Heureux les artisans de paix
Pour comprendre cette Béatitude, il nous faut expliquer le sens du mot « paix », qui peut être mal compris ou parfois banalisé. Nous devons nous décider entre deux idées de paix : la première est la paix biblique, où apparaît le très beau terme Shalom, qui exprime abondance, prospérité, bien-être. Quand en hébreu on souhaite Shalom, on souhaite une vie belle, pleine, prospère, mais également selon la vérité et la justice, qui s’accompliront dans le Messie, prince de la paix.
Il y a ensuite l’autre sens, plus courant, dans lequel le mot « paix » s’entend comme une sorte de tranquillité intérieure : je suis tranquille, je suis en paix. C’est une idée moderne, psychologique et plus subjective. On pense communément que la paix est le calme, l’harmonie, l’équilibre intérieur. Cette acception du mot « paix » est incomplète et on ne peut l’absolutiser, parce que, dans la vie, l’inquiétude peut être un moment important de croissance. Bien souvent, c’est le Seigneur lui-même qui sème en nous l’inquiétude pour qu’on aille à sa rencontre, pour qu’on désire le trouver. En ce sens, c’est un moment important de croissance ; alors qu’il peut arriver que la tranquillité intérieure corresponde à une conscience apprivoisée et non pas à une vraie rédemption spirituelle. Bien souvent, le Seigneur doit être « un signe de contradiction », secouant nos fausses certitudes, pour nous conduire au salut.
Et, à ce moment-là, il nous semble ne pas avoir la paix, mais c’est le Seigneur qui nous met sur ce chemin pour parvenir à la paix que lui-même nous donnera. Nous devons alors nous rappeler que le Seigneur entend sa paix comme étant différente de la paix humaine, celle du monde, quand il dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » (Jn 14, 27) La paix de Jésus est une autre paix, différente de celle du monde.
Posons-nous la question : comment le monde nous donne-t-il la paix ? (…) »
Pape François