A quoi ressemble alors un mysticisme de la pratique écologique? Je suggère qu’il pourrait comprendre des expériences de ce type:
L’expérience d’être saisi par la beauté absolue du monde naturel, quand celle-ci suscite un émerveillement et une joie qui semblent débordants.
L’expérience de faire partie d’une histoire de l’univers de 14 milliards d’années, et d’une histoire de l’évolution de la vie sur Terre de 3,8 milliards d’années, et de savoir que tout cela est orienté vers le don de soi que Dieu fait par amour.
L’expérience d’être écrasé par les forces naturelles, de par la taille et l’âge de l’univers, de connaître le monde naturel comme étant autre, de le sentir comme étranger, et être amené bien au-delà des zones de confort humaines dans le mystère.
L’expérience d’être appelé à la solidarité avec les créatures de la Terre, d’être appelé à une conversion écologique, de reconnaître d’autres créatures comme étant de la famille, et de savoir que c’est le don gracieux de l’Esprit de Dieu.
L’expérience d’être écrasé par l’ampleur du problème écologique, d’être vaincu par les forces économiques puissantes, d’assister à la destruction de la forêt pluviale, à l’extinction d’autres espèces, à l’augmentation du carbone dans l’atmosphère, de se sentir au bord du désespoir, mais espérer encore en dépit de tout, de reconnaître qu’il s’agit d’une participation sur le chemin de cette croix, d’une invitation à nous engager à aller de l’avant, à confier notre Terre endommagée et nous-mêmes dans les mains de Dieu.
L’expérience de conversion en passant d’un modèle d’individualisme et de consommation à la simplicité de ce que Sallie McFague appelle “la vie en abondance” et reconnaître dans cela la vérité de Dieu: ce qui compte, ce sont les besoins essentiels en vivres, vêtements et abri, soins médicaux, éducation, relation d’amour, un travail significatif, une vie imaginative et spirituelle enrichissante, le temps avec les amis, le temps passé avec le monde naturel qui nous entoure.
L’expérience de l’engagement en faveur des créatures de notre communauté sur la Terre, qui nous mène au-delà de nos tendances à la satisfaction de soi, qui a le caractère d’un engagement pour la vie, en fait éternel, que nous pouvons reconnaître comme étant de la grâce pure.
Denis Edwards
“L’écologie au coeur de la foi” (Maryknoll : Orbis, 2006)
Catégories: Foi et vision cosmologique | 10/06/2015

Savez-vous quelle fut la plus grande découverte des mille dernières années ? Ce n’était pas l’imprimerie, ni l’Amérique, ni même la vaccination. Cette découverte, nous l’avons faite très récemment :
Ce fut la découverte de la planète Terre.
Depuis le jour où nous avons dû quitter le Jardin d’Eden, l’humanité a essayé de fuir la planète. Elle a bâti des temples pour atteindre les cieux et transcender nos limites matérielles et des cités puissantes pour se prémunir d’une nature envahissante, comme si nous n’en faisions pas partie. Nous avons signifié à la Terre qu’elle n’était qu’un sombre cloaque dont nous devions nous détacher pour accomplir notre destin. Nous l’avons ravagée, violée et enfouie sous nos pavés. Nous rêvions d’en venir à bout. De vaincre la Terre.
Un jour, finalement, dans le plus fou de tous nos rêves, nous lui avons échappé. Nous lui avons dit « Hé, la Terre ! C’est fini, nous n’avons plus besoin de toi ! Après tout, tu n’es qu’une petite planète minuscule perdue dans un incommensurable univers. C’est là-bas que nous allons conquérir d’autres planètes, plus grandes et plus belles que toi. Nous allons devenir les maîtres des étoiles et des galaxies ! »
Alors nous sommes partis sur la Lune, malheureusement elle était déserte et stérile. Nous avons envoyé des sondes sur Mars : Mars était complètement mort. Puis vers Vénus, le symbole de la beauté. Mais elle était vêtue de nuées brûlantes et toxiques. Cela jusqu’à ce que les parlementaires excédés votent l’arrêt des crédits alloués à la poursuite de ces rêves creux et vains.
C’est alors que, délaissant les profondeurs intersidérales, nous nous sommes retournés et avons découvert quelque chose que nous n’aurions jamais osé imaginer. Un joyau brillant au milieu des ténèbres dont jamais nous n’avions remarqué la beauté : la plus belle planète dont on puisse rêver.
Ce n’est qu’à ce moment que nous nous sommes rendus compte de la vérité : ce à quoi nos âmes avaient toujours aspiré se trouvait ici, sur la Terre, à notre portée. Il nous est alors apparu que nous avions besoin d’elle autant qu’elle a besoin de nous. Car nous ne faisons qu’un avec elle.
Nous avons découvert la planète Terre.
Aujourd’hui, il nous faut sauver notre planète. Ce n’est pas la première fois qu’elle est en péril, c’est arrivé déjà il y a longtemps et, à l’époque, seul un homme avait pu la sauver. Ce n’était pas qu’il fut le seul juste au monde, il y avait Mathusalem et ses disciples, mais Noa’h (Noé) était bien plus qu’un homme spirituel. Il était, comme le dit la Torah, Ich HaAdama – « un homme de la Terre ». D’après notre tradition, c’est Noa’h qui inventa la charrue.
D.ieu regarda en bas vers le monde qu’Il avait créé et vit ce que les hommes lui avaient fait, comment son âme lui avait été arrachée. Il vit aussi tous ces gens qui priaient et méditaient pour s’échapper des limites du corps et du monde terrestre et Il leur dit « Vous, les hommes, ne faites pas partie de la solution. Vous faites partie du problème. Il n’y a que Noa’h, qui sait allier le corps et l’esprit, le Ciel et la Terre, qui puisse sauver Mon monde. »
Au cours du siècle qui vient de s’écouler, alors qu’étaient perpétrés les crimes les plus horribles dont les hommes se soient rendus responsables, nous avons vu comment les hommes « spirituels » sont restés silencieux. La destruction de l’humanité et de la Terre s’est faite avec leur consentement.
Mais, maintenant, nous avons découvert la planète Terre. Nous avons trouvé l’épanouissement spirituel et la Divinité en son sein. Et nous nous sommes rendus compte que si nous ne parvenons pas à faire la paix avec elle et entre nous, nous ne pourrons plus y survivre bien longtemps.
Rav Tzvi Freeman
Extrait d’un discours prononcé
devant la 18ème Conférence Internationale
pour la Paix, tenue à Munich en automne 1999.
Catégories: Foi et vision cosmologique | 8/08/2014

« Grande est la beauté des terres ;
mais cette terre a un auteur…
Je vois la grandeur de la mer
répandue autour de la terre,
j’en suis stupéfait ;
j’admire, j’en cherche l’auteur,
je lève les yeux vers le ciel
et la beauté des astres,
j’admire la splendeur du soleil
dont la vertu suffit à produire le jour,
et la lune qui console
les ténèbres de la nuit.
Ce sont là des choses
qui ne sont déjà plus terrestres
mais célestes.
Cependant ma soif ne s’arrête pas encore,
c’est celui qui a créé les choses,
c’est lui dont j’ai soif. »
St Augustin – En Ps 41,7
Catégories: Foi et vision cosmologique, Lu ailleurs | 12/07/2014
La louange, dans la Bible embrasse toute la création, les psaumes font chanter les oiseaux et les prairies, les sources des montagnes et les reptiles, la pluie et le soleil. C’est du reste , étrange que la prière traditionnelle de l’ Église soit constituée de ces psaumes qui sans cesse, font appel à l’innombrable variété de vivants que l’ordre de la création accueille et que, si facilement, la prière des croyants les oublie et devienne une intimité du seul à seul de l’âme avec Dieu.
C’est comme si tous ces êtres évoqués représentaient un surplus plus ou moins superflu, un décor extérieur non indispensable pour aller à Dieu. L’écologie nous rappelle que la vie est l’ensemble harmonieux de tous les vivants et que la mauvaise santé de certains de ces éléments influe sur la totalité et en compromet la vitalité et la survie.
Ce rappel salutaire doit pousser les chrétiens à mettre en valeur sa dimension cosmologique, ou, du moins, à ne plus faire comme si elle était accessoire. Elle ne l’est pas, puisque la création toute entière gémit en travail d’enfantement (Rom8,22) et en gémissements ineffables, qui, comme la houle de la mer, la tempête de neige, ou la brise légère, orchestrent le chant du souffle qui anime toute la biosphère.
La théologie nomme ce souffle Esprit Saint et rappelle qu’Il remplit tout l’univers et que Sa Sagesse donne voix à la louange (Introït du Dimanche de Pentecôte) toute l’énergie vivifiante pour la restituer en multiples formes d’expiration qu’expriment son aspiration à rejoindre la Source Créatrice. La parole humaine , dans la musique et dans le chant, a le savoir de cette respiration et des sons qui évoquent cette universelle montée.
Et bien ! Ce que dit le chant que tout les hommes le fassent, en veillant sur la sauvegarde de tout ce qui vit et respire.
Fr Ephrem YON
Communauté de la sainte Trinité
Catégories: Foi et vision cosmologique | 14/12/2013
Le Monde qui nous concerne, le monde de l’esprit, le monde spirituel, le monde proprement humain, le monde inviolable dans sa dignité, le monde sacré qu’un enfant porte dans le secret de son cœur mais sans le savoir, le monde que nous avons tous à développer, à porter, à assumer, enfin à créer avec Dieu, c’est un monde qui n’est pas encore, un onde que nous avons à créer en nous créant nous-mêmes.
Car nous avons à nous créer dans notre dimension proprement humaine, à nous créer dans ce domaine où éclate notre responsabilité, où notre vie peut devenir une réponse d’amour à l’amour infini de Dieu…
Dieu est amour. Il faut que le monde le devienne. Dieu est liberté. Il faut que cette liberté circule dans toutes les fibres de la matière. Il faut que la création tout entière devienne l’ostensoir de Dieu. Et ce monde n’est pas.
Il doit être… Et c’est dans le Christ que va éclater cette nouvelle création, c’est dans le Christ, le nouvel Adam qui va introduire le monde le sens du geste créateur, en le réalisant en plénitude…
En Jésus, le monde fait un nouveau départ.
En Jésus, le monde retrouve son origine.
En Jésus, la liberté prend un sens créateur, un sens infini, universel.
En Jésus, la liberté apparaît comme une libération totale de lui-même.
En Jésus, notre humanité est révélée à elle-même.
M.Zundel
Ed Anne Sigier p :248-249
Catégories: Foi et vision cosmologique, Lu ailleurs | 23/11/2013

Ne serait-ce pas, Seigneur,
la réconciliation de Dieu et de notre siècle,
si les hommes discernaient
en chacun d’eux,
un élément du Plérôme!
S’ils comprenaient
que l’Univers ne s’achève
que dans le Christ;
et que le Christ,
de son côté,
ne s’atteint
qu’à travers l’Univers
poussé jusqu’aux limites
de ses facultés!…
(T de Chardin)
Catégories: Foi et vision cosmologique, Non classé | 9/11/2013

L’immensité de Dieu
Il est un Dieu ; les herbes de la vallée et les cèdres des montagnes le bénissent, l’insecte bourdonne ses louanges, l’éléphant le salue au lever du jour, l’oiseau le chante dans le feuillage, la foudre fait éclater sa puissance, et l’océan déclare son immensité.
L’homme seul a dit : il n’y a point de Dieu. Tandis que vous admirez ce soleil, qui se plonge sous la voute de l’occident, un autre observateur le regarde sortir des régions de l’aurore. Par quelle inconcevable magie, ce vieil astre qui s’endort fatigué et brulant dans la poudre du soir est-il, en ce moment même, ce jeune astre qui s’éveille humide de rosée, dans les voiles blanchissants de l’aube ?
A chaque moment de la journée, le soleil se lève, brille à son zénith, et se couche sur le monde ; ou plutôt nos sens nous abusent, et il n’y a ni orient, ni midi, ni occident vrai. Tout se réduit en un point fixe, d’où le flambeau du jour fait éclater à la fois trois lumières en une seule substance. Cette triple splendeur est peut-être ce que la nature a de plus beau, car, en nous donnant l’idée de la perpétuelle magnificence, et de la toute puissance de Dieu, elle nous montre aussi une image éclatante de sa glorieuse Trinité.
François René de Chateaubriand.
Le Génie du Christianisme
Catégories: Foi et vision cosmologique | 12/08/2013

Teilhard de Chardin pose la question: “Qu’y a-t-il de changer en l’homme qui a ouvert sa vie intérieure aux préoccupations, à la conscience du Cosmos?”
Il en résulte répond-il, que nos vies perdent de leur importance centrale et qu’il nous faut accepter “un suprême renoncement”. Il se produit une perte d'”égocentrisme”, nous devenons “radieux de désintéressement”. Nous ressentons à l’intérieur de nous les fardeaux des autres et ce faisant nous développons “un coeur toujours plus large…”
Si nous sommes capables de remettre notre monde au Christ, tout change. Nous nous sentons libérés d’un lourd fardeau, le fardeau d’être Dieu, d’animer tout qui nous entoure, hommes et choses… On est capable de dire à Dieu qu’on l’aime, non seulement de tout son corps, de tout son coeur, de toute son âme mais de tout l’univers en voie d’Unification…”
Pour Teilhard, c’est l’univers, notre univers qui prie à l’intérieur de nous. Nous sommes le lieu de la prière de l’univers…”
Louez-le soleil et lune, louez-le, tous les astres de lumière, louez-le cieux des cieux, et les eaux de dessus les cieux! (Ps 48,3-4)
T.M King (sj) –
La Messe de Teilhard – Ed Médiaspaul p: 124,127,128
« Face à l’avenir qui se découvre,
le Père Teilhard de Chardin peut nous aider
à voir, à croire, à aimer, à servir l’unité du monde
en nous recentrant sur le mystère du Christ
d’une façon nouvelle. »
Mgr Patenôtre
Catégories: Foi et vision cosmologique, Lu ailleurs | 12/06/2013

Le 1er septembre est devenu depuis quelques années le rendez-vous de la prière des chrétiens pour la Création et son devenir dans les défis environnementaux actuels. A cette occasion, le patriarche Bartholomée a publié un intéressant texte de réflexion et d’encouragement. Voici l’intégralité de son message pour le 1er septembre 2012 (trad. DL)
La repentance pour agir pour la planète
Catégories: Foi et vision cosmologique, Lu ailleurs | 5/06/2013

La communion
– qui se prolonge tout au long de la journée –
me met en contact intime et profond
avec toutes les créatures humaines.
Je me ris des barrières de langue,
de race, de religion, d’idéologie…
La communion
me rend solidaire de la création tout entière.
Je suis citoyen de Mars ou de saturne,
relié à toutes les étoiles,
à toutes les eaux, à toutes les pierres,
à toutes les plantes, à tous les animaux.
Aux espaces et aux vides,
à la lumière et à l’ombre,
au bruit et au silence,
à la vertu et au péché!
Sans limite! sans restriction!
Je vais où tu vas,
dans la hâte de vaincre le multiple
pour l’incorpore à celui qui est Un.
La consécration
– qui se prolonge tout au long de la journée –
me rappelle combien est vivant et saint
ce qui sort de tes mains.
Dom Helder Camara
(Cité dans Rencontres – Ed Droguet-Ardant p: 218-219)
Catégories: Foi et vision cosmologique, Lu ailleurs | 3/06/2013