L’âge planétaire de l’humanité
Du Père Claude Geffré (o.p) : L’humanité a atteint pour la première fois ce que l’on peut appeler l’âge planétaire.
“On pourrait parler, à la suite d’Edgar Morin, de l’âge planétaire de l’humanité comme d’un quatrième âge :
* il y a un premier âge très lointain qui est le début du processus d’humanisation il y a des milliers d’années derrière nous ;
* il y a le deuxième âge qui est l’émergence de l’homo sapiens sapiens avec l’apparition du langage et donc des cultures, c’est vraiment le début de l’homme tel que nous le connaissons;
* il y a le troisième âge qui coïncide avec la naissance des Etats, la mise en place de la justice, la naissance aussi de l’histoire, l’histoire humaine comme récit des grands événements de l’espèce humaine et donc la naissance aussi des grandes civilisations ;
* nous abordons de nos jours un quatrième âge de l’humanité, l’âge planétaire, c’est à dire le fait que tous les hommes, toutes les femmes se retrouvent comme solidaires de la même famille humaine dans ce minuscule canton de l’univers qu’est la planète terre.”
Nous avons un destin commun.
“Nous avons conscience d’habiter une maison commune, nous avons conscience que ce qui nous rassemble en termes d’humanité est plus important que ce qui nous divise quelles que soient nos différences d’ordre ethnique, d’ordre racial, d’ordre culturel, et d’ordre religieux. Nous avons un destin commun.
Pour la première fois, nous avons conscience que le destin de l’humanité est indissociable du destin de la planète terre elle même et que l’avenir de l’humanité dépend du bon vouloir des hommes dans la mesure où la maîtrise fantastique de l’homme moderne, dans l’ordre scientifique et surtout dans l’ordre technologique, peut mettre en danger la survie de l’espèce humaine, dans la mesure où le progrès actuel peut avoir des effets pervers qui contribuent à une destruction de l’environnement jusqu’à rendre impossible la vie humaine sur terre.”
Une responsabilité commune
“Nous avons pour la première fois une responsabilité commune à l’égard de la survie même de l’humanité, et là, les religions du monde, quelles que soient leurs différences doctrinales, spirituelles, se sentent une responsabilité commune, pas simplement par rapport à la destinée éternelle de l’homme, mais aussi par rapport à son destin historique.
Ce n’est donc pas un pur hasard qu’au XXIème siècle les religions cherchent à dialoguer ensemble pour découvrir, par rapport à toutes les autres instances politiques, culturelles, morales qui peuvent exister, quelle pourrait être l’action commune des religions face aux grandes causes qui sollicitent la responsabilité, la générosité aussi de l’homme moderne. Pour reprendre un slogan lancé par le théologien Hans Küng, il est bien évident qu’il n’y aura pas de paix mondiale s’il n’y a pas d’abord une paix entre les religions ; là les religions ont un rôle décisif.”
Extrait d'une conférence donnée à Abbaye de Limon, les 4 et 5 octobre 2000 - http://www.dimmid.eu - Documents Inter-religieux