Celui qui avait échoué à marcher sur l’eau plonge dans le lac. Il se jette lui-même après avoir jeté le filet, puis, selon le mot de Saint Augustin, il se livre à “une triple confession qui compense son triple reniement“.
Là encore, cependant, demeure une sorte de trouble. Jésus lui demande deux fois: “M’aimes-tu? avec le verbe agapaô qui renvoie à la charité divine. A quoi Pierre obstinément répond avec le verbe philéo, qui renvoie à l’amitié humaine. Est-ce qu’il s’égare une fois de plus? Est-il à ce point bouché que même son final de Pâques est un dernier patatras?
Je crois plutôt qu’il ne présume plus de ses forces. Désormais, il ne prétend pas aimer plus que ceux-ci. Il se fie moins à son jugement qu’à celui de son Seigneur (toi, tu sais que je t’aime). Surtout il ne revendique pas un amour surnaturel qui le dépasse et auquel néanmoins il aspire (d’où sa peine, la troisième fois, que Jésus rabatte sa question à des propositions plus modestes en lui demandant cette fois s’il l’aime avec le verbe philéo).
Cette humilité de Pierre le conduit à un dernier renversement. Le Ressuscité lui dit Suis-moi, et le voici qui aussitôt, au lieu de le suivre, se détourné de lui.
Drôle d’obéissance. Stricte obéissance, cependant. Car s’il se détourne, c’est pour se retourner vers le disciples que Jésus aimait. Celui qui se voulait le meilleur ne ne soucie plus que de ses frères: Seigneur, et lui? Il reste persuadé d’être moins important, moins digne que les autres. Et c’est précisément celui qui le rend digne d’être le vicaire du Christ.
F.Hadjadj
“Résurrection Mode d’emploi”
Ed Magnifcat p:147-148
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