
Laissant donc les Samaritains Jésus arriva en Galilée, et, comme lors de son premier retour, il se rendit à Cana, nous ne savons pour quelle cause. On lui annonça bientôt l’arrivée d’un fonctionnaire de la petite cour d’Hérode Antipas, un Juif par conséquent, attaché par son service à la ville de Capharnaüm. Cet homme avait gravi la pente escarpée menant du lac au plateau de Galilée. Son âme était affligée, car son fils était en danger de mort, et il priait Jésus de descendre pour le guérir. Sa foi était sincère, mais imparfaite, car il ne supposait même pas que le Maître fût en état de faire un miracle à cette distance.[1]
Jésus le lui fait sentir. Mais était-ce le moment de discuter, quand chaque instant était peut-être mortel ? Avec une impatience angoissée, l’officier royal réplique : « Seigneur, descendez avant que mon fils ne meure. ». À cette sommation d’un cœur inquiet, Jésus répond en exauçant ce père plus rapidement qu’il n’eût pu l’espérer : « Va, ton fils vit. »
Le père crut et s’en alla, telle est la conclusion fort concise de l’évangéliste. Puisqu’il crut, il ne devait donc pas manifester trop de hâte de vérifier le miracle. Il fallait aussi laisser reposer bêtes et gens. Aussi bien le texte sacré lui-même indique qu’il ne rencontra que le lendemain ses serviteurs venus pour lui annoncer la bonne nouvelle. La fièvre était tombée la veille, à la septième heure, c’est-à-dire vers une heure de l’après-midi. C’était le moment où Jésus avait parlé. La foi du fonctionnaire royal, désormais inébranlable, s’étendit à toute sa maison.
Ainsi le pouvoir surnaturel de Jésus ne dépendait d’aucun contact, d’aucune manipulation, d’aucune formule, d’aucune influence exercée sur l’esprit ou les nerfs du malade : il était donc supérieur à tout ce que les hommes trompés attendaient de la magie et de ses pratiques : la magie se sentait impuissante à guérir ou à tuer, si le magicien n’avait à sa discrétion un cheveu, un ongle, à tout le moins un fil du tissu porté par la personne sur laquelle il ne pouvait agir sans cela. Nous sommes ici dans un autre ordre, celui de l’esprit.
In L’Évangile de Jésus Christ par le P. Marie-Joseph Lagrange o.p. avec la Synopse évangélique
[1] Environ 30 km
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