“Sentir ce qui nous manque, est la préparation nécessaire à tout progrés ultérieur. Celui qui ne sent pas la privation des biens véritables, croyant les possèder, celui-là est abandonné pleinement et justement à sa pauvreté. Dieu n’a pas mis la folie au-desus de la sagesse mais il a mis l’humilité au-desus de l’orgueil.” (Origène)
“Toutes les cathédrales du monde, si belles soient-elles, ne sont que des images auprès de la cathédrale de nous-mêmes que chacun doit ériger au-dedans de soi!
C’est cela le véritable sanctuaire. Le Temple va s’écrouler, Notre-Seigneur l’annonce. Du Temple magnifique, une des merveilles de l’univers, il ne restera pas pierre sur pierre et qu’importe parce que désormais le seul sanctuaire qui compte, c’est le sanctuaire de nous-mêmes.
Et le sanctuaire porte la Croix au-dedans de nous comme notre unique espérance, parce que justement elle est à la mesure de notre aventure infinie… ” (M.Zundel)
Faisons à présent silence afin d’écouter avec efficacité la Parole du Seigneur et conservons le silence après l’écoute afin que cette Parole puisse continuer à demeurer, à vivre et à nous parler.
Faisons-la résonner au début de notre journée afin que Dieu ait le premier mot et laissons-la retentir en nous le soir afin que le dernier mot soit de Dieu. (Benoît XVI – 2008)
La tradition rabbinique dit : ” L’Eternel appela Moïse le 7 ième jour du milieu de la nuée : pour proclamer les 10 Paroles. D’autres soutiennent que la nuée a couvert Moïse pendant six jours et ce après la proclamation des 10 Paroles.
Ces six jours se situent au début des quarante que Moïse a passé sur la montagne pour recevoir les tables de la Loi et cela t’enseigne que celui qui pénètre dans le camp de la Shekhina est tenu à un isolement préalable de six jours “” Il appela Moïse le septième jour du milieu de la nuée… ».
La tradition rabbinique extrapole et dit : tous ceux qui pénètrent dans le camp divin sont tenus à une période de séparation préalable de six jours :
« Quiconque entre dans le camp de la majesté divine est tenu au préalable de s’isoler pendant six jours ” (Talmud)
Lorsqu’il fut appelé à recevoir la Loi des mains de Dieu, Moïse – l’ami de Dieu, le plus grand prophète de tous les temps, l’homme le plus humble prêt à chaque instant à recevoir la parole divine – dut observer la période des six jours de préparation, de recueillement intérieur, consacrée à l’élévation morale et spirituelle de toute sa personnalité.
* Origène: “Dépasser les six jours”
“Si donc l’un d’entre nous veut que Jésus le prenne avec lui et le fasse monter sur la haute montagne,le jugeant digne de contempler, à l’écart, sa Transfiguration, qu’il dépasse les six jours, en ne voyant plus le visible, en n’aimant plus le monde et ce qu’il contient et en n’ayant plus de désir terrestre, c’est à dire concernant le corps, la richesse, la gloire et tout ce qui par nature entraîne et attire l’âme loin des choses supérieures et divines… en effet, quand il aura dépassé les six jours,au sens que nous avons précisé, il célébrera un nouveau sabbat, se réjouissant, sur la haute montagne, de voir Jésus transfiguré devant lui...“
Vous êtes pécheur ? Ne désespérez pas ! Si vous avez cédé au péché, renouvelez-vous dans la conversion.
La bonté de Dieu s’inscrit en toile de fond, ayez confiance ! Sa bienveillance à notre égard est infinie, je dirai même indicible. Vos défauts ont des limites ; leurs remèdes n’en ont pas. Quand bien même vos fautes seraient innombrables, elles n’en demeurent pas moins humaines, sans commune mesure avec la bonté de Dieu. Ayez donc confiance.
Imaginez une étincelle qui tombe sur la mer ; pensez-vous qu’elle puisse subsister et continuer à briller ? Au contact de la bonté de Dieu, vos péchés s’évanouissent comme l’étincelle au contact de l’eau. Bien plus encore, l’océan, si grand soit-il, à des limites, la bienveillance divine n’en a pas. (Saint Jean Chrysostome )
Homélie de Victor SEGRETAIN pour le mercredi des Cendres: Voici le temps de la Vie
Le prêtre va tracer sur nous le signe des Cendres. Ainsi va se révéler ce que nous sommes : des hommes et des femmes promis à la poussière de la mort mais sauvés par Jésus-Christ et désormais promis à la vie sans fin.
Chaque grain de poussière a la même insignifiance que n’importe quel autre grain de poussière. El la poussière ne tient pas en place: elle tourbillonne au hasard et on la foule aux pieds. Et la cendre est l’image de ce qui n’est plus rien…
Mais le Fils de Dieu a pris chair semblable à celle du péché. Il s’est fait poussière et cendre. Tout a changé quand Dieu s’est imposé à lui-même la poussière de notre terre, car, dès lors, notre « rien » a été envahi par la plénitude de Dieu.
La poussière humaine est devenue corps du Christ. Dans la poussière de notre sol germe et grandit le grain de blé, et aussi le pied de vigne. De notre terre et du travail de l’homme naît le sacrement du Corps et du Sang.
Tu viendras te présenter au prêtre pour que le signe des cendres rejoigne le signe de l’huile de ton baptême. Et dès lors, tu rayonneras du signe du péché pardonné, et de la grâce de l’enfant que le Père a retrouvé.
Tu présenteras tes mains pour qu’y soit déposé aujourd’hui la poussière du sol, car en tes mains sera semée l’eucharistie, pour que tu deviennes Corps du Christ.
Et puis, tu marcheras, quarante jours de désert, délesté de l’inutile, désencombré de mesquineries parce qu’il ne faut plus traîner.
Quarante jours pour éduquer le cœur et apprendre à aimer, d’une manière nouvelle, débarrassé des épines de la méchanceté, des ronces de la jalousie.
Quarante jours pour purifier l’esprit, en arracher les idées reçues, devenir clair comme une source, quêteur de vérité.
Quarante jours pour éduquer le regard, pour dépasser l’usure et traverser l’écran des masques.
Tu marcheras quarante étapes, au rythme d’un autre pas que le tien, et tu te sauras accompagné.
Tu recevras quarante paroles et, pour une fois, tu les laisseras délier les secrets de tes désirs. Et puis tu feras le grand ménage…
Tu poseras quarante regards nouveaux sur le Père, et sur tes frères, car tu disposes de quarante jours pour être transfiguré, pour être réveillé, et être consolé, pour te recevoir de nouveau du Père. Quarante jours aussi pour devenir Bonne Nouvelle.
Allons, lève-toi de ton lit de cendres, car voici que pointe déjà le jour de ta Résurrection. Réjouis-toi : c’est le Carême, et Dieu vient te convertir à sa Vie.
Le filet de lumière qui traverse l’obscurité y révèle mille poussières qui scintillent. Toi aussi, laisse-toi devenir poussière de gloire.
Quarante jours pour préparer notre entrée dans la vie.
Quarante jours pour apprendre de Jésus à renoncer à toute volonté de puissance comme à celle du paraître (Ph 2,6-11).
Quarante jours pour apprendre de Jésus à nous nourrir du pain de la Parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt 8,3).
Quarante jours pour aimer, comme Jésus, le Père de tout notre coeur (la prière) , de toute notre âme (jeûne), de toutes nos richesses (aumône).
Quarante jours pour revenir au Seigneur notre Dieu, pour passer des ténèbres à la lumière, de l’esclavage du péché à la liberté, de la tristesse à la joie.
“Quarante jours pour cheminer vers le Mystère pascal car tel est le sens du jeûne inauguré par Jésus.” (F.Manns)
Césaire d’Arles – extrait du sermon 37 pour pour le Carême
“On ne nous dit pas : Allez vers l’Orient pour chercher la charité, naviguez vers l’Occident pour trouver l’amour de Dieu. Non, c’est à l’intérieur, dans notre cœur – dont nous avons constamment à chasser la colère – qu’il nous est ordonné de rentrer; comme le dit le prophète : pécheurs, revenez, à votre cœur. Je viens de le dire; ce n’est pas dans les régions lointaines qu’on trouve ce que le Seigneur demande de nous : c’est à l’intérieur de notre cœur qu’il nous envoie. Il a en effet placé en nous ce qu’il requiert de nous.
Dieu te dit : ce n’est pas moi qui tire de toi ma croissance, mais toi de moi. Je veux un sacrifice qui soit utile à l’homme, et s’il me parvient c’est parce qu’il t’est utile. Tu peux me dire : Je n’ai rien à donner à l’indigent, je ne peux pas jeûner fréquemment et m’abstenir de vin ou de viandes. Mais peux-tu me dire que tu ne peux avoir la charité ? Elle qu’on possède d’autant plus pleinement qu’on la dispense totalement.
De meilleur marché qu’un verre d’eau froide, il n’y a que la bonne volonté… Mais peut-être ai-je tort de dire que la bonne volonté est ce qu’il y a de meilleur marché ? oui, car elle est plus chère que tout et il a tout, celui qui a la bonne volonté. La bonne volonté, en effet, s’appelle charité.”