Le sacrement de la lectio divina
LE SACREMENT DE LA LECTIO DIVINA par Bernard Ducruet, osb.
Extrait de Sources vives & 57 – Comment lire la Bible.
Lectio Divina
LE SACREMENT DE LA LECTIO DIVINA par Bernard Ducruet, osb.
Extrait de Sources vives & 57 – Comment lire la Bible.
LA PRIÈRE DU CŒUR
« Née de l’expérience séculaire des moines d’Orient, la prière du cœur est la rumination aimante et savoureuse d’une parole de l’Écriture. Prière de simplicité, elle se veut l’accueil du don de Dieu. La répétition et le rythme qui cadencent cette prière expriment l’humilité et la persévérance de celui qui sait devoir tout attendre de l’Esprit-Saint pour apprendre à prier.
Quand la prière du cœur est véritablement donnée par l’Esprit-Saint, il arrive que la Parole de Dieu se « grave » dans le lieu du cœur. Elle y devient mémoire vivante, souvenir de Dieu et présence habituelle à la présence de Dieu. Ce fond d’union d’amour à Dieu émerge alors parfois en des prières intérieures et spontanées, même pendant le sommeil, où la Parole durablement accueillie parle d’elle-même : c’est le cœur qui prie, sans déclenchement voulu.
La prière du cœur est une manière de ressaisir et de goûter ce que l’on peut appeler plus largement la prière de simplicité, toute une gamme de prières comprenant les litanies et le Rosaire. Trois convictions y sont mises en œuvre :
• la prière est donnée par l’Esprit,
• la prière est une reprise personnelle de la Parole de Dieu,
• la prière est l’ouverture du cœur.
Dans la ligne des Béatitudes, la Vierge Marie est le modèle du cœur humble qui écoute ».
Jean-Claude Sagne ( o.p)
Traité de Théologie spirituelle -Ed Mame/Chalet
Je crains que les livres divins ne soient voilés pour nous et même scellés, à cause de la négligence et de la dureté de nos cœurs…
Il ne nous suffit donc pas d’apporter du zèle à l’étude des lettres sacrées, mais il nous faut supplier le Seigneur et l’implorer jour et nuit pour que vienne l’Agneau de la tribu de Juda qui, prenant ce livre scellé, daignera l’ouvrir.
Car c’est Lui qui « ouvrant les Ecritures » enflamme le cœur des disciples, en sorte qu’ils disent : « Notre cœur n’était pas ardent, alors qu’il nous ouvrait les Ecritures ».
Benoît XVI – Novembre 2007
“Nous devons lire la Sainte Écriture non pas comme une parole venant du passé, mais comme la Parole de Dieu adressée aussi à nous, et chercher à comprendre ce que le Seigneur veut nous dire à nous. Mais, d’autre part, pour ne pas tomber dans l’individualisme nous devons avoir à l’esprit que la Parole de Dieu ne nous est donnée que pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité lors de notre marche vers Dieu. Et donc, tout en étant toujours une Parole personnelle, elle est aussi une Parole qui construit la communauté, qui construit l’Église.
Une Parole personnelle
Une Parole qui construit la communauté,
qui construit l’Eglise.
C’est pourquoi nous devons la lire en communion avec l’Église vivante. Le lieu privilégié de la lecture et de l’écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, au cours de laquelle, célébrant la Parole et rendant présent le Sacrement du Corps du Christ, nous actualisons la Parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Il ne nous faut jamais oublier que la Parole de Dieu transcende les temps. Les opinions humaines vont et viennent. Ce qui aujourd’hui est à la pointe du moderne, sera demain complètement vieilli. Au contraire, la Parole de Dieu, est Parole de vie éternelle, elle porte en elle l’éternité, ce qui est valable à jamais. Portant en nous la Parole de Dieu, c’est donc l’éternel que nous portons, la vie éternelle.”
St Syméon le nouveau théologien (949-1024): Ce n’est pas une fois seulement que l’Esprit Saint a agi sur les écrivains sacrés, donnant ainsi naissance aux textes sacrés, mais il agit toujours sur celui qui lit les Écritures, et seule sa présence permet à la lettre de devenir esprit, lui seul assure une jeunesse perpétuelle au texte.
L’Ecriture devient Parole féconde
si l’Esprit de Dieu anime celui qui la lit.
Guigues le Chartreux (1083-1136): Par lecture, il faut entendre l’examen attentif des Écritures, faite avec un esprit concentré.
La méditation est l’action persévérante de l’intelligence, qui cherche, au moyen de sa propre raison, la connaissance d’une vérité cachée.
La prière est la religieuse orientation du cœur vers Dieu, pour s’écarter de ce qui est mal ou atteindre ce qui est bon.
La contemplation désigne une sorte d’élévation de l’esprit au-dessus de lui-même, en Dieu, goûtant les joies de la douceur éternelle. » (p.52).
« Un commandement que personne ne respecte ou que tout le monde viole, cesse d’être un commandement ! » E.Munk. Qu’elles soient écoutées ou non, les Paroles demeurent telles qu’elles ont été prononcées. Elles restent Paroles de Dieu : “l’herbe se dessèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais.” (Is 40,8)
“Observer » ou « garder” les commandements. Les garder de génération en génération de manière qu’ils soient pratiqués et les pratiquer c’est répondre à l’injonction de Dieu: “Soyez saints comme moi je suis saint” (Lv 19,2)
“Ainsi vous vous rappellerez tous mes commandements, vous les mettrez en pratique, et vous serez des consacrés pour votre Dieu”. (Nb 15, 40)
Jésus dira : “Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et je l’aimerai et je me manifesterai à lui” (Jn 14, 21)
Garder les commandements demande une attitude de Foi, un coeur qui aime, qui croit et qui espère… et qui attend de recevoir de Dieu la plénitude de sens de ce qui lui est ordonné. C’est cela “observer les commandements”.
TA PAROLE, LA LUMIERE DE NOS PAS,
LA LAMPE SUR NOS ROUTES
Sr Marie-Paule CHAUVIN (sfb)
« Qui donc est capable de comprendre la richesse d’une seule de tes paroles, Seigneur? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous laissons, comme des gens assoiffés qui boivent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses, comme sont nombreuses les orientations de ceux qui l’étudient. Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’il aime. Et dans sa parole, il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu’il médite ».
Ce passage de saint Ephrem rejoint ce qu’exprimait de P.B. Noailles :
« La Parole de Dieu est une semence et une semence féconde
de laquelle découlent toutes choses ».
Enzo Bianchi: Les difficultés de la lectio divina