[:fr]La Noël d’été[:]
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Saint Jean Baptiste est le seul Saint, avec la Vierge Marie, dont on célèbre à la fois la naissance et la mort, la naissance le 24 juin, aujourd’hui, et la mort, le martyr, le 29 août. Pour la Vierge Marie, comme pour Saint Jean Baptiste, leur importance, leur grandeur, vient de ce qu’ils précèdent, de ce qu’ils annoncent Quelqu’un d’autre, de ce qu’ils montrent quelqu’un d’autre, Jésus, Dieu avec nous, l’Emmanuel.
La naissance de Jean Baptiste se situe juste six mois avant Noël, effectivement, avant l’Emmanuel, avant ‘Dieu avec nous’, et l’on appelle ce 24 juin, parfois, ‘ la Noël d’été’ : c’est déjà Noël, mais tous les jours c’est Noël, Dieu est avec nous ! La grandeur de Jean Baptiste est toute renfermée, contenue dans le nom qui lui est donné, comme l’Evangile vient de nous le rappeler.
C’est un nom nouveau qui tranche sur la coutume familiale : « Personne dans ta famille ne porte ce nom là ! », ‘Qu’est-ce qu’il te prend de l’appeler comme ça ?’. C’est que Jean annonce du nouveau, mais la seule nouveauté qui ne passe pas, qui ne vieillit pas. ‘Jean’, dans la langue de Jésus, signifie : Dieu fait, a fait Grâce, c’est à dire Dieu donne gratuitement.
Voilà qui est intéressant, quelque chose d’absolument gratuit ! Jean annonce, précède la venue de Jésus qui est le visage humain de ce don gratuit, de cette gratuité absolue de l’Amour de Dieu. Voilà la nouveauté : Jésus, le Fils unique de Dieu, né sur la terre, Dieu avec nous est le don gratuit fait par Dieu à l’humanité ! Et, au deuxième siècle, quand on demande à Saint Irénée de Lyon : « Mais, qu’est-ce que ton Christ a apporté de nouveau ? », Irénée répond : « En s’apportant Lui-même, Il apporte toute nouveauté ! ». La Nouveauté de Dieu ! Eh bien c’est la grandeur de Jean Baptiste que Jésus reconnaît Lui-même puisque Jésus dit : « Parmi les enfants des femmes, il n’y en a pas de plus grand que Jean Baptiste. C’est Lui le plus grand de tous les prophètes ! ».
Et pourtant la vie de Jean Baptiste va se dérouler d’une manière tout à fait paradoxale, à l’opposé de tout ce que recherchent, normalement, les hommes : il préfère les endroits déserts, il alla vivre au désert, nous a dit l’Evangile, jusqu’au jour où il devait être manifesté, les foules viennent à lui mais il ne cherche pas la célébrité des foules, il a un langage direct, souvent dur, qui appelle à la conversion, il se tient à l’écart du pouvoir politique et religieux, même au risque de sa vie, il parlera vrai jusqu’au bout, démasquera l’hypocrisie et le goût de pouvoir des grands ! Il a eu beaucoup de disciples et il n’hésitera pas à s’en détacher en les envoyant à un Autre, en les envoyant à Jésus…
Fr. André Jean (osb)
Abbaye d’En-Calcat
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