Jésus fut conduit au désert
Il est évident que cet épisode de la vie du Sauveur ne put être connu des Apôtres que par le récit qu’il leur en fit lui-même. Au soin avec lequel les trois synoptiques le racontent, au ton ému que l’on sent dans leur narration, on peut juger de l’importance que Jésus y attachait et de l’impression produite sur les Apôtres. Jésus fut conduit, fut poussé par l’Esprit Saint au désert.
Il y a dans celte intervention de l’Esprit Saint dans la forme impérieuse sous laquelle elle se produit, le signe qu’une grande œuvre va s’accomplir. Pour y être tenté par le démon.
« En entendant dire que le Sauveur fut tenté par le démon, dit S. Grégoire, porté par ces mains sacrilèges sur une montagne, sur le sommet du temple, notre âme se révolte.» Nous serons pénétrés de reconnaissance envers le Sauveur si nous voulons méditer les raisons pour lesquelles il accepta d’être tenté
Les trois tentations dans le désert représentent toutes les sollicitations qui risquent de nous détourner de Dieu et du chemin de Vie. Jésus nous montre, par son exemple, comment y résister grâce à la Parole de Dieu.
Le récit de la tentation au désert définit le Carême comme renouvellement annuel de cette expérience fondatrice et décisive que fit jadis le Peuple au désert, après la sortie d’Égypte: les 40 jours évoquent les 40 ans. Cette expérience avait été marquée par les échecs du premier Peuple, qui avait manqué de confiance en Dieu et, à cause de cela, succombé aux tentations de la nourriture, de la domination sur autrui et du défi lancé à Dieu lui-même.
Jésus reprend ce parcours d’obstacles à son compte et en triomphe, par la fidélité à son Père: il connaît si bien la pensée de son Père qu’il peut opposer la Parole de Dieu à chaque tentation. Il nous entraîne dans cette familiarité avec la pensée de Dieu…
La tentation de Jésus au désert est la contrepartie de celle de l’Eden, tentation aboutissant à une triple victoire et relevant pleinement l’homme. Satan tente Jésus par la sensualité, par la vanité, par l’ambition : il avait tenté déjà nos premiers parents de la même façon. Il offre à Jésus-Christ comme thaumaturge et comme roi, un rôle semblable à celui que rêvait pour le Messie les imaginations populaires ; et Jésus, dès le commencement de son ministère apostolique, établit quel en sera le caractère, désintéressement, mortification, humilité, gloire rendue à Dieu.
Th.M Thiriet (op)
L’Evangile médité avec les Pères
Tome 2 p: 29;30
avec les Pères