L'Agneau de Dieu
“Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (St Jn 1,29-34
Cette désignation de Jésus par Jean le Baptiste s’éclaire par une des traductions- targum – juives anciennes qui paraphrase un passage du livre de l’Exode (1,15-16) contenant l’ordre de Pharaon aux accoucheuses des Hébreux- inquiet de voir les Hébreux se multiplier en Égypte – de tuer tous les nouveaux-nés mâles
« Or Pharaon dit que tandis qu’il dormait il avait vu dans son songe que tout le pays d’Égypte était posé sur le plateau d’une balance et un agneau, le petit d’une brebis, sur l’autre plateau de la balance et le plateau où se trouvait l’agneau s’abaissait. Aussitôt il envoya quérir tous les magiciens d’Égypte et leur confia son songe. Immédiatement Jannès el Jambrès, chefs des magiciens, ouvrirent la bouche et dirent à Pharaon : “Un fils est destiné à naître dans l’assemblée d’Israël par le moyen de qui toute la terre d’Égypte est destinée à être dévastée.” C’est pourquoi Pharaon, le roi d’Égypte, avisa et dit aux accoucheuses juives etc. » (Traduction R. Le Déaut).
Un enfant va naître dans le peuple des hébreux. Il sera le sauveur et le libérateur de son peuple. Pharaon, décide l’extermination de tous les nouveaux-nés pour éliminer celui d’entre eux qui, selon les magiciens, menacera un jour son pouvoir.
Les disciples de Jean le baptiste ont entendu cette tradition ancienne dans la liturgie synagogale. Ils connaissent les Ecritures et comme leur peuple, ils attendent la venue du sauveur d’Israël. “C’est un prophète comme toi que je leur susciterai du milieu de leurs frères ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai” (Dt 18,18).
En voyant leur maître, les yeux sur Jésus, leur dire : voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » , les disciples du baptiste comprennent alors que l’homme, qu’il désigne, est Le Libérateur d’Israël. Seule une parole forte, porteuse de la grande espérance messianique de leur peuple, pouvait les amener à une telle rupture, à un passage si radical vers la nouveauté apportée par l’Incarnation du Verbe de Dieu. C’est pourquoi, ils quitteront Jean pour suivre Jésus, le Messie tant attendu (Jn 3,29-30) cet agneau doux et fragile qui aura plus de poids dans l’histoire humaine que tout pouvoir politique.