Nous donnons sans compter. Nous donnons sans compter, dans toutes les acceptions du mot. – D’abord parce que nous donnons sans cesse : nous donnons comme nous respirons, à chaque instant, en toutes circonstances, du matin au soir, et aucun jour ne se passe sans que, d’une manière ou d’une autre, nous n’ayons donné quelque chose à quelqu’un, voire que nous n’ayons parfois « tout donné ».
Nous donnons aussi sans tenir de livre de compte, sans mesure, parce que du moins de donner à perdre, ou du moins de ne pas son temps compter ni sa pensée, ni ses efforts, en sorte qu’on ne tienne tout simplement pas le compte de ses dons.
Nous donnons enfin sans compter, parce que nous donnons le plus souvent sans en avoir une claire conscience, faute de temps et d’attention, tant nous donnons presque machinalement, automatiquement et sans le savoir.
Ainsi l’attitude du don, la posture de donner semble-t-elle au premier abord comme aller de soi, tant son exercice se déploie inconsciemment, sans y penser, ni s’en préoccuper ; l’évidence même du don en rendrait la conscience presque superflue. Du don, il n’y aurait donc plus à discuter, ni à en interroger l’essence, mais simplement à l’accomplir ; il ne donnerait pas de matière à réflexion, matière dont il ne fallait pas prendre conscience, mais fixerait directement une exigence éthique et une obligation sociale. Et s’il présentait pourtant une difficulté, elle consistait non dans sa définition, mais dans son exercice ; car, du don, il n’y aurait rien à dire, mais, comme l’amour, il ne s’agirait que de le faire…
Jean-Luc Marion
La raison du don
Catégories: Lu ailleurs | 7/11/2021
« Ceux que, le Saint béni soit-il, a frappé dans ce monde, il les guérira. Les aveugles seront guéris, comme il est dit : Alors se dessilleront les yeux de l’aveugle (Is 35.5) ; les boiteux seront guéris comme il est dit : alors le boiteux bondira comme un cerf (Is35, 6) ; les muets seront guéris, comme il est dit : la langue du muet poussera des cris de joie (ibd.)
La suite du commentaire n’est pas seulement inattendu, mais semble contredire ce qui précède. Le midrash poursuit en effet : « L’homme part aveugle et revient aveugle, il part sourd et revient sourd, il part muet et revient muet. De même qu’il est parti vêtu, il revient vêtu. »
Le midrash invoque à l’appui de cette dernière précision l’exemple de Samuel, que sa mère avait habillé d’un manteau quand il était encore enfant (I S2.19) et qui était apparu vêtu d’un manteau quand la nécromancienne l ‘avait fait revenir après sa mort à la demande de Saül (1 S 2.19).
Peu importe évidemment qu’ll ne s’agisse pas du même manteau. A travers le rappel de ce détail vestimentaire, le commentaire veut souligner que Samuel continue de porter le même attribut que pendant sa vie.
Pourquoi demande le midrash, les hommes reviendront-ils à la vie dans l’état où ils sont morts ? Pour qu’on ne dis pas que ceux qui reviendront à la vie ne seront pas les mêmes que ceux qui sont décédés. Ces infirmités ne seront pas encore attribuées des signes distinctifs.
C’est pourquoi Dieu les ressuscitera d’abord et ne les guérira qu’ensuite, pour qu’il n’y ait aucun doute sur leur identité et donc sur la réalité de leur résurrection.
Le lecteur familier du Nouveau Testament ne pourra manquer de faire le rapprochement entre ces commentaires et le récit de l’apparition de Jésus après sa résurrection qu’on peut lire dans l’Evangile de Saint Luc : Effrayés et saisis de peur, ils croyaient voir un esprit. Et il leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi des raisonnements montent-ils en votre cœur ? voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi ! (Luc 24,30)
Michel Remaud
Du neuf et de l’ancien p 70-72
Ed Parole et Silence
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique, Lu ailleurs | 2/11/2021
La Sainte Maison de Lorette en Italie est selon la tradition chrétienne occidentale, la Maison où Jésus-Christ fut conçu par le Saint-Esprit en la Vierge Marie.
Ce sanctuaire rappelle le mystère de l’Incarnation et pousse tous ceux qui le visitent à considérer la plénitude du temps, quand Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, et à méditer à la fois sur les paroles de l’Ange qui annonce l’Evangile et sur les paroles de Vierge qui a répondu à l’appel divin.
Dans l’événement de l’Incarnation apparaît la dynamique de la vocation de notre vénérable Fondateur pour répondre au projet de Dieu : l’écoute de la Parole, le discernement et la décision. Il a contemplé, médité et accueillli toutes les exigences de la volonté Dieu.
D’une manière claire mais inexplicable, P.B Noailles conçut dés lors, tout le plan de son Institut… Pénétré à la fois de reconnaissance et de confiance envers Marie, il remit tout entre ses mains et il promit à cette bonne Mère de lui dédier son premier établissement sous le vocable de Notre Dame de Lorette. » (Vie du Bon Père – H.Foucault T 1 p: 56)
Nous célébrons aujourd’hui la fête de Notre Dame de Lorette. Faisons nôtre le souhait que notre Bon Père exprimait dans une lettre à Mère Bonnat après sa visite au sanctuaire de Lorette en Italie en 1840 : Puissions-nous mériter de plus en plus de lui appartenir en marchant sur les traces de Jésus, Marie et Joseph, en ne vivant désormais que pour Dieu Seul.
Catégories: Vie consacrée | 10/12/2020
Dans le ivre de Job, Job pose à Dieu des questions existentielles désespérées. Et Dieu reste silencieux… Jusqu’au moment où la tempête éclate, et Dieu va évoquer la diversité de la création pour répondre aux doutes de Job.
Regarder l’immensité et la variété des oeuvres de Dieu devrait conduire l’être humain à reconnaître sagesse de Dieu. Cette sagesse se montre, d’une part, dans les limites et les frontières imposées aux éléments de la création, la mer notamment, et d’autre part, dans le regard bienveillant que Dieu pose sur toutes ses créatures, petites et grandes, que l’homme lui-même ne voit pas.
L’être humain est invité alors à faire confiance à Dieu et à l’imiter par une sagesse de vie dans la gestion de son environnement écologique, social et spirituel. Cette « éco-sagesse » qui apprend de la création comment vivre dans le monde est importante pour notre quotidien, et c’est sans doute quelque chose que nous avons perdu depuis un certain temps – à la fois la notion de respecter les limites dans la vie et la nécessité (et la beauté) de la diversité dans le monde.
KATIE BADIE
Magnificat Octobre 2010
page 57
Catégories: Lu ailleurs | 2/10/2020
“Marthe appelle sa soeur Marie et lui dit tout bas: le maître (Rabbi) est là, et il t’appelle. Marie se leva immédiatement et alla vers lui” -Jean 11, 28-. Cyrille compare la course de Marie à la rencontre du Christ, à celle de l’épouse du Cantique des Cantiques: “Il faut que je me lève, que je cherche celui que j’aime“. Il dit que Marie personnifie “le grand amour envers Christ, qui est celui de tout humain, la présence [du Christ] qui seule le rendra heureux”.
Ainsi, si Marthe est l’icône et le modèle de la foi pour la vie des Eglises, Marie est celle de l’amour que tout chrétien est appelé à vivre dans sa relation unique avec Christ.
Marie fait au Seigneur la même remarque que sa soeur: “Si tu avais été ici, il ne serait pas mort”. [Jésus] ne reprend pas Marie, ivre de chagrin, pour avoir dit “si tu avais été là” à celui qui emplit toute la création. En faisant cela, il nous prescrit aussi à ne pas reprendre ceux qui sont au comble de la douleur.
Gardons bien en mémoire la douceur du Seigneur et le conseil de Cyrille d’Alexandrie.
@ Marthe et Marie – coptica
Catégories: Lu ailleurs | 29/03/2020
“Rien n’et si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application.
Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.
Incontinent, il sortira du fond de son âme, l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir…
Quand je me suis mis, quelques fois, à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent (…) j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.”
Blaise Pascal – Pensées
Ed la Péliade, 1936
Cité par Fr F.Cassingena-Trévedy
dans l’hebdomadaire “La Vie” 6 mars 2020
Catégories: Lu ailleurs | 27/03/2020
Joseph, ombre du Père
En 1657, BOSSUET prononçait un fameux Panégyrique de saint Joseph. Il affirmait qu’il y a, dans la vie chrétienne, deux vocations essentielles, celle des apôtres et celle de saint Joseph : Les apôtres sont des lumières pour faire voir Jésus-Christ au monde; Joseph est un voile pour le couvrir, et sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité de Marie et la grandeur du Sauveur des âmes.
Joseph, image du Père
Un grand spirituel du XVllème siècle, Jean-Jacques OLIER, l’a exprimé d’une manière indépassable : L’admirable saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer les perfections adorables de Dieu le Père. Dans sa seule personne il portait ses beautés, sa pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion. Un seul saint est destiné pour représenter Dieu le Père. Le Père s’étant choisi ce Saint pour en faire sur la terre son image, il lui donne avec lui une ressemblance de sa nature invisible et cachée.
En étant, pour Jésus, « l’ombre et l’image de Dieu le Père », Joseph à la fois respecte le mystère de Dieu et apprend à Jésus à découvrir, avec ses yeux et son intelligence de petit garçon, qui est vraiment son Père: un Père juste et bon, un Père aimant et provident, un Père jamais possessif, un Père qui, en quelque sorte, se laisse adopter par ses enfants.
Joseph, ombre bienfaisante
Qui dit « ombre », dit aussi « présence environnante ». Être l’ombre de Dieu sur un enfant, c’est manifester sur lui la présence protectrice de Dieu, qui étend sa main pour le garder à l’abri de son ombre. Voilà encore la mission d’un père, et celle de saint Joseph. C’est la seconde raison pour laquelle Joseph révèle les mystères en les cachant. Joseph ne révèle pas la paternité de Dieu à la manière d’un apôtre, qui la proclame haut et fort; lui nous la fait sentir, en nous prenant sous son ombre, comme il a pris Jésus sous le pan de son manteau. Par ce simple geste, que nous voyons représenté sur de nombreux tableaux, nous éprouvons la puissance protectrice de Dieu.
Extraits de la conférence prononcée par Don Thomas Diradourian, recteur du sanctuaire d’Espaly,
Si la Sainteté de Joseph vient de Jésus,
celle de Jésus passe par Joseph.
(A.Doze)
Catégories: Lu ailleurs | 19/03/2020
Au sens premier du mot désert: en hébreu comme en grec mi-dabar/é-rèmos signifie littéralement un lieu sans parole, où il n’y a pas de parole (humaine, s’entend) et c’est bien l’image qui nous vient spontanément à l’esprit si nous avons fréquenté un désert, qu’il soit de sable au Sahara ou de forêts sauvages en Grande Chartreuse.
Dans ces lieux, pas de bruits liés à l’activité humaine; là règne non pas le vide, mais un certain silence qui va rendre possible une autre écoute, qui va surtout permettre à Dieu de se communiquer, à sa parole de résonner au plus profond du cœur de l’homme.
Si le Carême était pour nous le temps favorable, l’occasion inespérée de re-découvrir notre vocation baptismale, à savoir devenir saint et au delà devenir Dieu?
Les moyens essentiels nous ont été indiqués mercredi dernier: l’aumône, la prière et le jeûne. Mais l’enjeu, la finalité du Carême – ne l’oublions pas – c’est de changer d’esprit, de mentalité, de » mental » (comme disent les jeunes) pour s’attacher plus fermement au Christ.
Alors, laissons l’Esprit du Christ changer nos cœurs de pierre en cœur de chair; efforçons-nous d’imiter le Christ au plus près. Pour effectuer ce retournement, il faut se retrouver dans la douceur et l’humilité soi-même: à nous de discerner le Désert adéquat, le lieu approprié où Dieu désire parler à notre cœur. Encore faut-il le vouloir, prendre le temps de le faire.
Extraits homélie du Fr Rémy Bergeret (OP)
Catégories: Lu ailleurs, Non classé | 27/02/2020
Quarante jours
pour faire le tri,
pour se délester de ce qui est inutile
comme lorsqu’il faut traverser un désert,
Quarante jours
pour ne plus se contenter de ‘juste ce qu’il faut”,
pour sortir du strict minimum,
Quarante jours
pour éduquer le cœur et aimer,
apprendre à aimer, d’une façon neuve,
à la manière des premiers jours,
pour éduquer l’esprit,
l’arracher à ses obsessions, ses idées reçues,
et l’ouvrir à la nouveauté, pour éduquer le regard à dépasser l’usure et à traverser l’écran
des masques et des apparences,
Quarante jours
pour marcher à un autre rythme,
pour changer de style,
pour faire le ménage, pour se purger,
Quarante jours
pour regarder les autres,
pour regarder Dieu,
pour écouter la Parole du Christ
et la laisser faire
son œuvre de redressement
au secret de nos désirs,
Quarante jours
pour être transfiguré,
Quarante Jours
pour grandir avec l’Évangile,
Quarante Jours
pour apprendre à vivre !
C.SINGER
Catégories: Lu ailleurs | 26/02/2020
L’Evangile de Jésus-Christ, c’est nous-mêmes. Cet Evangile est en nous-mêmes, et c’est là seulement que nous pourrons en faire une lecture efficace et fructueuse.
M.Zundel
Catégories: Lu ailleurs | 11/02/2020