Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur
Lettre de Dom Guéranger à  Dom Piolon, le 29 mai 1843
“Je crains que la vue de vos faiblesses ne vous impressionne trop. Dieu est infiniment plus miséricordieux et bon que vous que vous n’êtes faible et indigent. Toutes les fois que la tristesse domine l’âme, de manière à produire l’ennui et l’humeur noire, ce n’est plus la componction qui est douce, calme et confiante.
Qu’est-ce donc ? C’est un brin d’amour propre combiné avec les accidents du tempérament physique. Rien autre chose. Il faut donc secouer cela, et tâcher d’être gai. Il y a du courage dans la gaieté, comme dans toute autre chose ; aussi est-ce pour Dieu qu’il faut s’ébattre.
«Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je vous le redis, réjouissez-vous.» Il faut démolir par le pied cette humeur noire qui n’est bonne ni pour ce monde, ni pour l’autre.
Dans vos rapports avec Dieu, n’attendez rien des livres, mais tout de votre volonté propre prévenue et secondée par la grâce. Les livres viennent ensuite ; ils aident souvent ; souvent aussi ils embarrassent ; mais il faut bien comprendre que, en ce monde, le ciel de nos relations avec Dieu a, comme l’autre, ses petits et gros nuages, et parfois ses tempêtes.
Dieu veille au milieu de tout cela, et pour être faible et distrait, notre cÅ“ur ne le quitte pas toujours. Il faut vivre en enfant, et bien se souvenir non seulement qu’on n’est obligé d’aller, mais même qu’on ne peut aller à Dieu qu’avec la mesure et le genre de grâce qui nous sont donnés dans le moment. Si Dieu veut plus, qu’il donne plus. Mais tâchez de vivre avec lui, sans effort de tête, mais en ami ; car sa conversation n’a point d’amertume…”
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