
On raconte qu’un vieux rabbin
demandait un jour à ses élèves à quel signe
on pouvait reconnaître le moment précis
où la nuit s’achève et où le jour s’instaure.
– Est-ce, demandent les élèves,
quand on peut sans peine distinguer de loin
un chien d’un mouton ?
– Non, dit le rabbin.
– Est-ce quand on peut distinguer sans peine
un dattier d’un figuier ?
– Non, dit encore le rabbin.
– Alors, quand donc Maître ?
C’est lorsque, perdu dans une foule,
le visage de n’importe quel inconnu
vous devient aussi précieux
que celui d’un père, d’une mère,
d’un frère, d’une sœur,
d’un fils ou d’une fille,
d’un époux, d’une épouse, d’un ami…
Celui à qui pareille chose n’est jamais arrivée,
qu’il sache simplement ceci :
Il fait toujours nuit dans son cœur.
Cité par Paul Baudiquez
« Plein signes » – Ed Cerf
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