Le philosophe Jean-Louis Chrétien écrit:
“La force de la douceur est de prendre goût à la justice toujours et partout, et, si les doux héritent de la terre (MT 5, 4) c’est aussi parce que partout où il fait juste, comme on dit qu’il fait beau, le juste est chez lui, ce qui ne se donne que dans le combat de l’espérance.
Ce goût, ce n’est pas une saveur qu’on pourrait garder pour soi, l’huile de la douceur veut sûrement et silencieusement se répandre, s’offrir et se partager.
La douceur est accueillante. Elle l’est parce qu’elle laisse être et venir, ôtant cloisons, portique, fortification, donnant libre accès à notre présence et à notre regard comme à notre écoute : l’homme doux tient table ouverte de son attention.
La douceur ne se laisse pénétrer que parce qu’elle est pénétrante : sa lenteur et son inapparence s’insinuent presque partout. Il appartient à la douceur d’être prévenante et de ne pas se faire prier, de deviner amoureusement ce qui pourrait être requis. Mais cet accueil de l’autre ne lui est possible que parce qu’elle-même a reçu et accueilli ce qui lui permet d’être telle, l’Esprit.”