Au pays des mille collines
Simples propos de deux semaines
au Rwanda, pays des mille collines
J’ai partagé pendant deux semaines la vie de mes sœurs apostoliques présentes dans les diocèses de Byumba (Rushaki) et de Gikongoro. Elles m’ont permis de mettre un tout petit peu en pratique la parole de Germaine Tillion: « pour connaître une population, il faut à la fois la « vivre » et la « regarder ».
Une terre travaillée car
« si tu restes les bras croisés,
Dieu ne pourra remplir tes mains”
Proverbe rwandais
J’ai vu un peuple courageux, rude à la tâche. Chaque parcelle des collines est cultivée. Chaque famille essaie de produire ce qu’elle peut, de vendre ce qu’elle peut, de se procurer ce qu’elle peut pour vivre. Les femmes travaillent la terre, les hommes dans les plantations de thé. Avant d’aller à l’école, les enfants descendent des collines pour puiser l’eau. Chargés d’un lourd bidon, ils remontent courageusement les rudes pentes qui mènent aux maisons. Ils aident au transport des briques, des sacs d’herbe pour la nourriture des animaux… Beaucoup d’aînés font face à maintes difficultés pour élever frères et sœurs, neveux et nièces devenus orphelins en raison des évènements douloureux qui ont ensanglanté le pays.
« Au Rwanda, tous les chemins mènent au marché ».
Le Père Jean Casas dans son livre « L’enfant des mille collines » qualifie le marché de « résidence secondaire des rwandais », lieu privilégié de la rencontre et des rendez-vous. Il tient tout à la fois du forum, de la foire et du théâtre. Toujours selon le Père Jean Casa, le marché on y va pour voir, on y passe une magnifique matinée, simplement à regarder et écouter. Toutes les collines environnantes sont là.
Le visiteur ou l’hôte de passage est toujours
« l’heureux bienvenu »
Des enfants viennent vers vous dans un geste d’accueil, d’autres vous entourent et vous regardent, sans une parole. Ne connaissant pas la langue du pays, impossible de communiquer si ce n’est par un sourire, un geste d’accueil. Une vieille personne disait un jour à un Père Missionnaire: « Comment se fait-il que tu ne saches pas la langue ? Le kinyarwanda se parle partout sur toutes les collines, partout ! »
Le peuple rwandais
« se sait sous le ciel de Dieu »
Père Jean Casas.
Un Dicton souvent entendu lors de mon séjour était : « Dieu circule partout dans le monde durant le jour mais il passe la nuit au Rwanda ».
L’Eglise du Rwanda puise sa force et son espérance dans la vitalité des communautés chrétiennes, dans les jeunes générations.
Kibeho est un rappel de la place de la croix
dans la vie du chrétien et de l’Eglise.
A Kibeho, dans le diocèse de Gikongoro, se trouve le lieu des apparitions de la Vierge, connues depuis 1981. Le Sanctuaire de Notre Dame des douleurs, haut-lieu qui rappelle l’Evangile de la Croix, Kibého rassemble les rwandais dans un même appel à aller au-delà de la mort et de la douleur vers un nouveau Rwanda, vers une nouvelle vie fondée sur le pardon et la réconciliation, la vérité, la justice et la paix.
Buhara – Ouganda
Nous avons eu, Winnie (Rushaki) Odette et moi-même, la joie de visiter la communauté apostolique de la Sainte-Famille de Buhara-Ouganda, village très proche de la frontière avec le Rwanda. Accompagnées d’une soeur de la communauté de Buhara, nous avons visité une école primaire et secondaire, échangé avec les responsables. Les moyens sont limités mais le désir des enfants d’apprendre est plus fort que la fatigue du chemin qu’ils doivent parcourir… tout comme leurs enseignants.