A quoi ressemble alors un mysticisme de la pratique écologique? Je suggère qu’il pourrait comprendre des expériences de ce type:
L’expérience d’être saisi par la beauté absolue du monde naturel, quand celle-ci suscite un émerveillement et une joie qui semblent débordants.
L’expérience de faire partie d’une histoire de l’univers de 14 milliards d’années, et d’une histoire de l’évolution de la vie sur Terre de 3,8 milliards d’années, et de savoir que tout cela est orienté vers le don de soi que Dieu fait par amour.
L’expérience d’être écrasé par les forces naturelles, de par la taille et l’âge de l’univers, de connaître le monde naturel comme étant autre, de le sentir comme étranger, et être amené bien au-delà des zones de confort humaines dans le mystère.
L’expérience d’être appelé à la solidarité avec les créatures de la Terre, d’être appelé à une conversion écologique, de reconnaître d’autres créatures comme étant de la famille, et de savoir que c’est le don gracieux de l’Esprit de Dieu.
L’expérience d’être écrasé par l’ampleur du problème écologique, d’être vaincu par les forces économiques puissantes, d’assister à la destruction de la forêt pluviale, à l’extinction d’autres espèces, à l’augmentation du carbone dans l’atmosphère, de se sentir au bord du désespoir, mais espérer encore en dépit de tout, de reconnaître qu’il s’agit d’une participation sur le chemin de cette croix, d’une invitation à nous engager à aller de l’avant, à confier notre Terre endommagée et nous-mêmes dans les mains de Dieu.
L’expérience de conversion en passant d’un modèle d’individualisme et de consommation à la simplicité de ce que Sallie McFague appelle “la vie en abondance” et reconnaître dans cela la vérité de Dieu: ce qui compte, ce sont les besoins essentiels en vivres, vêtements et abri, soins médicaux, éducation, relation d’amour, un travail significatif, une vie imaginative et spirituelle enrichissante, le temps avec les amis, le temps passé avec le monde naturel qui nous entoure.
L’expérience de l’engagement en faveur des créatures de notre communauté sur la Terre, qui nous mène au-delà de nos tendances à la satisfaction de soi, qui a le caractère d’un engagement pour la vie, en fait éternel, que nous pouvons reconnaître comme étant de la grâce pure.
Denis Edwards
“L’écologie au coeur de la foi” (Maryknoll : Orbis, 2006)
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