Un nouvel engendrement
« Je me lèverai et j’irai chez mon Père » : celui qui dit ces paroles gisait à terre. Il prend conscience de sa chute, il se rend compte de sa ruine, il se voit enlisé dans le péché et il s’crie : « je me lèverai et j’irai chez mon père ».
D’où lui vient cet espoir, cette assurance, cette confiance ? Du fait même qu’il s’agit de son père.
« J’ai perdu, se dit-il ma qualité de fils ; mais lui n’a pas perdu celle de père. Il n’est point besoin d’un étranger pour intercéder auprès d’un père ; c’est l’affection même de celui qui intervient et qui supplie au plus profond de son cœur. Ses entrailles paternelles le pressent d’engendrer de nouveau son fils par le pardon. Coupable j’irai donc chez mon père. »
Et le père à la vue de son fils, voile immédiatement sa faute. A son rôle de juge, il préfère celui de père. Il transforme tout de suite la sentence en pardon, lui qui désire le retour du fils et non sa perte…
« Il se jeta à son cou et l’embrassa » : voilà comment le père juge et corrige : il donne un baiser au lieu d’un châtiment.
La force de l’amour ne tient pas compte du péché, et c’est pourquoi le Père remet d’un baiser la faute de son fils. Le père ne dévoile pas le péché de son enfant, il ne flétrit pas son fils, il soigne ses blessures de sorte qu’elles ne laissent aucune cicatrice, aucun déshonneur. « Heureux ceux dont la faute est ainsi remise et le péché pardonné. » (Ps 32,1)