Un signe caché
Selon le livre de la Genèse, Joseph avait dit à ses frères avant de mourir : « Dieu vous visitera » (Gn 50,24). On ne peut traduire autrement, mais la formule hébraïque contient un redoublement du mot « visiter ». Il faudrait traduire littéralement : « Dieu visiter vous visitera ». C’est une construction propre à l’hébreu biblique, qui énonce le verbe à l’infinitif, puis à la forme personnelle, pour renforcer l’affirmation. Certaines traductions portent par exemple : « Dieu vous visitera certainement. »
Selon une tradition juive ancienne, quand on entendre deux fois le verbe « visiter », ce sera le signe de la rédemption. On ne peut pas entrer ici dans le détail de l’origine de la cette tradition qui nécessiterait un long détour par la langue hébraïque et les méthodes juives d’interprétation de l’Ecriture. Or on retrouve la même construction dans la parole de Dieu à moïse près du buisson ardent : « Je vous ai visités » (Ex 3,1). Ici encore, il faudrait traduire : « Visiter je vous ai visités ». Ce redoublement du mot « visiter » signifie que la prédiction de Joseph s’accomplit et que le temps de la rédemption est arrivé.
Ce n’est sans doute pas un hasard si Luc a placé deux fois le mot « visiter » dans le cantique que prononce Zacharie après la naissance de Jean-Baptiste : « Il visite et rachète son peuple » (1,68) ; « Soleil levant qui vient nous visiter » (1,78). Tout cela en clair, ne signifie rien d’autre que : « Le temps de la rédemption est venu. »
Du reste, tout le cantique de Zacharie baigne dans une atmosphère pascale. L’affirmation peut surprendre, puisque nous lisons ce texte dans la perspective de Noël. Mais les paroles de Zacharie sont une claire allusion à la sortie d’Egypte ; « Il se souvient de son alliance sainte, du serment qu’il a juré à Abraham notre père de nous accorder que, sans crainte, délivrés de la main de nos ennemis, nous le servions en sainteté et justice… » (Lc 1,73-47)
Dieu avait promis à Abraham que ses descendants reviendraient en Canaan après avoir été esclaves dans un pays étranger (Gn 15,13-6), et cette libération était l’objet de la mission de Moïse auprès de Pharaon : « Mon fils premier-né, c’est Israël… laisse aller mon fils pour qu’il me serve. » (Ex 4,22-23). La mission de Jean-Baptiste, qu’annonce Zacharie, sera de préparer les voies du Seigneur, qui vient pour mener son peuple à la liberté.
Michel REMAUD
Parole d’Evangile, paroles d’Israël – p :55-56
Ed Parole et Silence
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