Méditations
Que demandait le pharisien à Dieu ?
” Cherchez dans ses paroles, vous ne trouverez rien. Il montait soi-disant pour prier : or, il ne demande rien à Dieu, il se loue. Ne rien demander à Dieu, mais se louer, c’est évidemment trop peu ; insulter en outre qui demande, c’est le comble ? Le publicain se tient à distance et pourtant il s’approche de Dieu ; les reproches que lui dicte son cœur marquent la distance, mais le Seigneur s’approche pour l’écouter.”
” Le Seigneur est élevé, il se penche vers les humbles, tandis que les superbes, comme ce pharisien, il les connaît de loin. Oui Dieu regarde à distance ces gens-là et il ne les pardonne pas.
Celui qui demande
“Voyez par contre, l’humilité du publicain. Il ne se contente pas de se tenir à distance, il ne lève même pas les yeux vers le ciel. Il n’ose lever les yeux pour qu’on le regarde. Sa conscience l’abaisse mais l’espérance le soulève. En outre, il se frappe la poitrine. De lui-même, il réclame son châtiment, aussi Dieu pardonne-t-il à celui qui avoue : Seigneur, sois propice au pécheur que je suis : le voilà celui qui demande…. Il se fait son propre juge et Dieu plaide sa cause… Il s’accuse et Dieu le défend. Il le défendit si bien qu’il jugea ainsi : « Ce publicain s’en retourna chez lui justifié. »
Sermon de St Augustin
Traduction Jean-René BOUCHET (op)
Lectionnaire pour le dimanche et pour les fêtes
Dans la parabole du fils prodigue, « la parabole du fils difficile » Jésus illustre l’amour inconditionnel de Dieu envers l’humanité. « Il y a dans la poitrine de mon père un cœur qui intercède pour moi (S. Pierre Chrysologue).
Le père n’a pas cessé d’attendre le retour de son fils. Son accueil miséricordieux est l’espace ouvert pour une nouvelle relation. Pour une nouvelle création. Dans son embrassement, dans son accueil sans réserve, il fait germer une promesse de vie et de communion. « Pour obtenir cet embrassement du Christ – écrit St Ambroise – il faut que vous vous tourniez vers lui. » Pour revenir sûrement à Dieu, il suffit de revenir sincèrement à soi! « Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il fait grâce aux humbles. » (1 P 5,5).
Dans cette parabole, « le fils capricieux », « le fils aîné indigné » et « le père prodigue » nous disent aussi la mesure humaine du bonheur. Et il y a un peu des trois en chacun(e) de nous !
« Il ne s’agit pas de poser une pierre, mais, tout un vaste ensemble de pierres qui nous représentent les commandements de Dieu. (St Grégoire de Nysse)
« L’édifice une fois construit nous met à l’abri de nos ennemis, et nous pouvons, du haut de cette tour, voir de loin leurs incursions. C’est une grande œuvre : c’est pourquoi celui qui l’entreprend s’assied pour réfléchir, faire ses plans et ses calculs. » (St Basile)
« Le fondement que nous devons nécessairement donner à notre édifice, c’est celui qu’indiquait l’Apôtre, c’est Jésus-Christ. Il faut vouloir suivre Jésus-Christ mais il faut le suivre jusqu’au bout; car autrement on n’aurait que des vertus incomplètes, tronquées : et l’on serait semblable à ces disciples de Jésus qui, l’ayant suivi quelque temps, ensuite le quittèrent, qui reculèrent, dit l’Evangélisle (Jn 6,67) (Théophylacte).
« Et il y a celle différence entre l’édifice céleste et les édifices terrestres que la construction de ceux-ci exige de grandes sommes d’argent, tandis que l’autre demande pour sa construction des dépouillements. » (St Grégoire)
Renoncer pas à tous ses biens
« Toutefois en nous demandant le renoncement, Notre Seigneur n’exige pas de tous l’abandon complet. Il y a une différence entre ces deux choses.
Abandonner tout ce qui est de la terre est le fait d’un petit nombre, le fait de ceux qui sont appelés à la vie parfaite ; mais tous sont appelés au renoncement ou au détachement; tous doivent ne tenir les choses de la terre qu’à la condition de n’être point tenus par elles. » (Bède le Vénérable)
A Bethléem, on entre dans la basilique par une porte basse et resserrée. Nul ne peut accéder aux lieux de la naissance du sauveur sans se courber et se restreindre car, ici, Dieu même s’est fait petit.
De même, on dit qu’à Jérusalem existait la « porte de l’aiguille », dont l’étroitesse exigeait que les chameaux fussent déchargés de leurs fardeaux et missent les genoux à terre pour franchir la muraille de la ville. Ceci expliquerait la mystérieuse et terrifiante parole du Christ sur « le chameau et le chas de l’aiguille ».
L’humilité, le dépouillement, l’esprit d’enfance, ce sont les conditions d’accès au Paradis. Manifestement, si nous voulons avoir quelque chance d’y entrer, il va falloir un peu dégraisser le mammouth… »
Père G de Menthière
Magnificat – Août 2013
Pourquoi cette porte est-elle étroite ? Parce qu’elle est une porte, et pour entrer par une porte quelle qu’elle soit, il faut de l’attention, il faut s’adapter à la mesure de la porte ; et cette porte a ses mesures à elle ; elle laisse pénétrer les âmes, mais rien de plus ; elle force les fronts à s’incliner dans une profonde humilité, (St Bernard)
Pourquoi la voie est-elle étroite
Parce qu’elle est une voie. « Une voie large n’est pas une voie. La largeur est le fait d’une place plutôt que d’une voie. » (St Bernard)
Parce qu’elle conduit au but directement. « Elle est étroite parce que fatalement, tout ce qui est à côté de la voie, à droite comme à gauche, n’est qu’abîmes ; elle ressemble à un pont qui, de chaque côté, a les eaux du fleuve. » (St Basile)
Parce que tout dans le royaume de la justice est réglé par la loi. « La voie du Christ est étroite parce que ceux qui y marchent ne font pas ce qui leur plaît, mais ce qu’ils doivent. Leur volonté n’est pas la loi, et la loi n’est pas sous eux, mais ils sont eux-mêmes sous la loi. » (Opus imperfectuni)
Parce qu’on entre à la perdition par toutes sortes de voies. « Celui qui sort de la voie qui conduit au rovaume des cieux, se trouve dans une grande latitude d’erreurs. » (St Basile)
Cette voie, il n’est pas nécessaire de la chercher, elle se trouve d’elle-même, car c’est la voie elle-même dans laquelle nous naissons, et pour y marcher il suffit de se laisser aller. (St Jérôme)
Quand Saint Paul déclare la voie pleine d’aspérités, c’est pour nous amener à la vigilance. Et quand, en marchant, on est vraiment éveillé, que l’on sait regarder autour de soi, et que l’on découvre des horizons de plus en plus vastes, que l’air devient pur, on s’écrie avec le Psalmiste : Je marcherai au large, car je recherche tes ordonnances…. Je cours sur la voie de tes commendements, car tu élargis mon coeur. (Ps 118,45, 32)
« Si la porte est étroite,
si les voies sont difficiles, il y a aussi l’amour,
l’amour qui rend tout facile. »
(St Grégoire)
Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé! (Luc 12,49-53)
Le feu est vraiment allumé sur terre quand l’âme, embrasée par l’Esprit Saint, sent se consumer en elle tous ses désirs charnels ; quand enflammée de l’amour spirituel, elle pleure le mal qu’elle a fait. La terre brûle, quand dans le coeur du pécheur qui s’accuse pénètre le feu de la contrition. (St Grégoire)
Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde? Non je vous le dis mais plutôt la division… (Luc 1é,49-53)
Que dites-vous, ô Seigneur Jésus ? Ne venez-vous pas donner la paix, vous qui avez été fait notre paix, vous qui par votre croix avez purifié toutes choses, le ciel et la terre vous qui avez dit vous-même : Je vous laisse la paix ? Mais il est manifeste que la paix, si elle est douce, est aussi parfois dangereuse, et que la paix par laquelle on s’accorde avec ceux qui se séparent de Dieu sépare elle-même de Dieu. (St Cyrille)