Olivier CLEMENT – Questions sur l’homme p 156 – 157
“Le Fils de Dieu, quand il devient Fils de la terre, non seulement se laisse contenir par l’univers en un point de l’espace et du temps, mais contient en réalité l’Univers. Il ne veut pas s’approprier à travers son corps le monde comme une proie mais, par son attitude constamment eucharistique, il le fait corps d’unité, chair à la fois cosmique et eucharistique.
En lui le monde devient corporéité spirituelle, non pas dématérialisée mais vivifiée par l’Esprit. Il enfouit volontairement sa corporéité lumineuse dans notre corporéité souffrante et laborieuse, afin que sur la croix, et dans l’aube soudaine radieuse de Pâques, tout s’illumine, non seulement l’univers, mais tout l’effort humain pour le transformer.
En lui, autour de lui, la matière déchue n’impose plus ses déterminismes et ses limitations, elle redevient moyen de communion, temple et fête de la rencontre.
En lui, autour de lui, le monde retrouve son dynamisme originel. En lui, autour de lui, le temps et l’espace ne se séparent plus, une dimension de résurrection les métamorphose.
Toutefois, cette transfiguration est à la fois secrète et offerte, « sacramentelle ». Illuminée en Christ, le monde reste figé dans son opacité par l’opacité des hommes. La libération définitive du cosmos exige non seulement que Dieu se fasse homme, mais que l’homme se fasse Dieu. Le Christ a rendu les hommes capables de recevoir l’Esprit, c’est-à-dire de coopérer à l’avènement du Royaume…”
“Vivre en communauté, c’est témoigner que Jésus-Christ nous rassemble, que son Esprit nous unit, que Le Père nous appelle dans la communion trinitaire où l’humanité vivra dans la lumière et formera une seule famille, la Famille de Dieu.” (Constitutions – Art 202)
Notre Fondateur écrit dans les Règles Générales de 1851: “Ce qui doit particulièrement caractériser la vocation, non seulement des Filles de Dieu Seul, mais de toutes les Associées ou Soeurs de la Sainte-Famille, c’est un esprit de zèle et de détachement poussé jusqu’à l’héroïsme ; c’est « l’esprit de Dieu Seul ».
Vivre cet esprit est un appel à lutter contre tout ce qui s’oppose – en nous, entre nous et autour de nous – à des relations de communion. La vie fraternelle nous apprend, jour après jour, instant après instant, à découvrir dans notre propre coeur tout ce qui s’y cache d’égocentrisme, de refus, de rivalité, de discorde, de division… l’ivraie mêlée au bon grain.
” La vie en communauté demande oubli de soi, humilité, générosité. Nos relations sont empreintes de douceur, de simplicité, de paix, de joie. Ensemble, nous persévérons dans l’amour fraternel.”(Constitutions Art 195)
La communauté nous fait faire l’expérience concrète de l’unité du double commandement de l’amour et de sa force évangélisatrice « ce qui montrera… que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les unes pour les autres. » (cf. Jn 13, 35) .
Dans l’ordinaire du quotidien, dans la prière comme dans le travail, dans le silence et la solitude, nous devenons les unes pour les autres, souvent à notre insu, les auxiliaires inévitables, avant d’être les auxiliaires bénies, de l’œuvre salvatrice de Dieu vécue dans la nuit rédemptrice du combat spirituel.
Ce combat est un chemin obscur de réconciliation, avec Dieu et avec nos sœurs, un chemin d’humilité, d’enfouissement, mais aussi de paix, de simplification et de joie. Nous accomplissons ainsi, au cœur même de notre vie cachée avec le Christ en Dieu, la mission commune à tous les membres de la Famille : témoigner que la communion est possible.
Rassemblée et enracinée dans la prière, façonnée par la Parole de Dieu, la communauté nous est donnée pour vivre dans l’unité de l’AMOUR, pour le Seigneur, l’Eglise et le monde, afin que s’accomplisse la prière sacerdotale de Jésus : « Que tous soient Un ».
A la mesure que nous entrons dans la Pâque du Fils Bien-Aimé du Père, le monde nouveau se construit. Livrée à l’action de Dieu, la communauté devient une terre où se trace le chemin de Pâque, le sillon de notre communion et de notre solidarité avec tout le peuple de Dieu, que l’on sert dans l’humilité et le secret de notre Suite du Christ.
Extrait de la Lettre de Benoît XVI aux Evêques de l’Eglise Catholique au sujet de la levée de l’excommunication des quatre Evêques consacrés par Mgr Lefebvre
” La première priorité pour le Successeur de Pierre a été fixée sans équivoque par le Seigneur au Cénacle : « Toi… affermis tes frères » (Lc 22, 32). Pierre lui-même a formulé de façon nouvelle cette priorité dans sa première Lettre : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » (I P 3, 15). À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité. En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein.
Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible : c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui. D’où découle, comme conséquence logique, que nous devons avoir à cœur l’unité des croyants. En effet, leur discorde, leur opposition interne met en doute la crédibilité de ce qu’ils disent de Dieu. C’est pourquoi l’effort en vue du témoignage commun de foi des chrétiens – par l’œcuménisme – est inclus dans la priorité suprême. À cela s’ajoute la nécessité que tous ceux qui croient en Dieu recherchent ensemble la paix, tentent de se rapprocher les uns des autres, pour aller ensemble, même si leurs images de Dieu sont diverses, vers la source de la Lumière – c’est là le dialogue interreligieux. Qui annonce Dieu comme Amour “jusqu’au bout” doit donner le témoignage de l’amour : se consacrer avec amour à ceux qui souffrent, repousser la haine et l’inimitié – c’est la dimension sociale de la foi chrétienne, dont j’ai parlé dans l’encyclique Deus caritas est. “…
“Toutes les cathédrales du monde, si belles soient-elles, ne sont que des images auprès de la cathédrale de nous-mêmes que chacun doit ériger au-dedans de soi!
C’est cela le véritable sanctuaire. Le Temple va s’écrouler, Notre-Seigneur l’annonce. Du Temple magnifique, une des merveilles de l’univers, il ne restera pas pierre sur pierre et qu’importe parce que désormais le seul sanctuaire qui compte, c’est le sanctuaire de nous-mêmes.
Et le sanctuaire porte la Croix au-dedans de nous comme notre unique espérance, parce que justement elle est à la mesure de notre aventure infinie… ” (M.Zundel)
Faisons à présent silence afin d’écouter avec efficacité la Parole du Seigneur et conservons le silence après l’écoute afin que cette Parole puisse continuer à demeurer, à vivre et à nous parler.
Faisons-la résonner au début de notre journée afin que Dieu ait le premier mot et laissons-la retentir en nous le soir afin que le dernier mot soit de Dieu. (Benoît XVI – 2008)
Entre la première et la seconde venue du Seigneur, entre le Dieu-homme et le Dieu- univers, entre la modalité déchue de l’être et sa modalité transfigurée, il y a l’Eglise comme « limite » et comme « passage ».
Chaque chrétien, par sa communion aux choses saintes, c’est-à-dire l’Eucharistie, et dans la Communion des saints, devient lui-même une vivante « limite » où la mort passe dans la vie. L’histoire cosmique de l’Eglise est l’histoire d’un enfantement, celui du cosmos comme corps de gloire de l’humanité déifiée. (Olivier CLEMENT – Questions sur l’homme)
La tradition rabbinique dit : ” L’Eternel appela Moïse le 7 ième jour du milieu de la nuée : pour proclamer les 10 Paroles. D’autres soutiennent que la nuée a couvert Moïse pendant six jours et ce après la proclamation des 10 Paroles.
Ces six jours se situent au début des quarante que Moïse a passé sur la montagne pour recevoir les tables de la Loi et cela t’enseigne que celui qui pénètre dans le camp de la Shekhina est tenu à un isolement préalable de six jours “” Il appela Moïse le septième jour du milieu de la nuée… ».
La tradition rabbinique extrapole et dit : tous ceux qui pénètrent dans le camp divin sont tenus à une période de séparation préalable de six jours :
« Quiconque entre dans le camp de la majesté divine est tenu au préalable de s’isoler pendant six jours ” (Talmud)
Lorsqu’il fut appelé à recevoir la Loi des mains de Dieu, Moïse – l’ami de Dieu, le plus grand prophète de tous les temps, l’homme le plus humble prêt à chaque instant à recevoir la parole divine – dut observer la période des six jours de préparation, de recueillement intérieur, consacrée à l’élévation morale et spirituelle de toute sa personnalité.
* Origène: “Dépasser les six jours”
“Si donc l’un d’entre nous veut que Jésus le prenne avec lui et le fasse monter sur la haute montagne,le jugeant digne de contempler, à l’écart, sa Transfiguration, qu’il dépasse les six jours, en ne voyant plus le visible, en n’aimant plus le monde et ce qu’il contient et en n’ayant plus de désir terrestre, c’est à dire concernant le corps, la richesse, la gloire et tout ce qui par nature entraîne et attire l’âme loin des choses supérieures et divines… en effet, quand il aura dépassé les six jours,au sens que nous avons précisé, il célébrera un nouveau sabbat, se réjouissant, sur la haute montagne, de voir Jésus transfiguré devant lui...“
“La Parole de Dieu a un charme et une onction que l’on ne trouve nulle autre part. Il suffira donc de la lire attentivement pour s’en pénétrer.” (P.B Noailles 1793-1861)
Vous êtes pécheur ? Ne désespérez pas ! Si vous avez cédé au péché, renouvelez-vous dans la conversion.
La bonté de Dieu s’inscrit en toile de fond, ayez confiance ! Sa bienveillance à notre égard est infinie, je dirai même indicible. Vos défauts ont des limites ; leurs remèdes n’en ont pas. Quand bien même vos fautes seraient innombrables, elles n’en demeurent pas moins humaines, sans commune mesure avec la bonté de Dieu. Ayez donc confiance.
Imaginez une étincelle qui tombe sur la mer ; pensez-vous qu’elle puisse subsister et continuer à briller ? Au contact de la bonté de Dieu, vos péchés s’évanouissent comme l’étincelle au contact de l’eau. Bien plus encore, l’océan, si grand soit-il, à des limites, la bienveillance divine n’en a pas. (Saint Jean Chrysostome )