Fête de la Transfiguration – Homélie
Fête de la Transfiguration du Seigneur
Homélie du Père Maurice Robineau
Renouvellement des Vœux de Sr Gisèle KWEY HBOYO
« Et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière… » C’est encore un joli clin d’œil que nous adresse la liturgie ce matin : Jésus vivait dans la grisaille de la plaine et le voici sur la montagne dans la blancheur éclatante, tandis que vous, Sœur Gisèle, la dernière fois que je vous ai vue, vous étiez habillée de blanc et aujourd’hui vous arrivez vêtue de gris, gris bleu peut-être, je ne vois pas bien clair ! Serait-ce que vous auriez décidé de vivre l’Evangile à l’envers.
Je ne crois pas car vous aussi, à votre manière, vous êtes transfigurée, vous êtes rayonnante ce matin, vous reflétez Dieu…et cela apparaît dans vos yeux et sur votre visage, pas d’abord dans votre nouveau look. En effet, le vêtement importe peu : tant qu’il y aura un baptisé digne de ce nom, une religieuse heureuse, épanouie, Dieu sera là. La modestie d’une religieuse, sa dignité, sa bonté, son zèle, plus que son habit, dira Dieu au monde. C’est le cœur, nous le savons bien, qui fait la femme, qui fait l’homme, qui fait le chrétien et d’abord la religieuse.
Qu’importe, en effet, le toit qui nous abrite le climat où nous vivons, le costume blanc ou noir qui nous couvre, le nom qui nous distingue, l’essentiel c’est que le cœur soit à Dieu, l’engagement est au-dedans.
Il n’empêche que nous, les humains, nous avons besoin de signes et votre nouvelle robe en est un. Certes, vous me direz, le Christ, le consacré par excellence, le Christ était habillé comme les hommes de son temps. C’est vrai mais n’oublions pas qu’il avait occulté sa condition divine pour être présent aux hommes, homme comme tous les hommes vêtu comme l’un d’entre eux.
En fait, il nous a laissé 2 signes : le 1er, c’est celui de la transfiguration, dans un flash rapide il a montré qui il était vraiment ; quelques instants il fut habillé de soleil, et plus tard – 2ème signe – il a pris un autre habit qui a choqué son entourage, celui du serviteur pour laver les pieds de ses disciples. Voici donc le vêtement blanc du transfiguré, du ressuscité et la bure de jute de l’esclave : nous touchons là au mystère du Dieu fait homme, et au mystère du salut offert dans l’anéantissement.
« N’en parlez à personne… » dira Jésus à ses trois intimes, même à vos amis, ils ne pourraient pas comprendre. Et oui, Sœurs et Frères, encore aujourd’hui nous touchons au secret de Dieu, mais il reste souvent indicible. Le monde ne peut comprendre qu’une jeune fille, qu’une femme quitte toutes les facilités qu’il offre… pour se donner dans le silence d’un monastère.
Lorsque le film « des hommes et des dieux » a ouvert les portes du monastère de l’Atlas, le monde a été surpris, on a cru un instant qu’une nuée spirituelle planait sur la France mais un évènement chassant l’autre, le beau nuage s’est vite dissipé. Et pourtant, l’homme et le chrétien d’abord, a besoin d’aller se ressourcer en hauteur sans quoi il reste irrémédiablement englué dans son humanité, sa pesanteur, sa souffrance, sa finitude. Or, ce matin, dans cette chapelle, nous sommes privilégiés, nous montons un peu plus dans le secret de Dieu, nous sommes de nouveau baignés dans la lumière éclatante du Mont Thabor.
Il y a quelques années, j’étais dans le train et il y avait du soleil. Deux dames étaient assises en face de moi et l’une d’elles demande à l’autre de tirer le rideau parce que le soleil la gênait. Alors, celle-ci, avec un petit sourire lui répond : « Oh non, ce serait dommage »… et puis elle ajoute : « il y a si peu de soleil dans ma vie ».
Mes Sœurs et Frères, un rayon du soleil de Dieu est en train de percer dans cette chapelle, s’il vous plait, ne fermez pas les volets.