“Le Charisme
est une force permanente dans l’Eglise
qui ne la quittera jamais
jusqu’à la fin des temps.
Signe et fruit de l’Esprit,
il manifeste l’action de Dieu
sur son Eglise.”
(Père Matta El-Maskîne)
Pourquoi St Pierre et St Paul
sont-ils fêtés le même jour ?
Revenons d’abord à l’histoire. Simon, que le Christ appellera Pierre, était un pêcheur – autant qu’un pécheur, serait-on tenté de préciser – galiléen, qui vivait à Capharnaüm, au bord du Lac de Tibériade. Un provincial, identifié comme tel grâce à son accent par plusieurs personnes au soir de l’arrestation de Jésus. Saul, avant d’être connu sous le nom de Paul, était, lui, un juif pharisien, lettré, citoyen romain de la ville de Tarse, en Asie mineure.
Leur point commun ? Le complet bouleversement produit par le Christ dans leur vie, qu’illustre dans les deux cas leur changement de nom. « Et il leur dit : “Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.” Eux, aussitôt laissant les filets, le suivirent », précise l’évangile selon saint Matthieu au sujet des premiers apôtres, dont Pierre, qui laissent tout pour suivre Jésus. Quant à Paul, il est aveuglé sur la route de Damas et tombe à terre en entendant « une voix qui lui disait : “Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?” », rapporte le livre des Actes des Apôtres. Pierre est la pierre sur laquelle le Christ bâtit son Église ; Paul, le prédicateur qui voyagera sur tout le bassin méditerranéen pour apporter l’Évangile aux païens. Tous deux mourront en martyrs, Pierre crucifié la tête en bas, et Paul, décapité. Selon la tradition, le premier est inhumé au Vatican, près de la voie Triomphale, en 64 et le second enseveli sur la voie d’Ostie, en 67.
Pierre a donc été au fondement de l’Église, tandis que Paul a consacré sa vie à la diffusion de l’Évangile. Deux destins pour une finalité commune, comme le souligne saint Augustin dans un sermon prononcé lors de la célébration de cette fête : « En un seul jour, nous fêtons la passion des deux apôtres, mais ces deux ne font qu’un. Pierre a précédé, Paul a suivi. Aimons donc leur foi, leur existence, leurs travaux, leurs souffrances ! Aimons les objets de leur confession et de leur prédication ! »
C’est donc bien en raison de l’importance et de la complémentarité de leur mission que ces deux piliers de l’Église sont célébrés ensemble.
« Nous célébrons dans nos solennités la naissance de Jean, et cette naissance nous la célébrons avec une grande joie, dit S. Augustin, quand nous ne célébrons la naissance d’aucun apôtre, d’aucun martyr, d’aucun patriarche. Les autres naquirent pour s’attacher à Dieu dans le progrès de l’Age, mais la naissance d’aucun ne fut un acte du service de Dieu. La naissance de Jean, qui depuis le sein de sa mère avait salué le Christ, fut une prophétie du Christ. »
Dieu était dans le monde, mais le monde ne l’a pas connu » (Jn 1,10)
L’Incarnation de Jésus ne signifie pas que Dieu est descendu du ciel pour venir sur la terre où il n’était pas encore : « Il était dans le monde, mais le monde ne l’a pas reconnu ».
L’Incarnation signifie la venue parmi nous d’une humanité devenue infiniment présente à Dieu.
De même, l’Eucharistie ne veut pas dire que Jésus-Christ Notre Seigneur devient présent alors qu’il ne l’était pas, puisque Jésus est toujours présent dans l’humanité non seulement par sa divinité mais bien encore par son humanité.
Et il faut dire plus : l’humanité de Notre Seigneur est toujours présente en chacun de nous, il est la lumière qui éclaire tout homme, et toute grâce vient de par son humanité.
L’humanité de Notre Seigneur ne cesse jamais de nous être présente, c’est nous qui ne sommes pas présents à l’humanité de Notre Seigneur.
Notre Seigneur est présent, c’est nous qui sommes absents, et le mystère de l’Eucharistie est de nous ouvrir à cette présence et de la faire circuler en nous.
« Les trois personnes de la Sainte Trinité, ont coopéré à tout ce qui s’est fait dans l’œuvre de notre salut. Il y a en Dieu une seule justice avec ses exigences infinies, une seule miséricorde avec sa libéralité infinie. Il ne peut y avoir des actes séparés là où se trouve une volonté unique. Le Fils et l’Esprit Saint répandent les mêmes lumières que le Père.
Cependant, comme il y a en Dieu une personne qui envoie, une personne qui est envoyée, une personne qui est promise, il est évident qu’il y a en lui avec l’unité de la nature la trinité des personnes. Et si dans l’unité indivisible de l’opération divine le Père, le Fils et l’Esprit Saint ont des œuvres qui leur sont appropriées, c’est parce que notre salut l’exigeait. La Sainte Trinité s’est partagé l’œuvre de notre salut : le Père a accueilli l’expiation, le Fils a accompli cette expiation, et le Saint Esprit a allumé la flamme du sacrifice. » (St Léon)
« L’Ancien Testament annonçait avec clarté le Père, et d’une façon voilée le Fils. Le Nouveau Testament révèle le Fils et il annonce l’Esprit Saint. Bientôt l’Esprit Saint va se révéler avec éclat, et ce sera la foi parfaite. Il fallait procéder d’une façon progressive, et ne pas faire apparaître subitement au regard des hommes le soleil dans toute sa splendeur. (St. Grégoire de Nazianze)
Sr Angèle et Sr Chimène, en renouvelant vos Vœux, vous exprimez votre désir de donner à toute votre vie la saveur de l’Evangile, sûres que c’est dans le Christ que vous avez trouvé le chemin vers le bonheur véritable! Vous allez le perdre souvent car le secondaire, le superflu, l’insignifiant, l’illusoire … envahissent notre vie ! Mais toutes les fois où vous reviendrez au Seigneur vous le trouverez à nouveau !
N’ayez pas peur des jours arides, des prières arides qui jalonneront votre vie ! Dieu voit le fond de tous les coeurs ! Un moine chartreux écrit: « L’amour n’est pas seulement condition de vie:il se confond vraiment avec la vie même. ».
Vous ne vous engager pas seules pour avancer sur le chemin de vie évangélique tracé par notre Vénérable Fondateur. C’est ensemble, dans l’unité et la diversité des différentes vocations au sein de la Sainte-Famille, que nous pérennisons le Charisme que l’Esprit Saint a donné à Pierre Bienvenu Noailles pour son Eglise.
Sr Angèle et Sr Chimène, c’est avec une grande joie que nous accueillons le renouvellement de vos vœux pour un an et que nous en sommes témoins. Qu’au long de cette étape nouvelle mûrisse votre engagement à la suite du Christ Ressuscité ! Que votre vie personnelle et communautaire témoigne que la Communion est possible !
Comme nous disait Mgr Rabine, Evêque de Cahors (1973-1986), « vivez votre beau métier de contemplatives » car la primauté de Dieu au cœur de notre vie contemplative Sainte-Famille, aussi fragile soit-elle, est semence du Royaume, ferment d’une terre nouvelle et d‘un monde nouveau.
« L’Esprit Saint n’était plus en eux par une visite ou une action passagères, mais par la plénitude de ses dons et la vérité de sa présence. Ce n’était plus une senteur du baume qui descendait en ces vases, mais le baume lui-même. » (St Augustin)
« Dans les Prophètes, il y avait eu une illumination de l’Esprit Saint leur donnant la connaissance des choses cachées et de l’avenir : mais en celui qui croit en Jésus-Christ, ce n’est plus une lumière apportée par l’Esprit Saint, c’est l’Esprit Saint lui-même qui vient y fixer sa demeure: c’est pourquoi on nous appelle les temples de l’Esprit Saint, titre que l’on n’a jamais donné à aucun Prophète. » (St Cyrille)
« Cette flamme arrêtée au-dessus d’eux, était la prouve que l’Esprit Saint venait en eux d’une façon permanente, et non plus en passant. » (St Jean Chrysostôme)
Dix jours après I’Ascension du Seigneur qui nous ouvre la voie, les disciples étant réunis. l’Esprit descend sur eux, se manifeste par un mystérieux bouleversement de leur quiétude: Ils entendent un grand souffle de vent. Ils se sentent envahis par une flamme qui brûle leur cœur et illumine leur esprit, Quelle stupefaction! Quel émerveillement!
Mais d’où leur vient ce mystère si ce n’est de Dieu? Après un grand silence qui leur permet de revivre et d’assimiler ce qu’ils ont vécu avec Jésus, leur seul maître, il se mettent à parler et à échanger en profondeur, guidés par l’ Esprit de Dieu.
Le choc est trop brutal, trop prématuré pour qu’ils en prennent conscience immédiatement. Il ne peuvent pa comprendre l’essentiel message mais ils ressentent une force inexpliquée, qui les pousse à aller de l’avant, à partager et faire partager cette joie, celle de la résurrection du Christ la bonne nouvelle que Jésus leur a enseignée et léguée.
L’Esprit d’amour, la joie qui les habitent, les obligent à semer l’Evangile à qui veut bien l’entendre, malgré la diversité des langues et des opinions.
Pour nous, la Pentecôte nous apporte un large spectre d amour, de joie, de consolation et d’ espérance.
Toutefois, Jésus n’a pas dit qu’il nous donnait sa paix, mais que nous la trouverions à travers lui et en lui. Ce qui veut dire clairement que c’est à nous de la chercher dans l’espérance et la confiance.
Jésus nous a bien promis de ne pa nous laisser seuls : «Je vous enverrai un défenseur … »
En son Esprit, il a tenu parole. Cependant il nous incombe de discemer ce qu’il veut, à travers sa Parole. Des hommes et de femmes en proie avec leur conscience et poussé par une force irrésistible, parfois au risque de leur engagement à suivre Jésus et à semer son Evangile. Des laïcs qui s’engagent. L’ esprit qui les habite en fait de fidèles témoins,
L’Esprit de Pentecôte apporte souffle et feu, à tous, sous-entendu Foi et Amour. Depuis des siècles il construit notre Eglise bien que parfois sa Parole soit dérangeante.
La Pentecôte nous enveloppe de sa paix, celle que les disciples de Jésus ne trouveront qu’après avoir tout donné d’eux-mêmes, sachant que la paix est à reconquérir san cesse.
Dieu n’abandonnera jamais Ie monde qu’il a créé, pour lequel il a donné sa vie, parce qu’il nous aime d’un Amour fou.
Marie et Elisabeth… des femmes d’une terre, d’un peuple, d’une histoire ! Mais derrière elles, se profilent YoKeBed… et toutes les matriarches d’Israël :
Sara était stérile mais YHWH promet une descendance à Abraham, Isaac dont le nom signifie : « Il jouera. Il rira »
Rebbeca, également stérile, mais elle aura Jacob « il reviendra »;
Rachel, stérile elle aussi et qui aura Joseph « il ajoutera » qui sauvera tout le monde de la famine.
Yokebed, la mère de Moïse (HACHEM – Le Nom)
Elisabeth qui aura Jean « YaH a accordé la miséricorde »
Et Marie, la mère de Jésus, « Dieu qui sauve ».
La vieillesse, la stérilité ne sont pas un obstacle à la vie. Ce qui est essentiel pour donner la Vie, c’est la foi !
« La dynamique de la fécondité et de la créativité qui surgit soudain au sein d’une communauté stérile, vieille, statique ou souffrante, tire ses forces de son espérance et de sa foi en celui qu’elle nomme son Seigneur »
“Dès qu’Elisabeth eut entendu la salutation de Marie l’enfant tressaillit dans son sein …
Elisabeth est alors remplie d’Esprit Saint. La vie entre par l’oreille dit la Tradition d’Israël… La vie entre par l’écoute dirions-nous ! La venue de Marie fait tressaillir la vie qui est en Elisabeth. Le nouveau fait tressaillir l’ancien. Et Elisabeth qui a beaucoup attendu, beaucoup espéré, reconnaît la vie nouvelle dont Marie est porteuse et cette vie nouvelle éveille celle qu’elle porte en son sein.
Ils leur dirent : Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui en seséparant de vous s’est élevé dans le ciel, en reviendra de la même manière que vous l’avez vu monter. (Ac 1,11)
« Dans tous les mystères de Jésus nous trouvons les Anges, à l’Annonciation, à sa Naissance, à sa Résurrection, et de même à son Ascension ; et dans son second avènement les Anges marcheront devant lui.
Les Anges viennent consoler les disciples de Jésus : Ce Jésus qui vous a été enlevé. Il les avait aimés, il les avait choisis, il leur appartenait ; il ne pouvait pas toujours être séparé d eux ;il ne pouvait pas abandonner ceux qu’il avait appelés à lui. Aussi les Anges leur disent qu’il reviendra. » Comme vous l’avez vu allant au ciel, il en reviendra. (St Chrysologue)
Et les Anges se réjouissaient : ils se réjouissaient de voir celui qui s’était abaissé, qui était descendu au-dessous d’eux, exalté au-dessus de tout. En se réjouissant ainsi, ils accomplissaient une œuvre de justice. Jésus avait mérité toutes ses gloires. Pourquoi est-il ainsi monté, écrit St Paul, sinon parce qu’il était descendu dans les humiliations les plus profondes ? (Ph 2,9)
Celui qui est ainsi descendu est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir toutes choses de sa gloire. En se réjouissant des gloires du Sauveur qui l’élèvent au-dessus d’eux, en se réjouissant de ces gloires comme méritées, les Anges s’élèvent au-dessus d’eux-mêmes. En aimant la justice, en aimant Jésus plus qu’eux-mêmes, les Anges participent aux gloires du Roi du ciel.
Les Apôtres eurent les mêmes sentiments que les Anges. Après l’avoir adoré, dit St Luc. Ils retournèrent à Jérusalem tout remplis de joie. (Lc 24,52)