[:fr]Nos soeurs racontent…[:]
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« L’histoire est le lieu
où s’enracine la fidélité du présent ».
Sr Teresa raconte le retour à la Solitude
Grande joie dans notre communauté de Ste. Hélène lorsque Sœur Claire Julien – supérieure générale – nous a fait part de son intention de faire revenir les « Solitaires » à la Solitude, lieu de fondation, première demeure pour la première petite communauté de vie contemplative dans la Sainte-Famille. La date a été fixée. Ce sera pour le 28 octobre 1966, veille de la fête du Christ-Roi.
La Solitude était encore en travaux mais qu’importe. Il y avait beaucoup à voir en ce lieu saint voulu par le Bon Père pour accueillir tous les membres de sa Famille et beaucoup à faire aussi pour nous installer. Petit à petit, la vie ordinaire a commencé … Il a fallu s’initier à la cuisine, à la dépense, à la buanderie, au travail du jardin, à la cueillette et au ramassage des légumes, des fruits, à l’entretien des locaux et assurer le service de la sacristie pour le bon déroulement de notre prière liturgique et d’adoration eucharistique … Beaucoup de changements… Mais nous étions si heureuses !
La première année, nous avons fait les vendanges. Comme des jeunes religieuses « bien formées » nous nous sommes mises au travail avec sérieux, application, ne regardant ni à droite ni à gauche. Nous avions besoin apprendre à travailler avec un autre rythme car le travail en équipe, demande de s’ajuster aux capacités des autres! Une bonne formation à la vie en communauté, n’est-ce pas ? Je me rappelle d’avoir été émerveillée le matin en voyant le soleil se levait sur les grappes de raisin rouge couvertes de gouttes de rosée … C’était comme des perles nous invitant à travailler dans la joie.
Nous étions plus libres à la cuisine et à la dépense pour faire des conserves de fruits et de légumes avec les produits du jardin, pour confectionner des gâteaux… Les « normes » actuelles n’existaient pas! Sr Marie-Mélanie se rendait très tôt le matin au marché international de Brienne à Bordeaux… Sr Félicité travaillait avec quelques-unes d’entre nous d’entre nous à la cuisine et nous aidait par son calme et sa patience extraordinaires…quels que soient les imprévus de dernière heure ! Aujourd’hui, nous nous demandons comment nous avons pu parvenir à faire tout ce travail en assurant les temps de prière. C’était tellement autre – espace, rythme, environnement… !
Nous avions aussi des temps de détente, certes différents de ceux vécus dans notre joli petit jardin de Sainte-Hélène… Promenades, pique-niques dans les bois – à la « vallée des Anges ». Le tour de l’Ile en bateau – « le bon ange » était alors possible. Chacune pouvait aussi vivre une journée de solitude à l’Ile, seule avec le Bon Père et Notre Dame de Toutes Grâces. Il n’y avait pas encore de pont. La traversée se faisait seulement en tirant la barque à l’aide d’une chaîne et en l’attachant au ponton intérieur.
Comment ne pas être heureuses et reconnaissantes envers notre Bon Père d’avoir créé ce « lieu saint » qu’est la Solitude avec l’île de Notre Dame de Toutes Grâces ? Nos racines étaient en ce lieu depuis la fondation de la première communauté des Solitaires en 1859. Nous avons été très heureuses au couvent de Sainte Hélène et nos premières années à la Solitude l’ont été tout autant, même si cela a été pour chacune et pour la communauté une période de grands changements, d’adaptation, d’abandon et d’espérance !
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