servi, aidé de tout ton cœur et de toute ton âme, toujours attentive, prête à tout instant à venir en aide toute personne. Il en était de même en communauté. Nous ne pouvions t’arrêter ! Tu étais tenace, têtue… mais le sourire accompagnait chacun de tes arguments !
Merci Trinidad ! Repose en paix, dans cette paix que tu s appelé et désiré si fort pour notre terre ! Et tu nous dis aujourd’hui: « Comme mon Père m’a aimée, moi aussi je vous ai aimés. ».
Et nous te disons à notre tour : Comme le Père t’a aimée, nous aussi nous t’avons aimée et nous garderons de toi le souvenir aimant de ta présence fraternelle parmi nous, au milieu de nous. Merci Trinidad !
« Ecouter » et « suivre » ; » connaître » et « donner sa vie » : quatre verbes qui expriment les relations entre le divin Pasteur et ses brebis dont la sécurité est assurée par le Père avec qui le Seigneur est UN.
Quand vous entendez le Seigneur demander : « Pierre m’aimes-tu ? », considérez Pierre comme un miroir et regardez-vous en lui. Est-ce que Pierre représentait autre chose que la figure de l’Eglise ? Lorsque le Seigneur interrogeait Pierre, c’est nous l’Eglise qu’il interrogeait. »
Vous me demandez de causer avec vous de temps en temps et de vous dire ce dont j’ai l’esprit rempli. Eh bien, ce qui l’occupe eu ce moment est cette grande et un peu mystérieuse figure de saint Joseph dont le nom seul fait sourire les gens supérieurs.
C’était à la fois un ouvrier et un gentilhomme. Il était hilare et silencieux, avec un grand nez noble, des bras musculeux et des mains dont un doigt était souvent enveloppé d’un linge comme il arrive à ceux qui travaillent le bois.
Il n’était pas aimé des gens de Nazareth, comme ne le sont guère ceux qui suivent une vocation singulière? Et quelle plus singulière que la virginité pour un homme, à cette époque surtout ? Qu’il devait être patient et fort contre l’ennui, comme le soleil qui chaque matin recommence sans s’ennuyer la même route.
Je le vois, revenant de Caïffa par un jour d’automne, où il est allé chercher son bois dans une mauvaise charrette ! Je le vois qui passe le Sizon, à cet endroit où l’on découvre devant soi toute la plaine d’Esdrelon jusqu’aux montagnes du Transjourdain, le territoire d’un seul coup de six tribus. La charrette enfonce dans la boue jusqu’aux essieux. Puis je le vois dans sa boutique un matin de soleil, j’entends la scie et le bruit sonore des morceaux de bois, j’entends un enfant qui vient le chercher et qui crie : Joseph ! Joseph !
Peut-être cela se rattache-t-il d’une manière ou de l’autre à son départ pour Jérusalem. Sa boutique devait être chérie des enfants comme le sont toujours celles des menuisiers. Puis je le vois qui revient de Jérusalem à l’étonnement de tout le monde avec sa fiancée si jeune et si douce (pas très aimée du monde, elle non plus)
Je les vois quand ils arrivent et la voisine complaisante qui avait préparé le ménage. Que de commentaires sur tout cela le soir à la fontaine ! Joseph est le patron de la vie cachée. L’Écriture ne rapporte pas de lui un seul mot. C’est le silence qui est père du Verbe. Que de contrastes chez lui !
Il est le patron des célibataires et celui des pères de famille, celui des laïcs et celui des contemplatifs ! Celui des prêtres et celui des hommes d’affaires. Car Joseph était charpentier. Il était obligé de discuter avec les clients et de signer de petits contrats, de poursuivre les débiteurs récalcitrants, de plaider, de compromettre, d’acheter ses fournitures au meilleur compte en réfléchissant sur les occasions, etc.
Que ses derniers jours de faiblesse durent être touchants entre Jésus et Marie quand déjà il ne pouvait plus travailler ! Je vois le cocher d’une de ces belles dames qui allaient aux eaux de Tibériade s’arrêtant chez le charpentier malade pour faire réparer la voiture. C’est Jésus lui-même qui s’en charge et qui lui prend l’outil des mains. Tout cela se passe sans un mot au plus profond de cet Empire Romain plein d’orgueil et de crimes, comme notre civilisation actuelle. Ce n’est ni César, ni Platon.
Il n’y a ici que trois pauvres gens qui s’aiment et c’est eux qui vont changer la face du monde. Cela se passe au pied d’une montagne toute ronde qui est le Thabor et au loin on voit le long faîte du Carmel. Les villages voisins s’appellent Cana, Nahum, Endor, Mageddo. En trois heures, on arrive à ce brillant pays du lac de Génésareth, qui était alors ce qu’est aujourd’hui Aix-les-Bains, aujourd’hui désert et inhabité.
Paul Claudel Lettre à un ami – Prague, le 24 mars 1941.
“Sans l’espérance, vous ne rencontrerez jamais l’inespéré qui est introuvable et inaccessible” (Héraclite d’Ephèse)
Il y a un paradoxe dans cette affirmation, un paradoxe révélé dans l’annonce faite à Marie par l’ange Gabriel…
L’ange Gabriel est porteur de l’inespéré. Au-delà de ce que Marie aurait pu imaginer, et plus encore: au-delà de ce que Marie aurait pu désirer…
Mais son désir s’évapore dans la présence de l’Annonciateur. Il annonce autre chose et quelque chose se passe. Marie est ouverte. Elle a “la petite espérance”, cette petite clef maîtresse, cette petite soeur qui porte la foi et et l’amour, selon Péguy. Cette clef qui ouvre sur l’inespéré. “Qu’il me soit fait selon ta parole dit Marie en dépit du bon sens. Mais elle a reconnu la parole de Dieu. L’inespéré: celui qui nous exauce au-delà de nos voeux”
Marion Muller-Collard “Eclats d’Evangile” p 155 et 156 Ed Bayard – Labor et Fides