Savourer la joie du monde
Savourer la joie du monde
“Tu ne connais pas la vraie joie du monde
si la mer elle-même ne coule dans tes veines,
si tu n’as pas revêtu le ciel,
pris les étoiles pour couronne,
si tu ne te sens pas l’héritier de l’univers,
et d’autant qu’il contient des hommes
dont chacun est unique héritier comme toi…
Héritier de l’univers
Si ton esprit n’emplit pas l’univers,
si les étoiles ne sont pas encore tes joyaux,
si les chemins de Dieu dans tous les âges
ne te sont devenus familiers
comme ta promenade et ta nourriture quotidienne,
si tu n’as pas acquis l’intime connaissance
de cette ombre et ce néant
dont le Créateur a tiré le monde,
si tu n’es parvenu à aimer les hommes
au point de désirer leur bonheur
et d’en avoir la même soif
que tu éprouves d’être toi-même heureux,
si tu ne fais encore tes délices de ce que Dieu soit bon pour tous, tu ne connais pas la joie du monde.
Connaître la joie du monde
Si tu n’es pas sensible à l’univers plus qu’à ta condition personnelle,
et plus présent à cet hémisphère,
en raison des beautés éclatantes qui s’y trouvent,
jusqu’en ta propre maison,
si tu oublies combien tu es venu tard dans le monde,
si tu ne trouves plus de joie à ce palais de ta gloire
que s’il venait d’être bâti ce matin…
tu ne connais pas la joie du monde…
Le monde est un miroir
d’une beauté infinie
Le monde est un miroir d’une beauté infinie, et personne n’en prend garde.
Ce serait un pays de lumière et de paix si les hommes n’y jetaient le trouble.
Le monde est le paradis de Dieu:
il est plus précieux encore pour l’homme depuis la chute qu’auparavant.
C’est le séjour des anges et la porte du ciel.”
Thomas Traherne (1634 -1674) – Une nuée de témoins – Ed du Cerf et Droguet et Ardant 1974
Image: Solar System Doodle © 2007 Sarah Noble