Seigneur, fais-moi voir ton visage!
Le thème de la « recherche du visage de Dieu » est très présent dans tout l’Ancien Testament. Le terme hébraïque « panîm », qui signifie « visage », y apparaît bien 400 fois, dont 100 fois avec une référence à Dieu : on se réfère 100 fois à Dieu. Désir de voir le visage de Dieu.
Dieu a un visage, c’est-à-dire il est un « Tu » qui peut entrer en relation, qui n’est pas enfermé dans son ciel à regarder l’humanité d’en haut. Dieu est certainement au-dessus de toute chose, mais il s’adresse à nous, il nous écoute, nous voit, nous parle, fait alliance, et il est capable d’aimer. L’histoire du salut, l’histoire de Dieu avec l’humanité, est l’histoire de ce rapport de Dieu qui se révèle progressivement à l’être humain et qui se fait connaître lui-même…
Dans l’Ancien Testament, il y a un personnage auquel est lié de manière toute spéciale le thème du « visage de Dieu ». C’est Moïse, celui que Dieu choisit pour libérer le peuple de l’esclavage en Egypte, pour lui donner la Loi de l’alliance et le guider vers la Terre promise.
Moïse avait une relation étroite et de confiance avec Dieu : « Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami » (Ex 33,11). Fort de cette confiance, Moïse demande à Dieu « Montre-moi ta gloire ! » et la réponse de Dieu est claire quoique déconcertante : « Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je prononcerai devant toi le nom du Seigneur… Mais, dit-il, tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre… Voici une place près de moi… tu verras mon dos ; mais ma face, on ne peut la voir » (v. 18-23).
Comme Moïse, Mère Trinité Noailles désirait voir le Seigneur, se sentir fortifiée par cette proximité du Seigneur dans son cœur. Sa prière était toujours : « Seigneur, si vous me voulez ici, si j’accomplis votre volonté, donnez-m’en la certitude, accordez-moi une de ces faveurs qui affermissent ma foi et m’assurent de votre amour »
Comme Moïse, Mère Trinité Noailles était habitée d’un très grand désir : voir Dieu, non pour le posséder mais pour le connaître jusqu’à contempler son visage et communier pleinement à sa volonté. Mère Trinité Noailles priait beaucoup et longtemps. Elle était parfois « distraite en Dieu » (Sr Arlette Narran). Ce qu’elle désirait aussi c’était de « voir Dieu plus aimé de ses créatures ».
Le 3 février 1822, sa prière est exaucée ! Dans la chapelle de la rue Mazarin, la recherche du visage de Dieu par la Mère Trinité Noailles, prend un tour inimaginable ! Elle voit, elle contemple ce visage tant aimé dans la nudité de la foi: le visage de Jésus, le visage du Fils de Dieu fait homme. Elle voit, de ses yeux, son Seigneur éblouissant de lumière, rayonnant de bonté. Elle est comblée par la bénédiction de Jésus qui s’étend sur elle comme sur toute la petite communauté chrétienne rassemblée dans la chapelle de la rue Mazarin de Bordeaux…