Méditations
« Aujourd’hui nous est né un Sauveur dans la ville de David.
Il est le Messie, le Seigneur »
La Joyeuse Nouvelle retentit cette Nuit : un enfant nous est né. Mais qui est cet enfant, ce Jésus qui est Dieu ?
Les cloches nous annoncent la venue du Verbe qui s’est fait chair. Dieu s’est fait homme, petit, fragile, divin. Il veut rencontrer l’homme au fond de son cœur ; rencontrer les plus faibles, les plus malheureux. Dieu ne cesse de venir sur terre et de nous aimer. Il vient sans réserves, embrasser notre condition humaine. Cet unique et grand mystère au soir de Noël, prend Visage : celui de Dieu, descendu en nos cœurs, afin de nous rejoindre.
Sa venue n’est pas éphémère. Dieu revient et reviendra, chaque fois que nous ferons appel à lui ; chaque fois que prendra forme son visage dans celui d’un frère démuni. Jésus veut être aimé comme il nous aime.
Malgré nos faiblesses, notre pauvreté, notre faculté à dévier notre route de la sienne, Jésus n’abandonne jamais. Sa patience n’a pas de limite.
Ce petit enfant de la crèche, si grand de par sa divinité, nous encourage à donner de l’Amour, à répondre OUI aux demandes suggérées, à dire OUI aux appels soufflés par une voix intérieure.
Combien il est difficile de dire à Jésus « je t’aime » lorsque nous vivons une situation de grande souffrance … Noël ….
Cette nuit, se vit le mystère de l’incarnation ! Peut être se produira-t-il pour chacun, non pas un miracle, mais une explosion de sentiments mêlés d’angoisse et de souffrance, de peines et de joies. Alors nous trouverons la force de dire à cet enfant nouveau-né pas comme les autres :« Je t’aime Jésus »
Le miracle de Noël c’est précisément la réponse à notre « Je t’aime Jésus »
Dieu est Amour et c’est seulement dans l’Amour et par l’amour d’autrui que nous le rencontrerons. Jésus, Marie, Joseph qui ont aussi connu joies et peines nous attendent dans la clarté de cette mystérieuse nuit, pour dire à qui veut bien l’entendre :
« Paix sur la terre à ceux que Dieu aime »
Tout simplement, ce soir dans la sincérité de notre prière, accueillons Jésus qui s’est abaissé pour nous rejoindre.
Joyeux Noël!
Geneviève Simmonet
Dés qu’Elisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein. (Luc 1,41)
« Remarquez, dit St Ambroise après Origène, le sens de chacun de ces mots : Elisabeth entend la première la voix de Marie, et son enfant est le premier à sentir la grâce; Elisabeth entend la voix de Marie, mais Jean sent l’avènement du Sauveur et il tressaille en présence de ce grand mystère».
Ces deux femmes racontent la grâce qui a été faite : cette grâce a pour théâtre l’âme des deux enfants, elle se répand sur les mères, et dans l’esprit qui vient des enfants les mères prophétisent.
L’enfant d’Elisabeth tressaille dans son sein, et la mère est remplie de l’Esprit Saint : «elle n’est remplie de l’Esprit Saint qu’après que l’enfant a tressailli. »
« De même que les Prophètes, dit Théophylacle, subissaient une impression divine qui les mettait hors d’eux-mêmes, et ensuite prophétisaient, de même le Fils d’Elisabeth semble dans ce tressaillement accuser cette impression d’en haut, et ensuite il prophétise par la bouche de sa mère. »
Retenons la parle, ne laissons pas partir la parole conçue au fond de nous. Tu veux voir comment la voix s’éloigne, tandis que demeure la divinité de la Parole? Où est maintenant le baptême de Jean? Il a accompli son service et il a disparu. Maintenant le baptême du Christ se multiplie.
Tous nous croyons au Christ, nous espérons le salut dans le Christ: c’est cela que la voix faisait entendre. Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c’est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole; mais la voix s’est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole: je ne suis pas le Messie, ni Elie, ni le Prophète.
On lui réplique: Qui es-tu donc? Il répond: Je suis la voix qui crie à travers le désert: préparez la route pour le Seigneur. La voix qui crie à travers le désert, c’est la voix qui rompt le silence.
Préparez la route pour le Seigneur, cela revient à dire: “Moi je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le coeur”; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route.
Que signifie: Préparez la route, sinon: Priez comme il faut? Que signifie: Préparez la route, sinon: Ayez d’humbles pensées?
Jean vous donne un exemple d’humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu’il n’est pas ce que l’on pense et il ne profite pas de l’erreur d’autrui pour se faire valoir. S’il avait dit: “Je suis le Messie” on l’aurait cru très facilement puisqu’on le croyait avait même qu’il ne parle. Il l’a nié; il s’est fat connaître, il s’est défini, il s’est abaissé. Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu’il n’était pas la lampe, et il a craint qu’elle ne soit éteinte par le vent de l’orgueil.
St Augustin (Lectionnaire monastique Avent-Noël – Solesmes/cerf )
« Depuis le péché d’Adam, bien des fois, Dieu avait choix d’hommes à qui il avait fait entendre sa parole, Enoch, Noé, Abraham, Jacob, Joseph, Moïse; et à aucun de ces hommes il n’avait parlé d’un séjour dans le royaume des cieux.
Il révèle son nom à Moïse ; Aaron se tient devant lui, consacré par l’onction, revêtu de ses riches ornements sacerdotaux, portant en main sa verge miraculeuse; viennent les juges puissants dans leurs ouvres, David L’homme selon son coeur, Salomon qu’il remplit de sagesse, Elie qui a le pouvoir de fermer le ciel, Elisée qui ressuscite les morts : aucun ne nous parle de ce royaume.
Venez à Jean : entendez la voix d’allégresse, la voix de miséricorde, la voix qui promet la grâce et la gloire inconnues jusque-là : Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche. Cette parole, seul celui-là peut la faire entendre qui pose les bases d’un testament nouveau.
Depuis Adam jusqu’à Jean, les voix qui se faisaient entendre étaient des voix plaintives: il y avait double sujet de pleurer : les fautes étaient nombreuses et on n’avait pas le remède. Vous tuiez et il vous était ordonné de tuer; et celui dont le caractère est la miséricorde ne savait que frapper. Jean nous montre dans la pénitence le remède au péché : La voix de la tourterelle se fait entendre en notre terre. »
(Pierre Damien. sermon sur la Nativité de Jean-Baptiste)
C’est la voix de celui qui crie dans le désert (Isaïe 40,3)
« La voix, par elle-même, n’a aucune signification : elle n’a de valeur qu’en tant qu’elle sert de vêlement au verbe qu’elle traduit. L’animal a une voix aussi bien que l’homme : l’homme seul a un verbe ou une parole ayant un sens. »
« Le verbe, d’après les Saintes Ecritures, c’est la pensée conçue par l’intelligence dans le silence de l’homme intérieur : la voix est ce par quoi le verbe est produit au dehors. La voix est l’indice d’une pensée. Le verbe est la pensée elle-même. Le verbe existe dans toute sa perfection, quand il est au sein de l’Ame, sans être proféré au dehors : de même le Père tout puissant voulant nous révéler ce Verbe qui était en lui dès le commencement, a choisi Jean pour être la voix par laquelle son Verbe se ferait entendre à nous. » (Opus Imperfectum)
« En voulant n’être qu’une voix, Jean affirmait qu’il n’était point le révélateur des desseins de Dieu: Ce rôle devait appartenir à celui qui devait venir après lui. «
« C’est à juste titre, que le Précurseur s’appelle une voix, car la voix qui est inférieure à la pensée marche devant la pensée et ensuite vient la pensée qui est bien au-dessus d’elle. » (St Ambroise)
Le coeur de l’homme est tout un monde. « S’il est pur, il sera grand et spacieux, et la lumière de la vérité pourra venir le remplir. Dans votre coeur, par de bonnes dispositions, préparez donc la voie au Seigneur : par des oeuvres parfaites. rendez droite la voie de votre vie, afin que la parole de Dieu puisse s’avancer en vous sans rencontrer d’obstacles. » (Origène)
« Celui, dit S. Grégoire, qui enseigne la vraie foi et les oeuvres bonnes, prépare la voie au Seigneur pour qu’il vienne par sa lumière et l’efficacité de sa grâce, dans les coeurs de ses auditeurs.»
Et toute chair verra le salut de Dieu (Luc 3,6)
« Par cette parole, le Prophète annonce l’universalité de ce salut qui s’étendra plus loin que le peuple juif, qui sera donné à tout le genre humain. » (St P.Chrysologue)