Olivier CLEMENT – Questions sur l’homme p 156 – 157
“Le Fils de Dieu, quand il devient Fils de la terre, non seulement se laisse contenir par l’univers en un point de l’espace et du temps, mais contient en réalité l’Univers. Il ne veut pas s’approprier à travers son corps le monde comme une proie mais, par son attitude constamment eucharistique, il le fait corps d’unité, chair à la fois cosmique et eucharistique.
En lui le monde devient corporéité spirituelle, non pas dématérialisée mais vivifiée par l’Esprit. Il enfouit volontairement sa corporéité lumineuse dans notre corporéité souffrante et laborieuse, afin que sur la croix, et dans l’aube soudaine radieuse de Pâques, tout s’illumine, non seulement l’univers, mais tout l’effort humain pour le transformer.
En lui, autour de lui, la matière déchue n’impose plus ses déterminismes et ses limitations, elle redevient moyen de communion, temple et fête de la rencontre.
En lui, autour de lui, le monde retrouve son dynamisme originel. En lui, autour de lui, le temps et l’espace ne se séparent plus, une dimension de résurrection les métamorphose.
Toutefois, cette transfiguration est à la fois secrète et offerte, « sacramentelle ». Illuminée en Christ, le monde reste figé dans son opacité par l’opacité des hommes. La libération définitive du cosmos exige non seulement que Dieu se fasse homme, mais que l’homme se fasse Dieu. Le Christ a rendu les hommes capables de recevoir l’Esprit, c’est-à-dire de coopérer à l’avènement du Royaume…”