Texte anonyme du XIII ième siècle
Vous le connaissez pourtant bien, saints anges, celui qu’elle pleure et qu’elle cherche. Pourquoi donc raviver ses larmes en le rappelant à sa mémoire ? Mais Marie peut donner libre cours à toute sa peine et à ses pleurs, car la joie d’une consolation inespérée approche. Elle se retourne et voit Jésus debout mais ne le reconnaît pas (Jn 20, 14).
Scène remplie de charme et de bonté, où celui qui est désiré et cherché se montre et pourtant se cache. Il se cache pour être cherché avec plus d’ardeur, trouvé avec plus de joie, retenu avec plus de soin, jusqu’à ce qu’il soit introduit, pour y rester dans la demeure de l’Amour.
Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Tu as celui que tu cherches, et tu l’ignores ? Tu as la vraie joie éternelle, et tu pleures ? Tu l’as en toi, celui que tu cherches dehors. Vraiment tu te tiens dehors tout en larmes près d’une tombe.
Ma tombe, c’est ton cœur ; je n’y suis pas mort, mais j’y repose, vivant pour l’éternité. Ton âme est mon jardin. Tu avais raison de penser que j’étais jardinier. Nouvel Adam, je cultive mon paradis et je le garde. Tes larmes, ton amour et ton désir sont mon ouvrage. Tu me possèdes en toi sans le savoir, et c’est pourquoi tu me cherches dehors. Je vais donc t’apparaître la aussi pour te faire rentrer en toi-même afin que tu trouves à l’intérieur celui que tu cherches dehors.
Anonyme du XIII ième siècle