” Aimez les arbres. “
Sur la Sainte Montagne de l’Athos, les moines placent parfois des signaux en bordure des sentiers de la forêt, prodiguant au pèlerin qui chemine des encouragements ou des avertissements. Un de ces écriteaux, que l’on voyait souvent dans les années 1970, me procurait un plaisir particulier. Clair et laconique, il disait : ” Aimez les arbres. “
Le père Amphiloque (+1970), le gerontas ou ” ancien ” de l’île de Patmos lors de mon premier séjour, aurait été complètement d’accord. Il disait : ” Savez-vous que Dieu nous a donné un commandement de plus, qui n’est pas mentionné dans l’Écriture ? Il nous dit : “Aimez les arbres.” “
Celui qui n’aime pas les arbres n’aime pas Dieu, croyait-il en soulignant : ” Lorsque vous plantez un arbre, vous plantez de l’espoir, la paix, l’amour, et vous recevrez la bénédiction de Dieu. ” Écologiste bien avant la mode de l’écologie, il avait coutume de donner pour pénitence aux fermiers locaux – qu’il entendait en confession – la tâche de planter un arbre. Le père Amphiloque n’était nullement le premier père spirituel dans la tradition grecque moderne à reconnaître l’importance des arbres.
Deux siècles plus tôt, le moine athonite saint Cosmas l’Étolien, martyrisé en 1779, plantait des arbres lorsqu’il voyageait dans toute la Grèce en tournée missionnaire. Dans l’une de ses ” prophéties “, il disait : ” Les gens resteront pauvres, parce qu’ils n’aiment pas les arbres. “
Mgr Kallistos Ware
Catégories: Lu ailleurs | 1/05/2016
“Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix;
ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne.”
St Jean 14, 27
« C’est en lui et de lui que nous avons notre paix : celle qu’il nous a donnée en s’en allant vers son Père, et celle qu’il nous donnera quand il nous conduira à son Père. Car que nous a-t-il donné quand il est parti sans cependant nous quitter, sinon lui-même ? Il est lui-même notre paix, quand nous croyons ce qu’il est, et quand nous le verrons tel qu’il est. »
« Il y a entre nous une certaine paix, parce que nous croyons à notre affection mutuelle ; et cependant cette paix n’est pas entière, parce que nous ne voyons pas mutuellement les pensées de nos cœurs, et que nous jugeons en bien ou en mal les choses qui nous louchent. »
« Accepte donc, ô chrétien, la paix, que le Christ l’a laissée; aie le culte de l’héritage que t’a laissé ton Dieu; montre la volonté de Dieu respirant en toi. Sois uni à tous tes frères. Celui-là ne peut pas être en paix avec le Christ qui n’est pas en paix avec un seul chrétien. » (St Augustin)
Catégories: Méditations | 1/05/2016
« Moi, YHWH au commencement et dans la suite, c’est moi… »
(Is 42,4)
Beréchith bara Elohim… Au commencement Dieu créa… Pour la Tradition rabbinique, le monde a été créé par dix paroles. Lesquelles? Tous les « Dieu dit » de Gn 1. Mais il n’y en a que neuf me direz-vous! Certes mais l’expression « au commencement » (Gn1,1) est considérée comme une parole ainsi qu’il est écrit: « Par la parole du Seigneur, les cieux furent créés ». Nous savons que l’agir divin est un éternel présent qui s’étend sur tous les siècles passés et à venir.
Une barayetha nous apprend: Pourquoi le monde a-t-il été créé avec la lettre beith (deuxième lettre de l’alphabet et première du mot Berechith) et non avec un alef (première lettre de l’alphabet)? Parce que le beith implique la berakha (« bénédiction ») et le alef la arira (« malédiction »). Le Saint béni soit-il a dit: « Je ne le créerai pas avec un alef afin que l’on ne dise pas: « comment un monde créé dans un contexte de malédiction pourra-t-il se maintenir? », mais je le créerai avec un beith dans un contexte de bénédiction, et pourvu qu’il se maintienne! ».
La lettre beith oblige l’humanité à se tourner vers l’avenir car elle est fermée sur ce qui la précède (l’hébreu s’écrit de droite à gauche). Les humains doivent consentir, avec humilité au mystère de ce qui les précède. Nous sommes lancés dans le courant de vie et de bénédictions qui jaillit de l’Oeuvre créatrice de Dieu.
Par ailleurs, « commencement » (rechith en hébreu) signifie « prélèvement sur la pâte » dans le livre des Nombres 15,20; « dîmes » selon les mots de Deutéronome 18,4; « premiers fruits » d’après Exode 23,19. Il y a échange de dons entre le Créateur et sa créature: Dieu offre sa Création à l’humanité qui lui offre en retour l’humble « commencement des prémices de son sol ». La part du Seigneur est reconnue et délimitée: les prémices et elles seules.
Selon les Ecritures, Dieu a voulu créer le monde selon la justice (Gn 1,1) mais s’étant rendu compte qu’il ne subsisterait pas ainsi, Il a fait passer au premier plan la miséricorde, l’associant à la justice. C’est pourquoi, il est écrit en Gn 2,4: « le jour où Hachem-Eloqim fit terre et cieux ». Dans la Bible hébraïque, Hachem est le nom de YHWH en tant que justice; Eloqim, en tant que miséricorde.
Au commencement de sa Création, Dieu fait oeuvre de séparation. Par le Verbe fait chair, par son Esprit de Vérité, cette oeuvre se poursuit aujourd’hui en notre monde par l’engagement de tous les baptisés, de tous les hommes et femmes de bonne volonté à discerner ce qui libère ou asservit notre humanité, ce qui promeut ou bafoue sa dignité, ce qui, en elle et pour elle, est source de vie ou de mort, bon, juste et droit…
Que Jésus, Parole de Dieu faite chair, Salut du monde, Lumière sur la route de l’Humanité, Ami des pauvres et des petits, Justice de tous les opprimés, Miséricorde du Père, Sagesse éternelle, soit le guide de tous ceux et celles qui, par leur autorité politique, leur compétence scientifique, leur puissance financière, leur pouvoir médiatique, leur influence morale et spirituelle, façonnent l’avenir de notre humanité et de sa seule maison-commune, la planète-terre.
En cette année du grand Jubilé de la Miséricorde, demeurons, au quotidien de notre vie contemplative, vigilantes face à tout ce qui désunit, empêche la vie et le désir de vivre. Persévérons dans la foi, l’espérance et la charité. Que Celui qui est au milieu de nous répande parmi nous l’amour et la fraternité, la paix et l’amitié!
Catégories: Ecritures et Tradition rabbinique | 30/04/2016
En t’appelant,
Dieu ne prescrit pas ce que tu devrais accomplir.
Son appel est avant tout une rencontre.
Laisse-toi accueillir par le Christ,
et tu découvriras le chemin à prendre.
Dieu t’invite à la liberté.
Il ne fait pas de toi un être passif.
Par son Esprit Saint, Dieu habite en toi,
mais il ne se substitue pas à toi.
Au contraire, il éveille des énergies insoupçonnées.
Nous ne sommes pas seuls à suivre le Christ.
Nous sommes portés
par ce mystère de communion qu’est l’Église.
En elle, notre oui devient louange.
Une louange peut-être balbutiante,
qui monte même de notre misère,
mais qui deviendra peu à peu
source de joie jaillissante pour toute notre vie.
Fr Alois – Taizé
Catégories: Infos Solitude | 29/04/2016
“Quand on a décidé de partir à la recherche de Dieu,
il faut faire ses bagages, seller son âne et se mettre en route.
La montagne de Dieu est à peine visible dans le lointain.
A l’aube, il faut partir. C’est un grand départ. Il faut dire adieu. A quoi ?
A tout et à rien.
A rien, car le monde que l’on quitte
sera toujours là près de nous, en nous.
A tout, car, en partant à la recherche de l’absolu,
nous coupons les ponts avec tout ce qui pourrait nous en détourner.
Avant de partir,
il y a quelques coups de hache et de serpe à donner.
En tranchant autour de soi, on voit immédiatement que l’on tranche en soi.
Mais il ne faut pas attendre d’être détaché de tout et de soi pour partir.
Il faut partir et, au fur et à mesure que nous avancerons,
les choses qui nous sont les plus chères prendront de la distance.”
Yves Raguin.
Chemins de la contemplation
Catégories: Infos Solitude | 28/04/2016
« Si tu ressens une aspiration au fond de toi
et si elle persiste,
alors prends-la au sérieux.
Avance et fais les premiers pas.
Ne sois pas étonné si des questions surgissent
et si des déceptions s’installent !
Si tu constates à la réflexion que ton chemin est béni,
alors tu peux espérer qu’il en sera de même à l’avenir
et que c’est Dieu lui-même qui agit en toi, avec toi
et au plus profond de ta propre recherche. »
Frère Thomas DÜRR
Catégories: Infos Solitude | 27/04/2016
“La liturgie des heures est un mode de vie spirituelle, une spiritualité et un événement… Elle est l’expérience de prêter mes lèvres, mon corps, mon esprit au Christ qui chante avec moi, par moi et en moi la gloire du Père. C’est une expérience de se laisser remplir par l’Esprit Saint, l’Esprit du Christ qui, comme le dit S. Paul, intercède pour nous par des soupirs inexprimables (Rm 8,26).
Dans la liturgie des heures, je prends conscience de mon baptême, du faite que je suis chrétien et que je participe au sacerdoce du Christ. C’est un lieu de l’exercice de mon sacerdoce baptismal (qui est commun pour tous les baptisés, hommes et femmes). C’est un lieu où je m’offre à Dieu, en union avec tous les chrétiens, avec l’Église toute entière, où j’offre à Dieu toute l’humanité comme une offrande pauvre et imparfaite, en laissant Dieu la diviniser, la transfigurer.
La liturgie des heures est un lieu de communion avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint, avec l’Église dont je suis le membre. C’est la prière du peuple de Dieu, des hommes libérés par le Christ, sauvés par lui, des hommes émerveillés par la beauté de Dieu, de son ineffable mystère. Dieu, à la fois, nous échappe et reste uni au plus intime avec nous.
Cette union avec l’Église, le Corps Mystique du Christ, concerne aussi mon union avec les saints du ciel, la communion des saints. La liturgie des heures reflète une liturgie céleste, dont elle est symbole.
La liturgie des heures est une célébration de Dieu avec les « mots mêmes de Dieu », données par lui-même, les mots tissées par son dialogue, dans l’histoire, avec le peuple d’Israël. Comme le dit S. Augustin :
Pour que Dieu soit bien loué par l’homme,
Dieu lui-même s’est loué ;
Et puisqu’il a daigné se louer,
L’homme a pu trouver la façon de le louer.
La liturgie des heures est un lieu spirituel, où l’homme, avec tout ce qui fait son humanité, peut se tenir en présence de Dieu, c’est un espace de vie. C’est une prière des pauvres, des pécheurs, une prière qui ne cache rien de la dureté de la condition humaine, avec ses mauvais instincts, ses injustices, les guerres et les oppressions. On y voit bien que notre réalité humaine d’aujourd’hui n’est pas si différente de celle d’il y a deux mille ans. C’est une prière toujours actuelle.
Un moine – Abbaye bénédictine d’En-Calcat
Catégories: Lu ailleurs | 25/04/2016
“Le Seigneur Jésus affirme qu’il donne à ses disciples un commandement nouveau, celui de l’amour mutuel, lorsqu’il dit : Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres.
Est-ce que ce commandement n’existait pas déjà dans la loi ancienne, puisqu’il y est écrit : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ? Pourquoi donc le Seigneur appelle-t-il nouveau un commandement qui est évidemment si ancien ?
Est-ce un commandement nouveau parce qu’en nous dépouillant de l’homme ancien il nous revêt de l’homme nouveau ? Certes, l’homme qui écoute ce commandement, ou plutôt qui y obéit, est renouvelé non par n’importe quel amour mais par celui que le Seigneur a précisé, en ajoutant, afin de le distinguer de l’amour charnel : Comme je vous ai aimés. (St Augustin)
« Ses commandements,
seront multiples par la diversité des œuvres ;
ils ne seront qu’un par la racine unique de la charité.
Et les différentes vertus n’auront de vigueur
qu’enracinées dans la charité. »
(St Grégoire)
« Plus que les miracles, la charité mutuelle distingue les vrais disciples de J.-C. : à d’autres il a fait d’autres dons, il n’a conféré celui-là qu’à ses vrais disciples. 11 est le signe certain de la sainteté : on peut contester les autres signes, on ne peut attaquer celui-là. » (St Jean Chrysostôme)
Catégories: Lu ailleurs, Méditations | 24/04/2016
Jour après jour, nous apprenons à découvrir et à respecter le mystère de chacune. Certes, nous avons des préjugés, des montagnes d’idées mais nous devons oser « franchir les montagnes de nos peurs et de nos blocages », pour unir nos capacités, nos désirs, nos espérances.
Nous recevons le témoignage de nos sœurs aînées, qui nous disent par leur vie : « Pour votre bien et votre bonheur, allez de l’avant ! ». Leur amour fidèle du Seigneur et de son Eglise, du Bon Père et de la Famille est une parole qui non seulement nous encourage mais construit dans le cœur de chacune le pont sur lequel avancer ensemble pour rejoindre notre monde et proclamer que la communion est possible.
Catégories: Infos Solitude | 19/04/2016
“Le Père qui me les a données est plus grand que tous.”
Que lui a donc donné le Père qui le met ainsi au-dessus de tout? « Il lui a donné d’être son Fils unique, d’être son Verbe, d’être la splendeur de sa lumière… El il lui a donné d’être cela par sa naissance. » (St Augustin)
« C’est là, la parole d’une puissance qui a conscience d’elle-même. » (St Hilaire)
« Personne ne peut les ravir de la main de mon Père. »
Tout à l’heure il parlait de sa main, et maintenant il parle de la main de son Père: dans quelle main sont donc ses brebis? « Ne veut-il pas dire qu’il y a une même main pour le Fils et le Père. Le Fils n’est-il pas lui-même la main du Père ? L’homme qui se fait l’exécuteur des volontés d’un autre homme est appelé la main de cet homme. C’est par le Fils que toutes choses ont été faites : on peut donc l’appeler le bras et la main de Dieu. »
« En cette image, est exprimée cette vérité que la même puissance est commune à tons deux. » (St Hilaire)
Catégories: Méditations | 17/04/2016