Page 127
« Aujourd’hui nous est né un Sauveur dans la ville de David.
Il est le Messie, le Seigneur »
La Joyeuse Nouvelle retentit cette Nuit : un enfant nous est né. Mais qui est cet enfant, ce Jésus qui est Dieu ?
Les cloches nous annoncent la venue du Verbe qui s’est fait chair. Dieu s’est fait homme, petit, fragile, divin. Il veut rencontrer l’homme au fond de son cœur ; rencontrer les plus faibles, les plus malheureux. Dieu ne cesse de venir sur terre et de nous aimer. Il vient sans réserves, embrasser notre condition humaine. Cet unique et grand mystère au soir de Noël, prend Visage : celui de Dieu, descendu en nos cœurs, afin de nous rejoindre.
Sa venue n’est pas éphémère. Dieu revient et reviendra, chaque fois que nous ferons appel à lui ; chaque fois que prendra forme son visage dans celui d’un frère démuni. Jésus veut être aimé comme il nous aime.
Malgré nos faiblesses, notre pauvreté, notre faculté à dévier notre route de la sienne, Jésus n’abandonne jamais. Sa patience n’a pas de limite.
Ce petit enfant de la crèche, si grand de par sa divinité, nous encourage à donner de l’Amour, à répondre OUI aux demandes suggérées, à dire OUI aux appels soufflés par une voix intérieure.
Combien il est difficile de dire à Jésus « je t’aime » lorsque nous vivons une situation de grande souffrance … Noël ….
Cette nuit, se vit le mystère de l’incarnation ! Peut être se produira-t-il pour chacun, non pas un miracle, mais une explosion de sentiments mêlés d’angoisse et de souffrance, de peines et de joies. Alors nous trouverons la force de dire à cet enfant nouveau-né pas comme les autres :« Je t’aime Jésus »
Le miracle de Noël c’est précisément la réponse à notre « Je t’aime Jésus »
Dieu est Amour et c’est seulement dans l’Amour et par l’amour d’autrui que nous le rencontrerons. Jésus, Marie, Joseph qui ont aussi connu joies et peines nous attendent dans la clarté de cette mystérieuse nuit, pour dire à qui veut bien l’entendre :
« Paix sur la terre à ceux que Dieu aime »
Tout simplement, ce soir dans la sincérité de notre prière, accueillons Jésus qui s’est abaissé pour nous rejoindre.
Joyeux Noël!
Geneviève Simmonet
O SAPIENTIA : O Sagesse (17 décembre)
O ADONAÏ : O Adonaï (18 décembre)
O RADIX JESSE : O Racine de Jessé (19 décembre)
O CLAVIS DAVID : O Clef de la Maison de David (20 décembre)
O ORIENS : O Soleil levant (21 décembre)
O REX GENTIUM : O Roi des nations (22 décembre)
O EMMANUEL : O Emmanuel (23 décembre)
Cette liste de titres forme, en latin un acrostiche : S-A-R-C-O-R-E.
Lu en sens inverse, cela donne : ERO CRAS, c’est-à-dire, en latin :
Dés qu’Elisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein. (Luc 1,41)
« Remarquez, dit St Ambroise après Origène, le sens de chacun de ces mots : Elisabeth entend la première la voix de Marie, et son enfant est le premier à sentir la grâce; Elisabeth entend la voix de Marie, mais Jean sent l’avènement du Sauveur et il tressaille en présence de ce grand mystère».
Ces deux femmes racontent la grâce qui a été faite : cette grâce a pour théâtre l’âme des deux enfants, elle se répand sur les mères, et dans l’esprit qui vient des enfants les mères prophétisent.
L’enfant d’Elisabeth tressaille dans son sein, et la mère est remplie de l’Esprit Saint : «elle n’est remplie de l’Esprit Saint qu’après que l’enfant a tressailli. »
« De même que les Prophètes, dit Théophylacle, subissaient une impression divine qui les mettait hors d’eux-mêmes, et ensuite prophétisaient, de même le Fils d’Elisabeth semble dans ce tressaillement accuser cette impression d’en haut, et ensuite il prophétise par la bouche de sa mère. »
Début d’une homélie donnée en 1954 par M. Zundel pour l’ouverture de l’Avent.
« Quand nous écrivons en tête de nos lettres 1954, cette date contient une référence à Jésus Christ. 1954: nous entendons par là nous référer sur ce centre de l’Histoire qui est la naissance de Jésus Christ. Ainsi toute l’Histoire est structurée.
Cette suite de générations qui se recouvrent les unes les autres ne sont pas sans lien, bien qu’elles semblent s’oublier, disparaître sans laisser aucune trace. Toutes ces générations vivent au coeur de Jésus Christ et justement, si nous datons les événements par rapport à Lui, c’est que Jésus porte toute l’Histoire.
Tous ces hommes qui nous ont précédés depuis peut-être cinq cent mille ans, aucun de ces hommes n’a péri définitivement et Jésus, dans l’immensité de Son Amour, les accueille et les recueille. Il fait de tous ces siècles un unique présent dans une unique offrande pour accomplir toutes ces vies dans la Sienne.
Sans Lui, l’Histoire n’aurait pas de centre, toutes les générations se succéderaient au hasard sans ordre ni raison, mais en Lui justement elles trouvent leur signification parce qu’en Lui elles constituent une seule humanité, davantage, une seule personne.
Pendant que nous écrivons la date 1954 en cette année du Seigneur où nous sommes, nous devenons les contemporains de Jésus et, avec Lui, nous assumons toute l’Histoire. Le chrétien est justement celui qui, devenant contemporain de Jésus Christ, prend sur lui toute cette suite de générations et, avec le Christ, les accomplit dans sa propre vie. C’est le sens de l’Avent : l’Avent récapitule toute l’Histoire.
L’Avent représente toute l’Histoire comme une aventure qui demeure encore ouverte, suspendue au choix que nous allons faire de nous-mêmes, car chacun de nous peut modifier toute cette Histoire, lui donner une nouvelle conclusion, la faire monter vers Dieu ou descendre vers soi.
Rilke a magnifiquement marqué l’événement unique, infini, que représente dans chaque maison la naissance d’un enfant, car un petit enfant qui naît, c’est un regard nouveau, c’est une nouvelle liberté, c’est un nouveau choix, c’est une nouvelle figure du monde ! car cette liberté du petit enfant qui va éclore, au-delà de ses instincts cette liberté va donner au monde une nouvelle perspective, va ressaisir toute cette histoire pour lui donner une nouvelle conclusion, pour enraciner l’univers pour un ordre nouveau.
En Jésus Christ l’humanité toute entière rassemblée dans Son Amour reçoit une dignité nouvelle parce qu’un horizon infini nous est proposé à chacun en remettant entre nos mains toute la destinée, tout le sens de l’histoire.
Le chrétien doit se faire un coeur universel. Le chrétien est appelé avec Jésus Christ à se dépasser infiniment parce qu’il n’est pas chargé seulement de lui-même, il est chargé de tout l’univers, de toute l’humanité,davantage, il est chargé de Dieu dans toute l’Histoire et dans tout l’univers.
Le prêtre qui s’agenouillait à Pompéi pour faire un acte de contrition dans les lieux de plaisir anéantis par l’éruption du Vésuve il y a quelques 2000 ans, ce prêtre savait, il comprenait, il vivait cette continuité admirable. Il savait que ces hommes qui avaient été surpris par la mort en plein péché n’étaient pas des- morts : en Jésus, leur vie était sauve ! et que son acte de contrition à lui pouvait les joindre, pouvait accomplir leur vie, pouvait les sauver d’eux-mêmes.
Chaque petit enfant apporte donc au monde cette possibilité toute neuve, ce choix infini : au coeur de ce petit enfant, l’histoire et l’univers sont suspendus car la Création comme la Rédemption est une histoire à deux, une histoire que Dieu ne peut pas écrire tout seul parce que c’est une histoire d’amour.
Toute la puissance du sourire, toute la puissance de la tendresse suppose le consentement. Sans consentement, sans ouverture, le sourire ni la tendresse ne peuvent rien. Et la puissance de Dieu n’est pas autre chose que le sourire, que l’élan même de l’Amour qu’il est – et c’est pourquoi la Création est sans cesse remise en question par le choix que nous faisons de nous-mêmes, c’est pourquoi tout enfant est nécessaire à l’accomplissement du plan de Dieu, comme il peut, hélas aussi, le mettre en échec.
Il y a quelque chose de vertigineux dans cette perspective, quelque chose d’écrasant à songer que chacun de nous, dans cet immense circuit de la vie, que chacun de nous en est un segment indispensable, que chacun de nous un instant porte toute l’Histoire, tout l’univers, tout le destin de Dieu. »
Retenons la parle, ne laissons pas partir la parole conçue au fond de nous. Tu veux voir comment la voix s’éloigne, tandis que demeure la divinité de la Parole? Où est maintenant le baptême de Jean? Il a accompli son service et il a disparu. Maintenant le baptême du Christ se multiplie.
Tous nous croyons au Christ, nous espérons le salut dans le Christ: c’est cela que la voix faisait entendre. Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c’est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole; mais la voix s’est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole: je ne suis pas le Messie, ni Elie, ni le Prophète.
On lui réplique: Qui es-tu donc? Il répond: Je suis la voix qui crie à travers le désert: préparez la route pour le Seigneur. La voix qui crie à travers le désert, c’est la voix qui rompt le silence.
Préparez la route pour le Seigneur, cela revient à dire: “Moi je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le coeur”; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route.
Que signifie: Préparez la route, sinon: Priez comme il faut? Que signifie: Préparez la route, sinon: Ayez d’humbles pensées?
Jean vous donne un exemple d’humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu’il n’est pas ce que l’on pense et il ne profite pas de l’erreur d’autrui pour se faire valoir. S’il avait dit: “Je suis le Messie” on l’aurait cru très facilement puisqu’on le croyait avait même qu’il ne parle. Il l’a nié; il s’est fat connaître, il s’est défini, il s’est abaissé. Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu’il n’était pas la lampe, et il a craint qu’elle ne soit éteinte par le vent de l’orgueil.
St Augustin (Lectionnaire monastique Avent-Noël – Solesmes/cerf )