C’était précisément par sa mort qu’il opérait la Rédemption attendue. Mais cette mort les avait tellement troublés qu’ils avaient tout oublié. »
« Comme ils sont loin, dit S. Augustin, de la foi du larron repentant ! Sur sa croix, celui-ci demandait à celui qui était comme lui en croix de se souvenir de lui quand il serait dans son royaume. » Sa mort avait détruit toutes leurs espérances ; « mais il leur avait annoncé lui-même qu’il devait souffrir, qu’il devait mourir, et qu’il devait ressusciter le troisième jour.Et voilà que quelques femmes, de celles qui étaient avec nous, nous ont épouvantés. Car ayant été de grand matin à son tombeau, et n’y ayant plus trouvé son corps, elles sont venues dire qu’elles ont aussi vu des Anges qui disent qu’il est vivant.
« Cependant leur manque de foi n’est pas complet. Un reste de foi se manifeste dans cette parole, Voici le troisième jour que ces choses se sont passées. Ils semblent, dans cette parole, se souvenir de la promesse que Jésus-Christ avait faite de ressusciter le troisième jour. » Et ils semblent aussi rattacher cette parole à ce qu’ont vu les femmes au tombeau de Jésus. Et voilà que quelques femmes, de celles qui étaient avec nous, nous ont épouvantés. Car ayant été de grand matin à son tombeau, et n’y ayant plus trouvé son corps, elles sont venues dire qu’elles ont aussi vu des Anges qui disent qu’il est vivant.
O Christ Jésus, la route est devant nous, tortueuse, incertaine. Il nous faut cependant céder à son appel, quels que soient nos états d’âme.
Qu’avons-nous laissé derrière nous ? Nos ferveurs, nos rêves, nos impuissances ? Il est difficile de tourner la page quand un événement vous a secoué. Nous voudrions tant faire durer l’excitation et la mobilisation d’un moment. Mais il nous faut apprendre le travail de deuil et revenir chez soi, et revenir sur soi.
Heureux sommes-nous si nous ne sommes pas seuls dans notre marche et pouvons échanger avec un compagnon de route, quitte à élever le ton de temps à autre. La solitude peut être une épreuve trop lourde à porter au temps de l’individu-roi. La parole échangée nous allège et rend la route plus familière.
Nous nous comptons par deux alors qu’il faut nous dénombrer trois. En effet tu n’es jamais absent de nos rencontres, tu habites chacun de nos dialogues pour les ouvrir à la réalité. Tu es la Parole à l’origine de toute parole.
O viens Seigneur Jésus, t’introduire dans nos face-à-face, viens nous obliger à creuser la signification de ce qui nous arrive, et à donner de l’élan à nos vies. Nous croyons avoir tout compris. Il nous manque la clef de ta venue et de ton accompagnement pour remettre de l’ordre dans nos mémoires, interpréter l’histoire passée et présente, et laisser la Parole brûler nos vies.
Ta Parole, il faut bien l’avouer, n’est pas surgissement de pure nouveauté. elle a été burinée grâce à des siècles de foi et d’attente par le plus petit des peuples. Elle s’inscrit dans une succession de gestes prophétiques toujours soucieux de la grandeur de Dieu et de la dignité de l’homme.
Mais voilà, tu es plus qu’un prophète parmi d’autres, plus qu’un messie cristallisant l’espoir des nations. Tu viens de Dieu et tu retournes à Dieu en traversant toute l’épaisseur de la condition humaine, jusqu’à être conduit à une mort ignominieuse.
Cependant, cette mort n’a pu te retenir entre ses mains glacées. Au creux de notre nuit, la nouvelle de ta résurrection n’en finit pas de nous éblouir : tu es vivant, et toute vie trouve en toi sa source et son accomplissement, son sens et sa fécondité.
Alors que tu as tant à faire sur les routes humaines, passant considérable, accepte de partager notre gîte et notre couvert. Nous avons faim de parole et de pain, et plus encore du ciel sur la terre. Refais pour nous les gestes du don et de la communion.
Apprends-nous à devenir nourrissant pour les autres comme toi-même l’es pour tous. Fais-nous comprendre qu’en rejoignant la communauté des disciples nous n’avons plus à nous inquiéter de ton absence et qu’en rejoignant la communauté des hommes Nous sommes nous-mêmes responsable de ta présence.
La route est tortueuse, incertaine. Pourtant elle est jalonnée des signes ténus et efficaces qui nous remettent à ta suite, réveillés de nos engourdissements et désenclavés de nous-mêmes.
Donne-nous le souffle pour courir porter la nouvelle à nos frères, jusqu’à cette Jérusalem céleste qui vient à notre rencontre pour rassembler les pèlerins de tous les peuples et de toutes les religions.
Extrait de ‘Disciples d’Emmaüs’, Bruno Chenu, édition Bayard[:]
Pâques: Fête de l’Esprit! En vivre, oblige à suivre ce que nous inspirent la Foi, l’Espérance et la Charité. Ainsi nous incombe-t-il d’agir avec humilité en fonction de nos capacités, là où nous sommes.
Pâques: Fête de la Foi, pour tous ceux qui croient en Dieu, sachant que la Foi en Jésus ressuscité ne s’impose jamais comme une évidence.
Pâques: Jour de Joie car Jésus est ressuscité, mais non sans doute, pour tous les hommes. La tristesse, , envahit un moment les disciples qui se sentent abandonnés … mais le Seigneur tient toujours parole; ils vont le découvrir.
Jean fut le premier à courir au tombeau et, nous dit l’Evangile, il vit et il crut. Et que vit-il? Rien apparemment, un tombeau vide.
Jésus s’est libéré des liens de la mort, qui I ’emprisonnaient dans la nuit du tombeau.
Dieu son Père, I’a ressuscité; l’Evangile, jalonné de signes, ne cesse de nous faire comprendre que le Dieu d’ Amour ne peut mourir: Jonas, le temple rebâti en trois jours, etc …
Cependant, pas un seul instant Jean a douté. L’Amour que Jésus a déposé en lui lorsqu’il était avec eux, ne trompe pas; il demeure à jamais gravé en son cœur et sera toujours plus fort que la mort.
La Foi, proposée à tous est impalpable, ne se sent pas, ne se voit pas non plus, mais elle rayonne en nos vies. Elle est perçue au plus profond de ceux qui cherchent Dieu.
Le vieillissement, la mort, l’arrêt du cour et des facultés mentales peuvent s’éteindre, la Vie en Christ ressuscité continue: de mort elle nous fait passer à la Vie éternelle; de l’ombre surgir à la lumière. ,
Pâques, c’est le triomphe de l’Amour et de la Vie! Rien, ni personne, pas même les bourreaux, n’ont pu empêcher la résurrection de Jésus.
La force de son Amour insondable s’est communiquée aux hommes qui désirent trouver la source et bâtir l’Eglise.
Nous sommes tous uniques aux yeux de Dieu. Le Christ ressuscité appelle chacun(e) par son nom pour l’inviter au banquet de la noce.
Jésus est le seul chemin qui nous mène à la vraie Vie. Seule la Foi ouvre les yeux sur I’invisible Amour qui fait Vivre.
« Dieu est invisible aux yeux, mais il devient visible à celui qui prie le Tout-Amour» (Louis Evely)
Le Christ est ressuscité,
cherchons-le parmi les vivants Le Christ est ressuscité.
Il n’est pas ici. Cherchons-le en Galilée,
c’est-à-dire parmi les vivants,
témoins de l’amour ressuscité.
Et l’Ange, s’adressant aux femmes, dit :
Ne craignez pas.
« Ne croyez pas que l’Ange soit venu pour ouvrir à Jésus Christ la porte de son tombeau et l’aider à en sortir; l’Ange ne vint qu’après la Résurrection, au moment marqué par Jésus-Christ ; il fut envoyé pour rendre public ce qui s’était fait dans le secret, et pour faire voir, en ôtant la pierre et en se tenant assis auprès du tombeau vide, que Jésus-Christ n’y était plus. » (St Jérôme)
« L’éclat du visage de l’Ange que l’Evangéliste compare à celui de l’éclair, de l’éclair qui se manifeste dans le ciel, indique son origine céleste ; son vêtement dont la blancheur est la plus parfaite qui puisse exister sur terre, celle de la neige, indique les rapports qu’il a avec nous. C’est une blancheur dont nos yeux peuvent supporter l’éclat à laquelle nous pouvons participer. » (St Pierre Chrysologue)
« Ils prouvent aussi, que le Christ étant ressuscité, la mort étant terrassée, les communications sont rétablies entre le ciel et la terre : et la femme qui avait reçu de l’Ange déchu des paroles amenant à la mort, reçoit des Anges des paroles qui mènent à la vie. » (St Pierre Chrysologuc)
« Comme les Anges ont assisté le Christ au tombeau, croyez qu’ils viennent au moment de la consécration, assister au mystère du corps du Christ. » (Bède)
“Le séjour de Jésus au tombeau était pour lui
le moment du repos
et la préparation des plus grands mystères.”
Jusque dans sa mort, Jésus respecte le Sabbat (1). Lorsque tout est achevé (Jn 19,30), il se repose de toutes ses œuvres dans le tombeau. Même si rien ne se passe à nos yeux, Il accomplit la seule activité autorisée le jour du Sabbat (Mc 3, 1-6) : sauver une vie; mais la vie qu’il sauve est celle de l’humanité entière, délivrée du péché et de la mort.
Jésus est maître du Sabbat. Au tombeau, il en accomplit le sens profond : celui d’un espace temporel totalement investi par la présence du Père. Et Il nous fait entrer dans ce repos.
Lorsqu’apparaît dans le ciel l’étoile annonçant la fin du Sabbat et l’aurore du premier jour, de la semaine, Marie-Madeleine se rend au tombeau, et le tombeau est vide. Le Sabbat de Jésus au tombeau s’ouvre sur le huitième jour, c’est-à-dire je Jour de la plénitude des temps, annoncé en Za 14,1: « ce jour sera unique, connu de l’Eternel, et ne sera ni jour ni nuit ».(Sr Bernadette Taurinya)
Le monde en est toujours au samedi saint
et rêve entre sa mort et sa résurrection
mais ceux qui sont enfermés tout au fond
et ne peuvent dormir entendent plus bas
s’ouvrir devant le Christ les portes souterraines :
J-P LEMAIRE – L’exode et la nuée »
Ed Gallimard 1982 p :61
Il était suivi par une grande foule composée de membres du peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui.28Jésus se tourna vers elles et dit: «Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants. (Luc 23,27-28)
« Vous nous avez appris vous-même à pleurer, vous le roi de gloire et le maître des vertus; vous nous l’avez enseigné par votre parole et vos exemples. Vous avez pleuré sur votre ami au tombeau, sur la cité qui avait mérité de périr.
Par ces bonnes larmes, par toutes les miséricordes de votre cœur, je vous en supplie, ô doux Jésus, donnez-moi le don des larmes ; accordez-le-moi par l’action de l’Esprit-Saint qui seul amollit le cœur des pécheurs ; donnez-moi de pleurer sur moi pendant toute ma vie… Donnez-moi un signe certain de votre amour, une source de larmes qui coule toujours ; que ces larmes soient mon pain le jour et la nuit ; quelle vous disent mon amour. » (St Augustin)