Vayédaber – Dieu prononça toutes ces paroles, Lémor – pour dire.»
(Exode 2,1)
En hébreu, l’expression « Lémor » – pour dire – est utilisée lorsque les paroles prononcées doivent être répétées à ceux qui ne sont pas présents. D’après les commentateurs juifs, tout le peuple – générations passées, présentes et à venir – était présent au moment du Don de la Torah, chacun(e) se tenant au pied du Mont Sinaï. Tous ont entendu Dieu donnait les Dix Commandements.
Selon un Maître de la Torah, le Maggid de Mézéritch, l’expression « Vayédaber » – Dieu dit – se réfère aux Dix Commandements et le mot « Lémor » – pour dire » se réfère aux les Dix Paroles prononcées par Dieu au moment de la Création du monde. La Torah étant nécessaire pour l’existence du monde.
Elle a été donnée dans le but de faire descendre les Dix Commandements dans les Dix Paroles de la Création.
Pour le judaïsme, la lumière de la Torah illumine toutes les dimensions physiques de l’existence. Le peuple doit permettre que la lumière de la Torah – Vayédaber – pénètre dans le monde – Lémor. La Torah et le monde ne sont pas des entités séparées. On ne peut se contenter de se conduire dans l’esprit de la Torah aux moments de la prière et de l’étude. La lumière de la Torah doit toucher toute la vie. Chaque acte doit répondre aux exigences de la Torah et doit être accompli dans un esprit de sainteté.
La lumière de la Torah – les Commandements – doit dépasser le domaine du spirituel et du rituel. Elle doit éclairer les dimensions matérielles créées par les Dix Paroles prononcées par Dieu lors de la création du monde – « Lémor ». (cf Likouté Si’hoth Vol I)
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique | 12/02/2011
La primauté de Pierre selon le Nouveau Testament
par le Professeur Jean Galot S.J., Rome
“Pour un des douze, l’imposition d’un nouveau nom eut une grande importance et fut rapportée de manière plus particulière : Simon reçut le nom de Pierre...
Ce nouveau nom fut donné à Simon en réponse à une profession de foi. Après avoir posé la question : ” Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? “, Jésus s’était adressé à ses disciples : ” Mais pour vous qui suis-je “. Selon le témoignage de Matthieu, Simon avait répondu : ” Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ” (Mt 16,13-16).
Pour comprendre plus exactement la portée des questions et le sens de la réponse, il faut tenir compte de leur moment liturgique. La date de ce dialogue n’est pas expressément indiquée, mais nous pouvons la déterminer. Selon les évangiles de Marc (9,2) et de Matthieu (17,l), la Transfiguration eut lieu ” six jours plus tard “. Or elle apparaît comme un nouvel accomplissement, propre à Jésus, de la fête des Tentes. Cette fête était précédée, avec un intervalle de cinq jours, par la fête de l’Expiation (Yora Kippur). C’était donc cette fête de l’Expiation qui avait été choisie par Jésus pour poser la question sur sa propre identité et obtenir de Simon sa profession de foi. C’était aussi la date choisie pour donner un nouveau nom à Simon et lui annoncer son destin…
En choisissant ce jour de fête, Jésus désire que soit prononcé le nom divin dans la nouvelle perspective dans laquelle la liturgie de l’Ancienne Alliance trouvera son accomplissement. En le proclamant Fils du Dieu vivant, Simon répond à ce désir. Il prononce le nouveau nom divin, celui que Jésus a amplement révélé par son enseignement et par ses œuvres. Sans le savoir, Simon remplit le rôle du Grand Prêtre qui, durant la fête de l’Expiation, proclamait le nom de Dieu ; il le fait en exprimant sa foi dans le Fils de Dieu, un Fils qui est Dieu…”
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 29/06/2010
“Comment se fait-il que chacun de nous
les entende dans sa langue maternelle ?”
Act 2,8
La génération du déluge a dit: “Qu’est-ce que le Tout-Puissant pour que nous le servions, quelle utilité y-a-t-il à le prier?” (Jb 21,15). Elle n’a pas cherché pas à attaquer Dieu, elle s’est contentée de l’ignorer.
La génération du déluge fut éradiqué parce qu’elle avait complètement sombré dans le péché du vol ainsi qu’il est dit: “Ils reculent les bornes des propriétés, volent les troupeaux et les font pâturer” (Jb 24,2). C’est pourquoi il ne resta pas de survivant de cette génération.(1)
La véritable liberté consiste à accepter de suivre la Loi de Dieu… A la Pentecôte, les peuples divisés se retrouvent unis lorsque l’Esprit Saint se manifeste. (2)

La génération de la dispersion a dit: “Il n’a pas le droit de choisir l’En-Haut pour lui-même et de nous donner l’En-Bas. C’est pourquoi allons et faisons une tour, faisons une idole à son sommet et plaçons une épée dans sa main et qu’elle apparaisse comme une divinité qui fait la guerre avec lui.”
La génération de la dispersion a plus péché que celle du déluge, car elle s’est attaquée directement à Dieu en voulant conquérir son domaine, le ciel. Elle a été moins châtiée parce qu’elle a compensé ses fautes par l’amour que les membres se portaient les uns aux autres ainsi qu’il est dit: “Et toute la terre avait une seule langue” (Gn 11,1). C’est pourquoi il resta des survivants de cette génération. (3)
L’Esprit de Pentecôte réalise en plénitude le lien et le respect entre les différences suscitées à Babel… Chacun entend un même message, mais dans sa propre langue... L’humanité est appelée à vivre cette unité, non pas sans Dieu mais en lui. (4)
(1) et (3) : La Bible racontée par Le Midrash - José Costa - Ed Bayard)
(2) et (4) : Synadec.org
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 21/05/2010
L’histoire hassidique suivante montre bien la gravité de cette lacune pour chacun d’entre nous :
C’était le jour du marché à Bratslav. Rabbi Nahman, debout près de la fenêtre qui donne sur la place, aperçu Heikel qui courait, vendait et achetait. Il frappa quelques coups sur la vitre et invita Heikel à entrer. Alors il lui dit :
– Heikel ! as-tu regardé le ciel aujourd’hui ?
– Non.
– Heikel, Heikel ! Approche et dis-moi ce que tu vois là, dehors.
– Je vois des voitures, des chevaux, des hommes qui courent.
– Heikel, Heikel ! dans 50 ans, il y aura encore ici un marché ; il y aura
des voitures, des chevaux, des hommes et des marchandises. Et, cependant, tout ce que tu vois aujourd’hui ne sera plus de ce monde. Moi, je ne serai plus et toi tu ne seras plus. C’est pourquoi, je te demande : qu’as-tu à être pressé, si soucieux au point de n’avoir même plus le temps de regarder le ciel ?
– Heikel, Heikel ! Considère de quoi tu paies ta prospérité ici-bas ; tu n’as même plus un instant pour regarder le ciel.
Regarder le ciel, lutter contre le stress, prendre le temps de vivre, profiter de la vie en compagnie de sa femme et de ses enfants, se rendre compte que la vie ici-bas est éphémère comme une Souccah cette demeure provisoire qui ne dure que 7 jours : voilà, me semble-t-il, une des leçons que chacun peut tirer de cette fête riche en symboles
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 5/03/2010
Références bibliques à Marie, Mère de Jésus-Christ
Eléments pour une réflexion sur la relation
de l’Ancien Testament à Marie

Ce qui suit est un essai pour voir comment Ancien et Nouveau Testaments se reflètent en relation à Marie. Pour les chrétiens, il y a continuité entre les deux Testaments. L’Ancien Testament anticipe, annonce le Nouveau Testament et tend vers lui. Les deux s’articulent selon le binôme promesse et accomplissement. Lorsque les chrétiens lisent l’Ancien Testament à partir du Nouveau, ils y reconnaissent un nombre de femmes d’importance qui préfigurent Marie par certains aspects de leurs destinées, personnalités ou vocations. Elles sont appelées « figures » ou « types » parce que, d’une manière ou d’une autre, elles anticipent la mère de Jésus Christ à venir. Marie est leur « anti-figure » ou « anti-type », non par opposition, mais par contraste. Un contraste qui prend en compte le caractère unique de la mission de Marie. Elle est la mère du Messie alors que ses préfigurations de l’Ancien Testament préparent, perçoivent ou suggèrent sa venue.
Voici l’esquisse de 14 figure féminines de l’Ancien Testament, de Ève à Bethsabée. Leur portrait est suivi d’une comparaison entre chacune d’elles et Marie….
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Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 8/09/2009
Racines juives : Tora et santé physique
par Michel Remaud –
Revue “Un écho d’Israël” – 25 janvier 2007
Puisqu’une part importante du présent numéro de la revue est consacrée aux questions de santé, il est intéressant de présenter ici quelques commentaires de la tradition juive sur le rapport entre la santé physique et l’observance de la Tora.
Guérison de l’aveugle
Un passage d’un ancien midrash sur le livre de l’Exode, la Mekilta de-Rabbi Ishmael, est très explicite à ce sujet. Il porte sur le verset « Et tout le peuple voyait les voix » (Ex 20,15). La formule est surprenante, et les traductions modernes ont tendance à supprimer le paradoxe en paraphrasant au lieu de traduire, pour dire, par exemple, que le peuple « percevait » les voix. La tradition juive, quant à elle, se garde bien de corriger le texte ; elle en conclut que la voix de Dieu s’était rendue visible. Certains développements décrivent la Parole comme un feu qui tournoyait au-dessus des campements d’Israël avant d’aller se graver sur les tables de pierre. Sans doute peut-on rapprocher cette description du récit de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres…
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Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 5/09/2009

Il est écrit au livre de la Genèse qu’Abraham planta à Béer-Shéva un tamaris dont les initiales en hébreux –אשל – forment un sigle signifiant: la nourriture, la boisson, le logis. Trois choses qui nous sont nécessaires et que nous devons sans cesse offrir à ceux qui en sont dépourvus. La terre nous est donnée en gérance pour cela.
Emmanuel Lévinas écrit : « la relation avec autrui ne se produit pas en dehors du monde mais met le monde possédé en question… l’universalisation… est l’offre du monde à autrui.».
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique | 27/08/2009
Les Lectures rabbiniques de la Genèse – pasteur A Nouis – 2009
28 avril 2009

Je traiterai la question des lectures rabbiniques en deux temps. Je commencerai par une présentation de ses principales caractéristiques, puis je montrerai, à l’aide d’un certain nombre d’exemples piochés dans les premiers chapitres de la Genèse comment cette approche peut enrichir notre interprétation de ces passages.
Le rabbinisme est rien de moins que l’arrière-fond théologique et culturel dans lequel a été écrit le Nouveau Testament. Cette pensée est trop peu connue, trop peu étudiée dans les facultés de théologie, alors qu’elle représente l’arrière-fond culturel des écrits des évangiles et des épîtres de Paul…Lire la suite
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 11/07/2009
PRIER LA PAROLE – CLAUDE LAGARDE

…/… La prière juive utilise les images cosmiques comme langage de l’expérience intérieure qu’est l’Alliance. « Que tous les arbres de la forêt crient de joie ! » (Ps 96,12).« Que tous les fleuves battent des mains ! » (Ps 98,8)… Alors l’esprit de la foi biblique qui saisit la poésie se tourne vers l’au-delà du texte, et prie Dieu en respirant un air qui vient d’ailleurs…
Pour la Bible, l’être humain est double : Être cosmique, il vient d’en bas ; être spirituel, il est nourri par « l’en haut ». L’homme révélé par la Bible (Adam) est corps charnel, il est aussi âme spirituelle. Toutes les images bibliques portent cette dualité. Outre le cosmos qu’elles disent d’évidence, les figures du Livre expriment l’Alliance intime de Dieu et de l’homme, elles unissent notre humanité à la divinité invisible. On les dit « symboliques »…/…
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Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs, Vie consacrée | 6/07/2009
POUR LIRE LE NOUVEAU TESTAMENT, FAUT-IL ÊTRE JUIF?
Conférence donnée le 12 février 2009 à Paris, au Collège des Bernardins, sous le patronage de l’Association pour l’Institut Decoutray et de la section d’études juives de l’École Cathédrale.
Le titre un peu provocant que nous avons choisi pour cette conférence nous permet d’entrer d’emblée dans le vif du sujet. Je dirai d’abord pourquoi la question se pose. Nous essayerons ensuite d’en tirer des conclusions théologiques.
I. Pourquoi la question se pose-t-elle ?
À cause de la parenté évidente qui existe entre le Nouveau Testament et la tradition juive ancienne. Peut-être faut-il dire d’abord ce que l’on entend par tradition juive ancienne. Le judaïsme a développé depuis l’antiquité toute une tradition exégétique, juridique, spirituelle, liturgique, mystique, qui emplit aujourd’hui des rayons de bibliothèques. Je me référerai ce soir à la littérature juive de l’antiquité (en gros, les cinq premiers siècles de notre ère) : le talmud (les débats des maîtres juifs sur l’interprétation de la Tora) et les midrashim (commentaires bibliques)…
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Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 20/04/2009