L’immensité de Dieu
Il est un Dieu ; les herbes de la vallée et les cèdres des montagnes le bénissent, l’insecte bourdonne ses louanges, l’éléphant le salue au lever du jour, l’oiseau le chante dans le feuillage, la foudre fait éclater sa puissance, et l’océan déclare son immensité.
L’homme seul a dit : il n’y a point de Dieu. Tandis que vous admirez ce soleil, qui se plonge sous la voute de l’occident, un autre observateur le regarde sortir des régions de l’aurore. Par quelle inconcevable magie, ce vieil astre qui s’endort fatigué et brulant dans la poudre du soir est-il, en ce moment même, ce jeune astre qui s’éveille humide de rosée, dans les voiles blanchissants de l’aube ?
A chaque moment de la journée, le soleil se lève, brille à son zénith, et se couche sur le monde ; ou plutôt nos sens nous abusent, et il n’y a ni orient, ni midi, ni occident vrai. Tout se réduit en un point fixe, d’où le flambeau du jour fait éclater à la fois trois lumières en une seule substance. Cette triple splendeur est peut-être ce que la nature a de plus beau, car, en nous donnant l’idée de la perpétuelle magnificence, et de la toute puissance de Dieu, elle nous montre aussi une image éclatante de sa glorieuse Trinité.
François René de Chateaubriand.
Le Génie du Christianisme
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