“Seigneur, bénis-moi et bénis ce jour qui commence “, et si nous nous rendions compte que nous entrons dans un jour nouveau de la création, un jour qui n’a jamais été avant nous, un jour qui se lève comme une possibilité inexplorée et infiniment profonde !
Si nous nous rendions compte sous la bénédiction de Dieu que nous y entrons pour faire office de chrétiens dans la force et dans la gloire que ce mot de chrétien implique, avec quel respect, avec quel sérieux, avec quelle joie contenue et quelle espérance et quelle tendresse ne rencontrerions-nous pas le déploiement progressif de cette journée ! D’heure en heure nous la recevrions comme un don de Dieu ; toute circonstance qui se présente à nous, nous la recevrions comme de la main du Seigneur ; aucune rencontre ne serait fortuite, chaque personne qui croiserait notre route, chaque interpellation qui nous frapperait serait un appel à répondre, non pas à la façon dont quelquefois nous le faisons sur un plan purement humain, mais avec toute la profondeur de notre foi, avec toute la profondeur de ce cœur profond de l’homme au plus profond duquel se trouve le Royaume de Dieu et Dieu lui-même.
Et au cours de cette journée nous cheminerions avec le sens du sacré, avec le sens de faire route avec le Seigneur, à chaque instant nous nous trouverions face à face avec des situations qui demandent la sagesse et nous aurions à la demander ; qui demandent la force et nous prierions le Seigneur de nous l’accorder ; qui demandent le pardon de Dieu parce que nous aurons agi à faux et qui appellent en nous un élan de reconnaissance parce que, malgré notre indignité, notre aveuglement, notre froideur, il nous aura été donné de faire ce que d’aucune façon nous ne pouvons faire de nos propres forces.
On pourrait multiplier ainsi les exemples et le sens du problème est clair. Et alors nous nous rendrons compte que la vie ne nous empêchera jamais de prier, jamais, parce que c’est la vie elle-même qui est la substance vivante dans laquelle nous jetons cette poignée vivifiante de levain qu’est notre prière, qu’est notre présence, dans la mesure où nous-mêmes nous sommes en Dieu et Dieu en nous, ou tout au moins tendus vers lui alors qu’il s’incline vers nous.
Souvent nous pourrions le faire, mais deux choses nous retiennent : la première c’est que nous ne sommes pas habitués à un effort de prière. Si nous ne faisons pas cet effort de façon continue sans nous être peu à peu préparés à faire des efforts de plus en plus soutenus, de plus en plus constants, de plus en plus prolongés, au bout de quelques jours notre énergie spirituelle, notre énergie mentale, notre capacité d’attention, la capacité aussi que nous avons de répondre de cœur aux événements qui surgissent et aux personnes qui se présentent meurt en nous. Il faut savoir faire usage, dans cet apprentissage de la prière constante et sous-tendue par la vie, de la sobriété que nous recommandent les Pères : aller pas à pas, se souvenir qu’il y a une ascèse du repos autant qu’il y a une ascèse de l’effort, qu’il y a une sagesse qui s’applique au corps, à l’intellect et à la volonté et que l’on ne peut tendre sans cesse de toutes ses forces vers un but.
Mgr Antoine BLOOM – Métroplolite de Sourage –
Extrait de Lumen Vitae (Bruxelles), 24, 3 (1969).
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