Réflexion de Adrian Diaconu – Archiprêtre et Recteur à Genève et Lausanne, Doyen de Suisse
Nous sommes vraiment dans l’urgence d’un changement radical, c’est-à-dire qui va à la racine – spirituelle – des choses et débouche sur une métanoia, un retournement de l’esprit et une ouverture du coeur à l’Esprit, sans lesquelles toutes les mesures éthiques, politiques ou sociales resteront insuffisantes. Il faut accepter de rentrer en soi-même, comme «l’enfant prodigue » de la parabole de Jésus, pour re-aspirer à la sainteté et à la beauté divine par l’amour.
La sainteté ne consiste pas proprement à ne pas pécher, mais bien plutôt à faire confiance à la miséricorde de Dieu, qui est plus forte que nos péchés et capable de relever le croyant qui est tombé. La sainteté est un chant élevé à la miséricorde de Dieu, elle témoigne de la victoire du Dieu trois fois saint et trois fois miséricordieux.
« La sainteté est un chant élevé à la miséricorde de Dieu »
On peut dire que la sainteté chrétienne, même dans sa dimension éthique, a un caractère, non pas légal ou juridique, mais eucharistique. La sainteté est la beauté qui conteste la laideur de la fermeture sur soi, de l’égocentrisme, de la philautia (l’amour de soi-même). Elle est la joie qui conteste la tristesse de celui qui ne s’ouvre pas au don de l’amour, comme le jeune homme riche qui « s’en alla tout triste » (Mt 19,22)…
Ainsi, la sainteté, et la beauté, constituent un don et une responsabilité du chrétien. C’est la beauté qui resplendit là où l’on fait vaincre la communion au lieu de la consommation, la contemplation et la gratuité au lieu de la possession et de la voracité. « C’est la beauté, selon Dostoïevski, qui sauvera le monde ». Oui, le christianisme est une « philocalia », une voie d’amour de la beauté, et la vocation chrétienne à la sainteté englobe une vocation à la beauté, l’appel à faire de sa vie un chef-d’oeuvre d’amour.
« Le christianisme… une voie d’amour de la beauté »
Le commandement : « Soyez saints, car Moi, le Seigneur, Je suis saint » (Lv 19,2; 1 P 1,16) est désormais inséparable de l’autre : « Aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés » (Jn 13,34). Et pour finir, je désire vous rappeler en final l’antique maxime: « Omnia vincit amor » (L’amour est vainqueur de tout)!
Oui, au terme, c’est l’amour qui vaincra! Que chacun s’emploie à hâter le moment de cette victoire! En fin de compte, c’est à cette victoire qu’aspire le coeur de tous. Et qui va persévérer va gagner la vraie vie en Dieu selon la parole du Christ : « C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie » (Lc 21,19). Amen!