“Marthe appelle sa soeur Marie et lui dit tout bas: le maître (Rabbi) est là, et il t’appelle. Marie se leva immédiatement et alla vers lui” -Jean 11, 28-. Cyrille compare la course de Marie à la rencontre du Christ, à celle de l’épouse du Cantique des Cantiques: “Il faut que je me lève, que je cherche celui que j’aime“. Il dit que Marie personnifie “le grand amour envers Christ, qui est celui de tout humain, la présence [du Christ] qui seule le rendra heureux”.
Ainsi, si Marthe est l’icône et le modèle de la foi pour la vie des Eglises, Marie est celle de l’amour que tout chrétien est appelé à vivre dans sa relation unique avec Christ.
Marie fait au Seigneur la même remarque que sa soeur: “Si tu avais été ici, il ne serait pas mort”. [Jésus] ne reprend pas Marie, ivre de chagrin, pour avoir dit “si tu avais été là” à celui qui emplit toute la création. En faisant cela, il nous prescrit aussi à ne pas reprendre ceux qui sont au comble de la douleur.
Gardons bien en mémoire la douceur du Seigneur et le conseil de Cyrille d’Alexandrie.
@ Marthe et Marie – coptica
Catégories: Lu ailleurs | 29/03/2020
“Vite, elle se leva”:
comme la Vierge de la Visitation, comme l’épouse du Cantique, dont ces quelques verstes ont la tonalité… même’il n’y a pas cette sorte d’allégresse que l’on trouve dans le récit de l’aveugle-né.
Mais le verbe est aussi celui du réveil et de la résurrection. De sa prosternation et de son deuil, à cet appel, Marie s’éveille et ressuscite, elle, la première, avant Lazare.
Catégories: Méditations | 28/03/2020
“Rien n’et si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application.
Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.
Incontinent, il sortira du fond de son âme, l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir…
Quand je me suis mis, quelques fois, à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent (…) j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.”
Blaise Pascal – Pensées
Ed la Péliade, 1936
Cité par Fr F.Cassingena-Trévedy
dans l’hebdomadaire “La Vie” 6 mars 2020
Catégories: Lu ailleurs | 27/03/2020
La fête de l’Annonciation a en quelque sorte deux faces.
L’une d’elles est tournée vers la Très Sainte Mère de Dieu. Elle concerne sa gloire et notre piété envers Marie. La déclaration de cette gloire et l’expression de cette piété trouvent leur forme parfaite dans la première phrase du message de l’ ange : «Réjouis-Toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec Toi». Nous ne pouvons mieux nous adresser à la Sainte Vierge qu’ en répétant cette phrase avec vénération et tendresse.
L’autre face du mystère de l’Annonciation est tournée vers les hommes. Dans la vie de tout chrétien, il doit y avoir des Annonciations divines à des moments où Dieu nous fait connaître sa volonté et son dessein à notre égard. Mais toutes ces Annonciations doivent s’unir et se fondre dans une Annonciation essentielle : l’ Annonce que Jésus peut naître en nous, peut naître de nous – non point dans le sens où il fut conçu et mis au monde par la Vierge Marie, car il s’ agit là d’un miracle unique et inégalable, mais dans le sens d’une prise de possession toute spirituelle et en même temps très réelle de notre personne par le Sauveur.
Et puis rappelons-nous que toute Annonciation authentique est aussitôt suivie d’une Visitation : la faveur divine étendue sur nous doit immédiatement provoquer de notre part une démarche, une parole ou un acte de charité envers nos frères. Voilà pourquoi l’évangile des matines de l’Annonciation est le récit de la visite faite par Marie à Elisabeth. La Mère de Dieu, aussitôt après son entretien avec Gabriel, va porter la grâce à sa cousine et faire rayonner cette grâce sur Elisabeth et Jean.
Texte extrait du livre “L’an de grâce du Seigneur” du Père Lev Gillet (“Un moine de l’Eglise d’orient”) aux éditions du Cerf
Catégories: Méditations | 25/03/2020
Nous sommes des aveugles nés qui nous refusons à voir la réalité telle qu’elle est. Jésus est la vraie lumière qui vient en ce monde, apporte la clarté dans notre existence, ouvre nos yeux à la vraie réalité : « Rabbi, à qui la faute s’il est né aveugle, à lui ou à ses parents » (9, 2), « Ni à lui ni à ses parents, c’est pour que l’action de Dieu se manifeste à travers lui » (9, 3).
La question de la faute est accessoire; ce qui est décisif, c’est qu’à travers cet aveugle, Dieu se manifeste : « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (9, 5). Cela dit Jésus met de la boue sur les yeux de l’aveugle et lui dit d’aller se laver à la piscine de Siloé (nom qui signifie : envoyé), (9, 6-7). Pour voir, l’aveugle doit aller à Jésus, avec toute sa crasse, et s’en laver dans son amour.
L’usage est de lire cet Evangile à l’occasion des baptêmes. L’Eglise primitive appelait le baptême « phôtismes » : illumination, car il nous conduit dans la lumière.
Anselme GRÜN
Catégories: Méditations | 22/03/2020
Joseph, ombre du Père
En 1657, BOSSUET prononçait un fameux Panégyrique de saint Joseph. Il affirmait qu’il y a, dans la vie chrétienne, deux vocations essentielles, celle des apôtres et celle de saint Joseph : Les apôtres sont des lumières pour faire voir Jésus-Christ au monde; Joseph est un voile pour le couvrir, et sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité de Marie et la grandeur du Sauveur des âmes.
Joseph, image du Père
Un grand spirituel du XVllème siècle, Jean-Jacques OLIER, l’a exprimé d’une manière indépassable : L’admirable saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer les perfections adorables de Dieu le Père. Dans sa seule personne il portait ses beautés, sa pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion. Un seul saint est destiné pour représenter Dieu le Père. Le Père s’étant choisi ce Saint pour en faire sur la terre son image, il lui donne avec lui une ressemblance de sa nature invisible et cachée.
En étant, pour Jésus, « l’ombre et l’image de Dieu le Père », Joseph à la fois respecte le mystère de Dieu et apprend à Jésus à découvrir, avec ses yeux et son intelligence de petit garçon, qui est vraiment son Père: un Père juste et bon, un Père aimant et provident, un Père jamais possessif, un Père qui, en quelque sorte, se laisse adopter par ses enfants.
Joseph, ombre bienfaisante
Qui dit « ombre », dit aussi « présence environnante ». Être l’ombre de Dieu sur un enfant, c’est manifester sur lui la présence protectrice de Dieu, qui étend sa main pour le garder à l’abri de son ombre. Voilà encore la mission d’un père, et celle de saint Joseph. C’est la seconde raison pour laquelle Joseph révèle les mystères en les cachant. Joseph ne révèle pas la paternité de Dieu à la manière d’un apôtre, qui la proclame haut et fort; lui nous la fait sentir, en nous prenant sous son ombre, comme il a pris Jésus sous le pan de son manteau. Par ce simple geste, que nous voyons représenté sur de nombreux tableaux, nous éprouvons la puissance protectrice de Dieu.
Extraits de la conférence prononcée par Don Thomas Diradourian, recteur du sanctuaire d’Espaly,
Si la Sainteté de Joseph vient de Jésus,
celle de Jésus passe par Joseph.
(A.Doze)
Catégories: Lu ailleurs | 19/03/2020
Les patriarches ont eu leurs puits: Abraham en a eu, Isaac aussi, Jacob, je pense, en a eu aussi.
Pars de ces puits, parcours toute l’Ecriture en quête de puits et arrive aux évangiles. Tu y trouveras celui sur le bord duquel notre Sauveur se reposait après la fatigue du voyage, quand survint une Samaritaine qui voulait y puiser de l’eau.
C’est alors qu’il explique quelles sont les vertus du puits – ou des puits – dans les Ecritures et, instituant une comparaison entre les diverses eaux, révèle les secrets du mystère divin.
Car il est dit que si quelqu’un boit des eaux données par le puits terrestre, il aura encore soif, mais en celui qui aura bu des eaux données par Jésus “naîtra une source d’eau jaillissante pur la vie éternelle”.
Dans un autre passage de l’Evangile, il ne s”agit plus de source ni de puits mais de quelque chose de plus important: “Celui qui croit en lui”, à ce que dit l’Ecriture, “il coulera de son vente des fleuves d’eau vive”.
Tu le vois donc; celui qui croit en lui possède plus que des sources et des fleuves d’ailleurs qui ne soulagent point cette vie mortelle, mais procurent la vie éternelle.
Origène
Douzième homélie sur les nombres.
Catégories: Méditations | 15/03/2020
Il ne faut pas opposer le mont Thabor et la montagne du Calvaire . Le mystère de la Transfiguration, ce n’est pas seulement l’anticipation du matin de Pâques, c’est aussi l’anticipation de la Beauté crucifiée du Vendredi saint, cette croix de Jésus qui est l’heure de sa glorification.
Sur le mont Thabor, le Père glorifie son Fils bien-aimé en qui il a mis toutes ses complaisances. Sur le Calvaire, c’est le Fils qui glorifie de Père par le geste suprême de l’amour ; le don de la vie. il s’agit d’un unique mystère qui nous conduit jusqu’au seuil du secret le plus caché de la gloire
Ce que nous appelons la gloire de Dieu, ce n’est pas le rayonnement d’une lumière plus aveuglante que dix mille soleils ou que la fission de l‘atome. C’est le rayonnement qui procède de l’excès de l’amour.
C.GEFFRE
Un espace pour Dieu
Cerf 1980 p :66
Catégories: Méditations | 8/03/2020
Si le persécuteur et le tentateur de la lumière vient t’assaillir après le baptême, – et certes il le fera, car il a bien assailli le Verbe, mon Dieu, dissimulé sous le voile de la chair, cette lumière cachée par son humanité visible, – tu as de quoi le vaincre! Ne redoute pas le combat. Oppose-lui l’eau du baptême, oppose-lui cet esprit en qui s’éteignent les traits enflammés du Mauvais.
Si celui-ci te montre la pauvreté, – car il n’a pas hésité à la montrer au Christ lui-même – et si, te montrant la faim qui te menace, il te demande que les pierres deviennent du pain, dépiste ses intentions. Enseigne-lui ce qu’il ignore, oppose-lui cette Parole de vie qui est le Pain envoyé du ciel pour donner la vie au monde.
S’il t’attaque par les pièges de la vaine gloire – comme il l’a fait pour lui, en l’élevant sur le pinacle du Temple et en lui disant: Jette-toi en bas (Mt 4,6) pour donner une preuve de sa divinité -, ne te laisse pas abaisser par l’élévation de l’esprit. Car si cette épreuve le met en échec, il ne s’arrêtera pas pour autant. Il est insatiable, il attaque sur tous les fronts. Il flatte, avec une apparence de bénignité, mais il finit par le mal. C’est là sa stratégie. En outre, cet usurpateur est versé dans les Écritures. D’où ce refrain: Il est écrit, dit-il, au sujet du pain; il est écrit au sujet des anges. Car il est écrit, dit-il, qu’il a donné pour toi des ordres à ses anges, ils te porteront sur leurs mains (Mt 4,6). O sophiste du mal! Comment as-tu supprimé ce qui suit? Car cela, je le comprends parfaitement, même si tu l’as caché: que je marcherai sur l’aspic et le basilic, qui te représentent; que je foulerai aux pieds serpents et scorpions, car je serai entouré et protégé par la Trinité.
S’il t’attaque par la cupidité en te montrant en un moment, d’un seul coup d’oeil, tous les royaumes comme s’ils lui appartenaient, en exigeant que tu l’adores, méprise-le comme le pauvre qu’il est. Dis-lui, encouragé par le sceau du baptême: “Moi aussi, je suis une image de Dieu, mais je n’ai pas, comme toi, été précipité de ma gloire céleste à cause de mon orgueil. J’ai revêtu le Christ. Par le baptême, le Christ m’appartient. C’est à toi de m’adorer.”
A ces paroles, crois-moi, il s’en ira, vaincu et humilié par ceux que le Christ a illuminés, comme il l’a été par le Christ, lumière primordiale.
Tels sont les bienfaits qu’apporté le bain du baptême à ceux qui reconnaissent sa force; voilà le festin qu’il propose à ceux qui souffrent d’une faim méritoire.
Homélie de St Grégoire de Nazianze (+ 389)
Discours 40, 10, PG 36, 370-371
Catégories: Méditations | 8/03/2020
Si le persécuteur et le tentateur de la lumière vient t’assaillir après le baptême, – et certes il le fera, car il a bien assailli le Verbe, mon Dieu, dissimulé sous le voile de la chair, cette lumière cachée par son humanité visible, – tu as de quoi le vaincre! Ne redoute pas le combat. Oppose-lui l’eau du baptême, oppose-lui cet esprit en qui s’éteignent les traits enflammés du Mauvais.
Si celui-ci te montre la pauvreté, – car il n’a pas hésité à la montrer au Christ lui-même – et si, te montrant la faim qui te menace, il te demande que les pierres deviennent du pain, dépiste ses intentions. Enseigne-lui ce qu’il ignore, oppose-lui cette Parole de vie qui est le Pain envoyé du ciel pour donner la vie au monde.
S’il t’attaque par les pièges de la vaine gloire – comme il l’a fait pour lui, en l’élevant sur le pinacle du Temple et en lui disant: Jette-toi en bas (Mt 4,6) pour donner une preuve de sa divinité -, ne te laisse pas abaisser par l’élévation de l’esprit. Car si cette épreuve le met en échec, il ne s’arrêtera pas pour autant. Il est insatiable, il attaque sur tous les fronts. Il flatte, avec une apparence de bénignité, mais il finit par le mal. C’est là sa stratégie. En outre, cet usurpateur est versé dans les Écritures. D’où ce refrain: Il est écrit, dit-il, au sujet du pain; il est écrit au sujet des anges. Car il est écrit, dit-il, qu’il a donné pour toi des ordres à ses anges, ils te porteront sur leurs mains (Mt 4,6). O sophiste du mal! Comment as-tu supprimé ce qui suit? Car cela, je le comprends parfaitement, même si tu l’as caché: que je marcherai sur l’aspic et le basilic, qui te représentent; que je foulerai aux pieds serpents et scorpions, car je serai entouré et protégé par la Trinité.
S’il t’attaque par la cupidité en te montrant en un moment, d’un seul coup d’oeil, tous les royaumes comme s’ils lui appartenaient, en exigeant que tu l’adores, méprise-le comme le pauvre qu’il est. Dis-lui, encouragé par le sceau du baptême: “Moi aussi, je suis une image de Dieu, mais je n’ai pas, comme toi, été précipité de ma gloire céleste à cause de mon orgueil. J’ai revêtu le Christ. Par le baptême, le Christ m’appartient. C’est à toi de m’adorer.”
A ces paroles, crois-moi, il s’en ira, vaincu et humilié par ceux que le Christ a illuminés, comme il l’a été par le Christ, lumière primordiale.
Tels sont les bienfaits qu’apporté le bain du baptême à ceux qui reconnaissent sa force; voilà le festin qu’il propose à ceux qui souffrent d’une faim méritoire.
Homélie de St Grégoire de Naziance (+ 389)
Discours 40, 10, PG 36, 370-371
Catégories: Méditations | 1/03/2020