Une simple répétition du Seigneur? « Vous diriez, dit Bossuet, qu’à coups redoublés, il veuille faire pénétrer la paix au fond du cœur. »
« Cette répétition, dit St Augustin, cette distinction qu’il y fait entrer, la paix, ma paix, ont peut-être aussi une signification. Ne serait-ce point cette paix dont parle le Prophète, une paix venant s’ajouter à une autre paix?
Oui, il y a une paix qu’il nous laisse en s’en allant, et il nous apportera sa paix quand il reviendra à la fin. Il nous a laissé sa paix dans laquelle nous sommes vainqueurs de l’ennemi, et il nous donnera sa paix dans laquelle nous régnerons sans plus jamais avoir d’ennemis. Il nous laisse la paix dans laquelle nous nous aimons mutuellement ; et il nous donnera sa paix dans laquelle nous ne connaîtrons plus de dissentiments. Il nous laisse la paix pour ne point nous juger témérairement ; et il nous donnera sa paix quand toutes les pensées des cœurs étant manifestées seront louées de Dieu. »
Oui, il y a une paix qu’il nous laisse en s’en allant, et il nous apportera sa paix quand il reviendra à la fin. Il nous a laissé sa paix dans laquelle nous sommes vainqueurs de l’ennemi, et il nous donnera sa paix dans laquelle nous régnerons sans plus jamais avoir d’ennemis. Il nous laisse la paix dans laquelle nous nous aimons mutuellement ; et il nous donnera sa paix dans laquelle nous ne connaîtrons plus de dissentiments. Il nous laisse la paix pour ne point nous juger témérairement ; et il nous donnera sa paix quand toutes les pensées des cœurs étant manifestées seront louées de Dieu. »
«Il y a entre nous une certaine paix, parce que nous croyons à notre affection mutuelle ; et cependant cette paix n’est pas entière, parce que nous ne voyons pas mutuellement les pensées de nos cœurs, et que nous jugeons en bien ou en mal les choses qui nous touchent »
« Aussi cette paix, bien qu’elle nous ait été laissée par Jésus-Christ est notre paix. Sa paix, à lui, est bien supérieure à la nôtre. Mais si nous conservons jusqu’au bout la paix qu’il nous a laissée, nous arriverons à posséder une paix semblable à la sienne : car il n’y aura plus de combats à soutenir, plus rien de caché dans les cœurs. »
C’est à cette paix qu’il faut aspirer dès maintenant!
Voici que, de nouveau, la mort vient fouiller notre foi. Surtout, s’il s’en va au bout d’une longue course, le vieillard qui meurt nous interroge par son départ: Où est-il, que fait-il? Et, à votre endroit, ma sœur Trinité, ce matin, les pourquoi surgissent nombreux: pourquoi avez-vous fait profession religieuse, pourquoi êtes-vous venue chez nous, à la Solitude, pourquoi êtes-vous partie vers d’autres cieux, pourquoi avez-vous choisi de vivre en contemplative après avoir connu la vie apostolique ou, tout simplement, pourquoi êtes-vous chrétienne, catholique?…
« Ecouter » et « suivre » ; » connaître » et « donner sa vie » : quatre verbes qui expriment les relations entre le divin Pasteur et ses brebis dont la sécurité est assurée par le Père avec qui le Seigneur est UN.
Quand vous entendez le Seigneur demander : « Pierre m’aimes-tu ? », considérez Pierre comme un miroir et regardez-vous en lui. Est-ce que Pierre représentait autre chose que la figure de l’Eglise ? Lorsque le Seigneur interrogeait Pierre, c’est nous l’Eglise qu’il interrogeait. »
“Sans l’espérance, vous ne rencontrerez jamais l’inespéré qui est introuvable et inaccessible” (Héraclite d’Ephèse)
Il y a un paradoxe dans cette affirmation, un paradoxe révélé dans l’annonce faite à Marie par l’ange Gabriel…
L’ange Gabriel est porteur de l’inespéré. Au-delà de ce que Marie aurait pu imaginer, et plus encore: au-delà de ce que Marie aurait pu désirer…
Mais son désir s’évapore dans la présence de l’Annonciateur. Il annonce autre chose et quelque chose se passe. Marie est ouverte. Elle a “la petite espérance”, cette petite clef maîtresse, cette petite soeur qui porte la foi et et l’amour, selon Péguy. Cette clef qui ouvre sur l’inespéré. “Qu’il me soit fait selon ta parole dit Marie en dépit du bon sens. Mais elle a reconnu la parole de Dieu. L’inespéré: celui qui nous exauce au-delà de nos voeux”
Marion Muller-Collard “Eclats d’Evangile” p 155 et 156 Ed Bayard – Labor et Fides
C’était précisément par sa mort qu’il opérait la Rédemption attendue. Mais cette mort les avait tellement troublés qu’ils avaient tout oublié. »
« Comme ils sont loin, dit S. Augustin, de la foi du larron repentant ! Sur sa croix, celui-ci demandait à celui qui était comme lui en croix de se souvenir de lui quand il serait dans son royaume. » Sa mort avait détruit toutes leurs espérances ; « mais il leur avait annoncé lui-même qu’il devait souffrir, qu’il devait mourir, et qu’il devait ressusciter le troisième jour.Et voilà que quelques femmes, de celles qui étaient avec nous, nous ont épouvantés. Car ayant été de grand matin à son tombeau, et n’y ayant plus trouvé son corps, elles sont venues dire qu’elles ont aussi vu des Anges qui disent qu’il est vivant.
« Cependant leur manque de foi n’est pas complet. Un reste de foi se manifeste dans cette parole, Voici le troisième jour que ces choses se sont passées. Ils semblent, dans cette parole, se souvenir de la promesse que Jésus-Christ avait faite de ressusciter le troisième jour. » Et ils semblent aussi rattacher cette parole à ce qu’ont vu les femmes au tombeau de Jésus. Et voilà que quelques femmes, de celles qui étaient avec nous, nous ont épouvantés. Car ayant été de grand matin à son tombeau, et n’y ayant plus trouvé son corps, elles sont venues dire qu’elles ont aussi vu des Anges qui disent qu’il est vivant.
O Christ Jésus, la route est devant nous, tortueuse, incertaine. Il nous faut cependant céder à son appel, quels que soient nos états d’âme.
Qu’avons-nous laissé derrière nous ? Nos ferveurs, nos rêves, nos impuissances ? Il est difficile de tourner la page quand un événement vous a secoué. Nous voudrions tant faire durer l’excitation et la mobilisation d’un moment. Mais il nous faut apprendre le travail de deuil et revenir chez soi, et revenir sur soi.
Heureux sommes-nous si nous ne sommes pas seuls dans notre marche et pouvons échanger avec un compagnon de route, quitte à élever le ton de temps à autre. La solitude peut être une épreuve trop lourde à porter au temps de l’individu-roi. La parole échangée nous allège et rend la route plus familière.
Nous nous comptons par deux alors qu’il faut nous dénombrer trois. En effet tu n’es jamais absent de nos rencontres, tu habites chacun de nos dialogues pour les ouvrir à la réalité. Tu es la Parole à l’origine de toute parole.
O viens Seigneur Jésus, t’introduire dans nos face-à-face, viens nous obliger à creuser la signification de ce qui nous arrive, et à donner de l’élan à nos vies. Nous croyons avoir tout compris. Il nous manque la clef de ta venue et de ton accompagnement pour remettre de l’ordre dans nos mémoires, interpréter l’histoire passée et présente, et laisser la Parole brûler nos vies.
Ta Parole, il faut bien l’avouer, n’est pas surgissement de pure nouveauté. elle a été burinée grâce à des siècles de foi et d’attente par le plus petit des peuples. Elle s’inscrit dans une succession de gestes prophétiques toujours soucieux de la grandeur de Dieu et de la dignité de l’homme.
Mais voilà, tu es plus qu’un prophète parmi d’autres, plus qu’un messie cristallisant l’espoir des nations. Tu viens de Dieu et tu retournes à Dieu en traversant toute l’épaisseur de la condition humaine, jusqu’à être conduit à une mort ignominieuse.
Cependant, cette mort n’a pu te retenir entre ses mains glacées. Au creux de notre nuit, la nouvelle de ta résurrection n’en finit pas de nous éblouir : tu es vivant, et toute vie trouve en toi sa source et son accomplissement, son sens et sa fécondité.
Alors que tu as tant à faire sur les routes humaines, passant considérable, accepte de partager notre gîte et notre couvert. Nous avons faim de parole et de pain, et plus encore du ciel sur la terre. Refais pour nous les gestes du don et de la communion.
Apprends-nous à devenir nourrissant pour les autres comme toi-même l’es pour tous. Fais-nous comprendre qu’en rejoignant la communauté des disciples nous n’avons plus à nous inquiéter de ton absence et qu’en rejoignant la communauté des hommes Nous sommes nous-mêmes responsable de ta présence.
La route est tortueuse, incertaine. Pourtant elle est jalonnée des signes ténus et efficaces qui nous remettent à ta suite, réveillés de nos engourdissements et désenclavés de nous-mêmes.
Donne-nous le souffle pour courir porter la nouvelle à nos frères, jusqu’à cette Jérusalem céleste qui vient à notre rencontre pour rassembler les pèlerins de tous les peuples et de toutes les religions.
Extrait de ‘Disciples d’Emmaüs’, Bruno Chenu, édition Bayard[:]
Pâques: Fête de l’Esprit! En vivre, oblige à suivre ce que nous inspirent la Foi, l’Espérance et la Charité. Ainsi nous incombe-t-il d’agir avec humilité en fonction de nos capacités, là où nous sommes.
Pâques: Fête de la Foi, pour tous ceux qui croient en Dieu, sachant que la Foi en Jésus ressuscité ne s’impose jamais comme une évidence.
Pâques: Jour de Joie car Jésus est ressuscité, mais non sans doute, pour tous les hommes. La tristesse, , envahit un moment les disciples qui se sentent abandonnés … mais le Seigneur tient toujours parole; ils vont le découvrir.
Jean fut le premier à courir au tombeau et, nous dit l’Evangile, il vit et il crut. Et que vit-il? Rien apparemment, un tombeau vide.
Jésus s’est libéré des liens de la mort, qui I ’emprisonnaient dans la nuit du tombeau.
Dieu son Père, I’a ressuscité; l’Evangile, jalonné de signes, ne cesse de nous faire comprendre que le Dieu d’ Amour ne peut mourir: Jonas, le temple rebâti en trois jours, etc …
Cependant, pas un seul instant Jean a douté. L’Amour que Jésus a déposé en lui lorsqu’il était avec eux, ne trompe pas; il demeure à jamais gravé en son cœur et sera toujours plus fort que la mort.
La Foi, proposée à tous est impalpable, ne se sent pas, ne se voit pas non plus, mais elle rayonne en nos vies. Elle est perçue au plus profond de ceux qui cherchent Dieu.
Le vieillissement, la mort, l’arrêt du cour et des facultés mentales peuvent s’éteindre, la Vie en Christ ressuscité continue: de mort elle nous fait passer à la Vie éternelle; de l’ombre surgir à la lumière. ,
Pâques, c’est le triomphe de l’Amour et de la Vie! Rien, ni personne, pas même les bourreaux, n’ont pu empêcher la résurrection de Jésus.
La force de son Amour insondable s’est communiquée aux hommes qui désirent trouver la source et bâtir l’Eglise.
Nous sommes tous uniques aux yeux de Dieu. Le Christ ressuscité appelle chacun(e) par son nom pour l’inviter au banquet de la noce.
Jésus est le seul chemin qui nous mène à la vraie Vie. Seule la Foi ouvre les yeux sur I’invisible Amour qui fait Vivre.
« Dieu est invisible aux yeux, mais il devient visible à celui qui prie le Tout-Amour» (Louis Evely)