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Et ils lui proposèrent trente deniers.
Joseph avait été vendu vingt pièces d’argent : il convenait que le Maître fut vendu plus cher que le serviteur. Mais cette somme de trente deniers était celle que, d’après la Loi. On devait donner pour compenser la perte d’un esclave que l’on avait tué involontairement. C’était la somme qui avait été annoncée par les Prophètes (Za 11,12) fallait qu’ils fussent bien aveuglés pour ne pas remarquer ces coïncidences. Ainsi Jésus, le Maître du monde, qui avait pris, pour nous racheter, la forme de l’esclave, était vendu au prix d’un esclave. (St Jérôme)
« Nous avons, de l’horreur pour la trahison de Judas, et cependant nous ne nous gardons pas assez de fautes semblables. Quand pour un avantage temporel, on trahit la vérité, on vend Dieu pour de l’argent, car Dieu est vérité. Quand on fait pénétrer la discorde dans l’assemblée de ses frères, on trahit Dieu, car Dieu est charité. (Bède le Vénérable)
On trahit souvent J.-C. dans la personne de ses serviteurs, il a été trahi une fois dans sa personne, il est souvent trahi dans la personne de ses serviteurs. » (St Ambroise)
Que d’hommes ont été trahis parce qu’ils étaient à Jésus-Christ et voulaient faire son oeuvre: c’était donc Jésus-Christ qui était trahi en eux. « Et dans ce cas, ceux qui sont trahis sont trop honorés d’avoir cette conformité avec J.-C, et ceux qui trahissent, même quand leur trahison est couronnée de succès, doivent être grandement humiliés de faire ce qu’a fait Judas. » (St Cyprien)
Seigneur où vas-tu?”
Il y avait dans cette parole, moins de curiosité que d’amour; et un sincère désir de suivre son Maître. L’amour est une grande puissance, plus active que la flamme qui va toujours en haut : il ne se laisse arrêter par aucun obstacle. » (St Jean Chrysostôme)
Seigneur, pourquoi ne puis-je te suivre maintenant?
« Jésus répond à la pensée secrète de son Apôtre : Tu ne peux maintenant me suivre là où je vais.
«Toutefois il ne lui enlève pas l’espérance ; il la remet seulement à plus tard. » Plus tard tu me suivras.
«Pierre croyait pouvoir mourir pour le Christ, et il ne sut pas vivre pour lui-même; car en reniant, par crainte, le Christ, il donna la mort à son âme : confesser le Christ c’est la vie ; et le renier, c’est la mort. » (St Augustin)
« Pierre voyait bien, ce qu’il y avait en lui de désirs, mais il ne voyait pas ce qu’il y avait aussi de faiblesse. Faible il exaltait sa volonté, mais le médecin connaissait son infirmité. »
Il avait conscience de sa volonté du moment et il ne savait pas que sa volonté, demain, pût être toute autre.
« Il y avait là une grande présomption de la part de Pierre. Son Maître était venu donner sa vie pour ses amis, et Pierre croyait qu’il pouvait en faire autant pour son Maître. Il croyait pouvoir donner sa vie avant que le Christ n’eût donné la sienne. Il veut précéder : il ne pourra pas même le suivre. Quand la passion et la mort du Fils de Dieu auront fortifié sa faiblesse, et que l’Esprit Saint aura affermi la pierre, alors il ne craindra plus. Il ne savait pas cela et c’est pourquoi il était plein de présomption ; mais celui qui savait tout voulait l’instruire. » (St Augustin)
Et toute la maison fut remplie par l’odeur du parfum.
Cette maison, qui est l’Eglise,
est remplie du parfum de Marie.
« Comme Jésus-Christ nous apparaît magnifique en ses récompenses. Pour ce parfum qui a répandu son odeur un moment, Jésus répand dans le monde entier le nom de cette femme et le souvenir de son acte. »
« Cette femme, cette pécheresse qui répand son parfum sur la tête de Jésus, est le type de l’Eglise rassemblée de toutes les nations, qui vient rendre hommage à la divinité de Jésus-Christ, hommage symbolisé par l’onction de la tête et qui ensuite avec grand respect se met à oindre les pieds du Christ, c’est-à-dire à assister les pauvres, ces membres humiliés du Sauveur. » (Théophylacte)
« Dans les saintes lettres, l’huile signifie les oeuvres de miséricorde, qui font rayonner la Parole de Dieu, et aussi la doctrine qui rend la foi plus lumineuse. » (Origène)
« C’est déjà un parfum précieux que les oeuvres accomplies à cause de Dieu, en faveur des hommes, comme l’aumône, la visite des malades, les art es d’humilité, de douceur, d’indulgence : accomplir ces oeuvres c’est répandre des parfums sur les pieds de Jésus…» (Origène)
« Le corps de Jésus-Christ, c’est l’Eglise. Dans l’intérêt de tous, dans l’intérêt des pauvres, il faut donner à ce corps toute sa beauté. Je contribuerai à faire resplendir cette beauté si je répands la Parole du Christ, si je fais comprendre le mystère de sa croix, si j’en montre la sagesse et la puissance.» (St Ambroise)
« Jésus-Christ a mis quelque chose au-dessus de la miséricorde, c’est la foi qui provoque la miséricorde et lui donne son mérite. Ce que Jésus aimait, ce n’était pas ce parfum matériel, c’était la charité, c’était la foi et l’humilité. » (St Ambroise)
« Si vous êtes avec Pierre, si vous faites partie du corps du Christ, vous possédez le Christ dans le présent et dans l’avenir. Vous le possédez dans le présent par la foi, par son signe, par le sacrement du baptême, par la nourriture et le breuvage de l’autel. Et vous le posséderez dans l’avenir, car en sortant d’ici, vous irez vers celui qui a dit au larron : Tu seras avec moi aujourd’hui au Paradis. » Et à celui qui sera toujours ainsi présent au milieu de nous, nous aurons la joie de pouvoir toujours offrir le parfum de Marie. » (St Augustin)
Hosanna, au fils de David!
Béni soit celui qui vient, lui notre Roi,
au nom du Seigneur.
Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux!
Cette parole hosanna est-elle une simple exclamation de joie comme le croit S. Augustin ? St Jérôme nous apprend qu’elle signifie en Hébreu : Ô Seigneur, je vous en prie, sauvez-moi, paroles que l’on retrouve dans le psaume 117 .
Paix et gloire dans les lieux les plus hauts! Ils voyaient le salut se répandant sur toute la terre et réconciliant le ciel avec la terre. Jésus leur apparaissait le Sauveur universel.
Et ces cris étaient poussés par ceux qui précédaient et par ceux qui suivaient.
« Ils représentaient ceux qui avaient précédé l’avènement du Christ et ceux qui devaient le suivre, dont les louanges décernées au Christ forment un concert harmonieux.» (St Jérôme)
« Il est encore maintenant porté par ses fidèles, porté par son Eglise qu’il régît et qu’il conduit à la vision de paix, à la céleste Jérusalem. Ses disciples étendent leurs vêtements par terre quand par amour pour lui ils se dépouillent de ce qu’ils possèdent… D’autres jettent sur son chemin des branches d’arbres, quand ils détachent les sentences des Pères, et pour préparer la voie qui doit conduire le Sauveur aux âmes, les jettent sur son chemin. » (St Grégoire)
Quel roi avait fait son entrée à Jérusalem
ainsi monté sur un âne?
(St Jean Chrysostôme)
L’entrée de Jésus à Jérusalem se fera dans l’humilité et la douceur qui ont toujours accompagné le Sauveur du monde. Jésus vient monté sur un âne, symbole de l’humilité, de la patience, du labeur.
« Dans son triomphe comme dans toute sa vie, il nous donne un enseignement pour la conduite de notre vie. Quand il a voulu naître, il n’a pas choisi une riche demeure, une mère d’une condition relevée: sa mère est la femme d’un artisan, et il naît dans une étable. Il ne choisit point pour ses disciples des rhéteurs, mais des hommes de basse condition, des pauvres, nous recommandant par-là l’humilité. » (St Jean Chrysostôme)
«N’oublions jamais
que le vrai pouvoir
est le service
et que le Pape aussi
pour exercer le pouvoir
doit entrer toujours plus dans ce service
qui a son sommet lumineux
sur la Croix. » ( Pape François)
Ce Pape venu du Sud a choisi de s’appeler François.
C’est son premier geste : il s’est mis sous la protection du Poverello.
Pour tous une surprise, pour lui, une mission :
Lui aussi entend le Christ lui dire :
« Reconstruis mon Eglise ! rebâtis ma maison ! »
Il commence alors par de petits gestes : il paie lui-même sa note d’hôtel ;
il a refusé la croix papale en or et préféré garder sa croix d’évêque.
Il a parlé clairement aux cardinaux les invitant à refuser toute vie mondaine.
C’était pour eux, pour lui et pour nous tous aussi cet appel
à être réellement disciple du Christ.
Il a déposé une couronne de fleurs à la Vierge
A Sainte Marie Majeure, parce qu’elle est la Mère..
Il a parlé directement en italien et tous l’ont applaudi et l’accueillent.
Pourquoi ?
parce qu’il parle avec son cœur,
parce qu’il aime les pauvres et la pauvreté
parce qu’il connait les bidonvilles des cités, lui le Pape venu du Sud.,
Il respecte aussi les rites au Vatican mais il veut leur redonner sens.
Ainsi, à la foule de la place Saint Pierre et à la Conciliacione,
et aux spectateurs de la télévision à l’Angelus de midi, il a parlé de l’Evangile,
et en terminant il a dit simplement : « Bon appétit ! »
Il se présente comme l’évêque de Rome et pourtant, il est représentant de la chrétienté ;
Sa mission est universelle..
Alors, nous l’accompagnons de nos prières et nous le reconnaissons comme successeur de Pierre, .. ce Pape venu du Sud..
Ecrit ce 18 Mars 2013 par Andrée Gaspard sfb .
« La règle générale de la distribution des grâces est que quand Dieu prépare quelqu’un à une fonction, il lui donne toutes les grâces nécessaires pour la remplir dignement.
Cela apparaît dans l’Ancien Testament, en Moïse. Josué, Abraham, Isaac. Jacob, David, Salomon et les Prophètes. Cela apparaît aussi dans le Nouveau Testament, dans la Vierge bénie, dans les Apôtres, les Evangélistes, les Docteurs et les fondateurs des Ordres religieux. »
«Cette loi se vérifie surtout en S. Joseph, le père putatif de Jésus.-Christ. l’époux de la reine de la terre et des Anges, choisi par le Père éternel pour être le fidèle nourricier de son Fils et le gardien de tous ses trésors, fonction qu’il remplit de façon à mériter plus que tout autre cette louange de Dieu : C’est bien, bon et fidèle serviteur. » (St Bernardin de Sienne)
“En disant époux de Marie, l’Evangéliste attribue à Joseph son grand et véritable nom: car s’il est l’époux de Marie, il est père du Seigneur… et non seulement l’Evangéliste a appelé Joseph, l’époux de Marie, mais, ce qui a la même valeur, l’ange le premier a appelé Marie, l’épouse de Joseph : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ton épouse.
Ô mariage vrai et saint! Car comment étaient-ils époux? parce qu’ils avaient un seul esprit, une seule foi. L’Esprit qui reposait en eux leur inspirait un saint amour conjugal; il avait confié l’épouse à la foi de cet homme [St Joseph], et quand il formait de la chair de la Vierge l’humanité du Christ, il infusait au père nourricier un amour total pour l’enfant qui naîtrait.”(Rupert de Deutz)
Jésus s’était baissé, et, du doigt, il traçait des traits sur le sol…
De quelque façon que l’on interprète ce geste, il a pour effet d’insécuriser les «scribes» en les renvoyant à leur nature terrienne : eux aussi sont tirés de la «glaise», avec les mêmes pulsions, les mêmes désirs.
C’est leur propre vérité que Jésus dessine sur le sol devenu miroir de leur âme. Mais ils se refusent à regarder ce miroir, à se laisser insécuriser, et continuent à questionner avec obstination.
Jésus se redresse, les regarde, les affronte et prononce la phrase qui les atteint tous au cœur: «que celui qui n’a jamais commis de faute jette sur elle la première pierre » (8,7).
D’une seule phrase brève, il donne une réponse créative à tout le discours des pharisiens ; une phrase empreinte de souveraineté, où parlent sa sagesse, sa douceur et sa miséricorde. L’ayant prononcée, il se baisse à nouveau et abandonne chacun à sa propre conscience ; il ne s’impose pas.
Et voilà qu’ils s’en vont, l’un après l’autre; les plus vieux sont aussi les plus sages, ils savent bien qu’au cours de leur longue vie, ils ne sont pas restés sans péché….
Il reste seul avec la pécheresse. Saint Augustin dit à ce propos : « deux sont restés : misera et misericordia » – la misérable et le cœur qui aime les misérables. Jésus « la tire de son embarras et de son insécurité en ne posant même pas la question de la faute ; il ne dit pas un mot de l’accusation, il renvoie seulement au comportement des accusateurs» . Il renonce à pousser la femme à l’aveu de sa faute ; au contraire, il la questionne à leur sujet : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » (8,10).
On croit sentir la pierre qu’il ôte du cœur de la femme, quand elle répond : « Personne, seigneur » (8,11). Jésus lui pardonne et l’encourage : «Eh bien moi non plus, je ne te condamne pas. Va, ne sois plus infidèle désormais » (8,11). Il ne l’excuse pas; il lui pardonne et lui fait confiance pour qu’elle mène une vie plus conforme à sa dignité, entrevue jusque dans son péché.
Vivre autrement, elle en est capable ; il ne la force pas à se repentir, à renoncer à l’estime de soi en l’accablant sous le poids de son péché ; au contraire, il lui donne la confiance et l’assurance pour l’avenir, la liberté en vue d’une vie nouvelle.
Père Anselme Grün -osb –