Ton samedi saint, Marie…
Ton Samedi Saint : comment le penser autrement que dans un silence parfait ? Une fois le tombeau fermé, saint Jean t’a conduite dans la maison où lui-même trouvait l’hospitalité à Jérusalem.
Cela s’est passé probablement dans le silence. Le respect devant Ta souffrance a dû les garder tous muets. Tu leur as seulement fait comprendre que tu voulais être seule. Il était bien sûr impossible d’aller comme d’habitude au Shabbat et à la fête dans le Temple, parmi les gens qui L’avaient crucifié et qui Te montreraient maintenant du doigt. Etre seule était l’unique soulagement. Il fallait qu’une fois les larmes trouvent leur compte.
Si le Seigneur avait pleuré sur la mort de Lazare, ne devais-Tu pas Toi aussi pleurer après tout ce qui était arrivé ? Sa vie toute entière qui était Ta vie est apparue encore une fois devant ton âme ; toutes les allusions sur la souffrance, tous les passages des prophètes. Et avec cela aussi l’annonce de la Résurrection. Ce que le Sauveur expliquait aux disciples sur le chemin d’Emmaüs, Tu Te l’es dit Toi-même : ne fallait-il pas que le Christ souffrît tout cela pour entrer dans Sa Gloire (Lc 24, 26) ?
Ainsi Ta souffrance se change en action de grâce pour le « Consummatum est » (Jn 19, 30) et en attente silencieuse, croyante, du matin de Pâques : le troisième jour Il ressuscitera. Je ne peux pas le penser autrement qu’en Ta présence.
Est-ce qu’avant le lever du jour, l’ange de l’Annonciation ne T’a pas guidée sans bruit depuis la maison de Tes hôtes et conduite jusqu’au tombeau ?
Est-ce qu’au tombeau l’Alléluia ne résonnait pas de la bouche des anges comme le Gloria dans la campagne de Bethléem (Lc 1, 13-14) ?
Dans l’aurore rougeoyante, ne s’est-Il pas avancé hors du tombeau enveloppé de lumière resplendissante dans le jardin en pleine floraison comme au paradis ?
Personne ne nous a rapporté cette rencontre. Aucun œil humain n’a vu, aucune oreille n’a perçu, il n’est monté au cœur d’aucun homme (cf. I Co 2, 9) ce que le Seigneur préparait à sa Mère qui L’aimait plus que tout ce que l’on ne pourra jamais concevoir.
Si le temps entre la Résurrection et l’Ascension était surtout consacré à la préparation de l’Eglise à venir, nous pouvons admettre que le Seigneur a initié Sa Mère plus que tout autre à tous les mystères du Corps mystique.
Elle aurait dû mourir de douleur au pied de la Croix et de joie à la Résurrection si une grâce particulière de force ne l’avait gardée pour l’Eglise. Elle n’avait pas besoin comme les apôtres de la descente de l’Esprit Saint pour comprendre les mystères du royaume. Elle aura reçu des explications sur le mystère de l’Eglise, des sacrements, du sacerdoce, pour aider ensuite l’Eglise à se former dans les années qui suivirent l’Ascension.
Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix